Bienvenue pour cette dix-septième rediffusion des traductions des Waypoint Chronicles. Ces histoires courtes régulièrement partagées sur le site officiel Halo Waypoint ont été traduites en texte et en livre audio sous-titré par le WikiHalo. Notre précédente histoire était Les Murmures de Pyre.
Du Sol aux étoiles se déroule avant Halo Infinite, alors que les Spartans de l’équipe bleue testent de nouvelles armures. Mais ils ne sont pas les seuls à recevoir du nouveau matériel, puisqu’un nouveau projet d’armures assistée est également déployé pour le bénéfice des ODST.
NOTE HISTORIQUE
Halo : Du sol aux étoiles se déroule du 19 au 21 septembre 2559, environ trois semaines avant le début de l’opération : WOLFE sur Reach.
DRE CATHERINE HALSEY, JOURNAL PERSONNEL
ENCODAGE : GAUVAIN
OBJET : MJOLNIR GEN3
Pour bientôt un demi-siècle, j’ai donné tout ce que je pouvais à mes Spartans. Mon esprit, mon corps et mon âme, et ceux de beaucoup d’autres ont été érodés dans l’objectif de sauver l’humanité d’elle-même, puis de l’Alliance Covenante… et maintenant d’une cascade sans fin de conséquences issues de longues séries d’actions.
Tu dois une nouvelle fois les mener dans les violentes ténèbres pour affronter l’insurmontable. Et vaincre.
Mais c’est ce que tu as toujours fait, n’est-ce pas John ?
Pour cela, j’ai un présent pour toi. Tu en auras besoin.
L’exocombinaison Mjolnir est terminée.
Même si cette technologie sauvera l’humanité de la guerre à venir, je dois me souvenir que les cristaux liquides ne tiennent pas debout d’eux-mêmes. L’alliage de titane est impuissant contre l’extinction. Une armure ne ressent pas l’espoir.
Elle ne prendra son sens que quand tu la revêtiras.
KC-59, CAMP DE BXR MINING CORPORATION
0600 HEURES // 19 SEPTEMBRE 2559
Cette journée commença comme toutes les autres.
Henrietta Varadi et une demi-douzaine de ses camarades mineurs sortirent de leurs couchettes dans les dortoirs souterrains.
Après qu’une douche rapide l’ait réveillée, Varadi se sécha, enfila son treillis estampillé BXR et se dirigea vers la cantine. Toujours le même petit déjeuner : deux saucisses un peu trop cuites, des haricots, des champignons, et une tranche de bacon, pas trop grillée. Varadi adressa à Jessica, la serveuse, un clin d’œil appuyé et un sourire qui lui était réservé, et une deuxième tranche de bacon fut ajoutée. Un rituel journalier qu’elles observaient depuis maintenant quelques semaines.
Après avoir englouti son petit déjeuner, Varadi retourna à ses quartiers pour lire le livre qu’elle stockait dans son étagère : une copie un peu usée de Rendez-vous aux ramens par le célèbre chef et gastronome Arturo Bustamante. Son quart ne commençait que dans quinze minutes, et elle arrivait à une anecdote particulièrement croustillante concernant les trois jours que Bustamante avait passés à Rio de Janeiro pour découvrir un restaurant tenu par un Sangheili. La découverte de la cuisine alien était intéressante, mais les repas et recettes étaient surtout un portail vers l’histoire personnelle de ces étranges réfugiés qui avaient reçu la Terre comme nouveau foyer.
L’alarme retentit malheureusement trop vite, la forçant à reposer le livre sans qu’elle ait pu atteindre son quota de page.
Varadi mit sa combinaison OSTEO et rejoignit son équipe devant l’imposante porte blindée circulaire qui séparait les quartiers d’habitation de la base du centre d’opération de la mine. Après avoir longuement vérifié les joints de pression, systèmes internes, filtres à oxygène et une panoplie d’autres mesures de sécurité, la porte s’ouvrit sur une vaste caverne.
KC-59, généralement surnommée « Casey » par les travailleurs à sa surface, était une planète désolée, mais contenant une ressource précieuse pour le Commandement spatial des Nations unies : d’immenses veines de titane.
Dès le premier jour, on avait inculqué aux mineurs que le titane était le socle qui soutenait les industries civiles comme militaires de la civilisation interstellaire humaine.
« Quand la cavalerie arrive avec des M808 MBT par-dessus une colline, c’est un véritable mur de titane qui apparaît, » avait aboyé le contremaître Brine pendant leur accueil au sein de BXR Mining Corporation. « Quand la coque d’un vaisseau vous protège de l’impitoyable vide spatial et du plasma surchauffé, ce n’est pas un dieu ou l’autre que vous remercierez, mais vous adressez votre lettre au bon blindage de Titane-A ! »
Varadi ne se serait jamais attendu à entendre une leçon d’histoire si théâtrale et tonitruante à propos de la place et de l’usage du titane dans la vie de tous les jours. Brine avait bien souligné l’importance de connaître et montrer le respect dû au numéro atomique vingt-deux.
Mais le titane que Varadi et ses camarades extrayaient sur Casey connaîtrait un usage différent. Au-dessus d’eux se trouvait la station Perihelion, un complexe de Materials Group où était développée la nouvelle génération d’armures Mjolnir pour les Spartans.
« Vous savez c’que ça veut dire ? » avait demandé le contremaître Brine à la fin de la présentation des partenaires de Materials Group sur l’opération de Casey. « C’est le putain de titane le plus important que vous extrairez de toute votre vie. »
Sur ce point, Varadi ne doutait pas du contremaître. Quand un Spartan arrivait sur le champ de bataille, ils représentaient la concrétisation d’un millier de vies dédiées à produire l’arme ultime. Les ingénieurs et scientifiques qui avaient créé l’armure et leurs augmentations, les mineurs qui avaient fourni les matériaux, les techniciens qui gardaient les systèmes de l’armure configurés pour des performances optimales…
Voilà pourquoi les Spartans représentaient l’espoir de toute l’humanité. Ils n’incarnaient pas un soldat individuel, mais tout le travail, voire les sacrifices réalisés pour les amener au combat.
C’était inspirant, mais semblait parfois aussi futile, puisque la résolution de l’humanité dans la bataille pour la survie pourrait bien un jour leur coûter quelque chose d’irremplaçable. Le doute se faisait sentir chaque fois que l’ombre d’une nouvelle menace faisait son apparition, mais Varadi savait quel était son rôle.
Son rêve l’attendait toujours à l’horizon, quand tout serait terminé : un futur brillant où elle espérait ouvrir son propre restaurant. Avec Jessica, peut-être, si elle voulait tout abandonner pour commencer une nouvelle vie. Rio n’était pas un mauvais cadre pour ça. Et si les planètes s’alignaient… Varadi pourrait peut-être même envoyer une invitation à Arturo Bustamante lui-même.
En attendant, elle devait creuser. Elle ne pouvait ignorer son devoir envers l’humanité, et il faudrait encore beaucoup de titane pour mettre fin à tous ces conflits.
UNSC AMICABLE DISAGREEMENT
1300 HEURES // 20 SEPTEMBRE 2559
« Et c’est quoi l’histoire avec ces armures Orques ? »
« C’est Orcus, soldat Smith, » corrigea sévèrement l’adjudant Babatunde, mettant fin à la tentative du soldat de déguiser sa nervosité par l’impertinence. « Et les huiles sont impatientes de voir ce que des tueurs nés comme nous sont capables de faire avec ces joujous, en commençant par vérifier comment ils se comportent sur un trajet dans un cercueil en titane. Alors attachez vos ceintures, soldats, » tonna Babatunde dans la baie de déploiement de la frégate. « Préparez-vous au largage ! »
Le neuvième peloton des Troupes de choc aéroportées orbitales lui répondit par un concert de hourras avant de passer les portiques grillagés menant à leurs modules de largage. Ils étaient tous engoncés dans des exosquelettes ORCUS semi-assistés.
Quelqu’un dans la chaîne de commandement n’avait apparemment pas apprécié l’idée que cette armure ne soit développée que pour servir d’amélioration de terrain pour les Spartans. Il se disait que le projet ORCUS autrefois interrompu avait été redémarré pour des tests spécialisés en conditions réelles pour un usage par les astrocommandos, qui commençaient ce jour-là.
« Première classe Núñez, » appela l’adjudant depuis son module. « Nous feriez-vous l’honneur de nous décrire comment nous allons être déployés ? »
« Les pieds devant, mon adjudant ! » répondit Núñez.
« Vous avez le vertige, soldat Smith ? »
« Non, mon adjudant ! J’adore les hauteurs, mon adjudant ! »
« Vous avez combien de largages dans les pattes, soldat ? »
« C’est-c’est mon premier, monsieur. » Le courage de Smith était mis à rude épreuve, et les autres ODST en rirent avec sympathie.
« Gardez votre p’tit dèj’, repas et dîner dans l’estomac, soldat. Ces nouvelles armures et ces cercueils de luxe n’ont pas besoin d’une couche de peinture improvisée, c’est compris ? »
« Compris, mon adjudant. »
Les portes des modules se refermèrent, emprisonnant les soldats à l’intérieur. Le sol de la baie de déploiement de la frégate s’ouvrit, dévoilant la planète en contrebas : KC-59.
« Parés au largage, » annonça dans leurs radios la voix d’un officier du pont de l’Amicable Disagreement. « Confirmez. »
« Confirmé, » annonça l’adjudant Babatunde, qui venait d’apparaître sur un des écrans dans le module de Núñez. « Ascenseur prioritaire vers l’enfer, c’est parti ! »
Núñez calma sa respiration, se souvenant des exercices de calme et de concentration qu’on lui avait appris.
Sans l’attendre, trois lumières vertes dans le module finirent leur décompte, et son souffle lui fut brusquement volé lorsque la gravité prit impitoyablement contrôle de la capsule de largage.
La surface continentale de KC-59 remplissait le hublot vertical du module et Núñez se focalisa sur les informations concernant la planète.
Période orbitale : sept années terriennes et demie… Rayon : 6519 kilomètres… Durée d’une journée : trente-et-une heures terriennes… Gravité en surface : 1,1 G…
La surface était couverte de hautes montagnes nues, mais les cratères de minage étaient ce qui attirait le regard : des puits circulaires concentriques entourés d’avant-postes et de groupes de machines qui devenaient rapidement de plus en plus nets. Une installation centrale était connectée par un immense câble à Perihelion, la station orbitale de la planète, tandis que d’autres structures étaient surmontées de canons de masse capables de propulser leurs charges en orbite de façon plus spectaculaire.
« Smith, corrigez votre vecteur d’approche, vous vous éloignez du groupe ! » ordonna l’adjudant Babatunde sur leur radio.
Núñez vit Smith effectuer un ajustement subtil avec le manche directionnel de son module, le ramenant sur sa trajectoire. Bien qu’il soit un bleu, il avait su garder l’esprit clair et ne pas surcorriger son mouvement vers le groupe, ce qui aurait pu causer une collision avec un autre module.
« Allez tout le monde, sortez les parachutes. »
Cinq parachutes apparurent brièvement dans les hublots de Núñez avant de disparaître, son propre module continuant sa descente infernale vers le sol.
Ses commandes restaient sans réponse.
Ayant compris la situation, la peur monta dans sa gorge.
« Mon adjudant, mon parachute ne répond pas. Vos instructions ? »
« Restez calme, Núñez, » répondit Babatunde d’un ton rassurant. « Activez vos rétroréacteurs pour commencer à ralentir. Ça nous donnera un peu plus de temps pour régler le problème. »
Núñez pressa un bouton sur son repose-bras et sentit immédiatement l’emprise de la gravité sur son module se réduire, lui apportant un réconfort momentané.
Garder son esprit concentré et sa respiration calme était difficile. Ces derniers jours à bord de la station Perihelion, Spartane-058 leur avait inculqué l’art de la « non-pensée » ainsi que plusieurs exercices de méditation de combat des Sangheilis. Núñez était encore loin de maîtriser ces techniques, mais pouvait suivre leur logique : « Les pensées et les émotions sont tels les arbres qui emplissent une forêt profonde, celui qui s’y engouffre s’y perd. » Ces techniques n’impliquaient pas de ne plus réfléchir, mais de s’interdire de contempler toutes les possibilités afin d’unifier le corps et l’esprit et atteindre la clarté aussi naturellement qu’on respire.
En d’autres termes, pour sa situation : essayer d’élucider la raison pour laquelle le module ne fonctionnait pas correctement et qui en était responsable étaient des distractions inutiles.
Il fallait se concentrer sur le moment. Trouver une solution. Et vivre.
« Ensuite, mon adjudant ? »
« Lancez un redémarrage d’urgence. Il faudra quelques secondes pour que tous les systèmes se coupent et se relancent. Laissez le processus se faire. »
Après la rotation d’un bouton et une confirmation, tous les systèmes du module se coupèrent. Les écrans s’éteignirent et l’image de l’adjudant disparut, abandonnant Núñez dans les ombres.
Se concentrer sur le son de chaque respiration.
Les plus longues secondes de la vie de Núñez s’écoulèrent, deux, trois, quatre’, le module continuait de tomber. Le sol se rapprochait à une vitesse folle…
Soudainement, les écrans reprirent vie et Núñez enfonça immédiatement le bouton du parachute.
Les compensateurs inertiels n’étaient pas encore actifs, mais la soudaine et violente décélération induite par le déploiement du parachute était malgré tout réconfortante. Núñez aurait voulu crier de joie, mais ses poumons et son cerveau étaient paralysés par l’adrénaline qui saturait tout son corps. Núñez se contenta donc de passer son icône de statut au vert avant de se concentrer sur la phase d’atterrissage.
« Soldats, merci d’avoir choisi Brutasse Airlines pour ce vol, » annonça Babatunde pour réduire la tension de l’escouade. « Veuillez garder vos bras et vos jambes à l’intérieur du module jusqu’à l’atterrissage. Et je vous jure que ça a réellement posé problème par le passé. »
Babatunde les guida dans les dernières étapes de la descente jusqu’à ce que les six modules aient touché la terre ferme.
Núñez eut la sensation que tous ses os avaient été violemment retirés pour réintégrés à son corps. Mais quand la porte fut éjectée, il lui fut naturel d’empoigner son MA40 et de sauter immédiatement hors du harnais de son module, avec l’aide de l’armure semi-assistée. La pénombre à l’intérieur du véhicule fut soudain remplacée par de vastes plaines rocailleuses, un ciel bleu clair et des nuages blancs cotonneux.
« Aucun encastrage, » commenta Babatunde.
Ils avaient réussi. Tout le monde était vivant.
L’escouade se regroupa et l’adjudant Babatunde inspecta l’armure de tous les ODST pour confirmer que leurs systèmes fonctionnaient correctement et n’avaient subi aucun dégât durant l’atterrissage. En rejoignant Núñez, il s’exclama : « Une des leçons les plus importantes qu’un soldat doit apprendre est que la technologie peut le lâcher, mais que vous ne devez jamais lâcher. » Il donna à Núñez une claque dans le dos. « Vous avez gardé votre calme, suivi les instructions et avez atterri à une distance acceptable du reste de l’escouade. Excellent travail, soldat. »
Núñez remercia sa visière polarisée d’avoir caché le grand sourire provoqué par les félicitations de son adjudant.
« Allez, on a trois bornes de randonnée jusqu’au point d’extraction avant de retourner au vaisseau. » Les soldats se mirent en file pour la marche. Babatunde ajouta, un sourire dans la voix : « Et après, on refait la même ! »
Une série de grognements lui répondirent, mais Núñez hocha simplement la tête. Ils atteignirent le haut d’une colline et Núñez contempla les reflets du soleil sur les bords des sommets lointains.
« Les pieds devant ! »
STATION PERIHELION
1600 HEURES // 21 SEPTEMBRE 2559
L’adjudant-chef Marcus Stacker se reposait quand il le pouvait.
L’ascenseur qui l’amenait vers le pont des jeux de guerre de la station Perihelion intégrant un hublot convexe surplombant l’immense opération minière conduite par BXR Mining Corporation sur et sous la surface de KC-59.
Un cratère colossal, d’environ soixante kilomètres de diamètre, était creusé dans la surface de la planète, où d’immenses veines de titane étaient en cours d’exploitation pour être amenées vers la station. Grâce aux histoires que lui avait racontées son oncle il y a des années, Stacker avait un profond respect pour le personnel assigné à ce genre de tâches. Ce n’était pas parce qu’elles n’impliquaient pas de combattre (en tout cas, pas normalement) que ceux qui s’y attelaient ne devaient pas avoir des nerfs d’acier pour affronter la maintenance de stations en gravité zéro, les profondeurs extrêmes, les matériaux exotiques et les milliers d’autres dangers dont il ignorait l’existence. Leur tâche pouvait sembler secondaire, mais était essentielle à la protection de l’humanité.
Pour sa part, et celle des ODST du neuvième peloton, ils menaient des exercices pour tester leurs limites, ainsi que celles de leurs armures et de leurs adversaires pendant trois jours intenses.
Ces limites étaient facilement démontrées en s’entraînant avec et contre des soldats légendaires, les Spartans de la Blue Team, menée par le Major en personne.
Les sept dernières années de la carrière militaire de Stacker avaient, par pure chance, été inexplicablement connectées au plus grand héros de l’humanité. C’était pour cette raison que le capitaine Thomas Lasky l’avait choisi pour mener le neuvième peloton durant ces exercices.
« Vous avez une expérience unique, adjudant-chef, » lui avait dit le capitaine à bord de l’Infinity quelques jours plus tôt, avant d’ajouter avec amusement, « Vos mémoires seront absolument passionnantes. »
« Personne n’y croira, » avait répondu Stacker. « “À ce moment, le Major apparut de nulle part, grimpa dans un char, et nous aida à botter les fesses des Covenants sur un kilomètre de désert avant de détruire le puits de gravité de Requiem pour qu’on puisse rentrer au bercail.” Merde, même moi je me demande parfois si c’est vraiment arrivé. »
La nature quasi miraculeuse de ces rencontres rendait parfois l’adjudant-chef inconfortable. C’était un homme qui aimait les choses tangibles : la tactique, l’entraînement, et leur exécution clinique et routinière. Pour Stacker, le véritable miracle était la possibilité d’unir un groupe de soldats grâce à la fierté et à la préparation.
Les Spartans et les ODST s’entraînaient les uns contre les autres, quatre contre tout un peloton, en utilisant des munitions à blocage d’armure dans différents scénarios. Tous comme les Spartans testaient leurs nouvelles armures Mjolnir GEN3 sur le terrain, les exosquelettes ORCUS étaient également testés par des largages réguliers depuis la frégate Amicable Disagreement vers KC-59. Il était impossible de recréer entièrement les circonstances d’un largage de combat, mais l’absence de morts et les résultats positifs de ces tests étaient une véritable réussite pour Stacker.
L’ascenseur s’arrêta au sommet de la station Perihelion, et comme si elle lui donnait un salut exemplaire, les portes s’ouvrirent pour révéler un pont de combat à plusieurs niveaux concentriques.
L’étage supérieur du pont de combat contenait plusieurs centres de divertissement ainsi que gymnases et rings d’entraînement. En dessous se situaient l’armurerie et plusieurs mécanismes Brokkr multiaxiaux, les machines utilisées par les Spartans pour équiper et retirer leurs armures. Le pont inférieur, ou « plat de résistance », était le pont des jeux de guerre, en forme de plateforme Munera qui pouvait être séparée du ventre de la station si désiré.
Ces derniers jours, Stacker avait assisté les techniciens de simulation de l’Initiative cartographique de l’UNSC pour concevoir des défis uniques. Le simulateur avait été configuré pour présenter plusieurs arènes dans une grande variété de lieux. Environnement urbains sur Terre, enregistrements d’anciennes structures forerunners, absolument tout ce qu’ils avaient pu se procurer dans le système. Nouvelles règles, nouvelles menaces, nouveaux dangers environnementaux, Stacker avait soumis les Spartans et les ODST à tous ces défis pour tester leur capacité d’adaptation.
Les murs concaves du pont étaient équipés de plusieurs écrans synchronisés aux caméras de casque des Spartans et des ODST. En approchant, Stacker vit qu’un exercice était en cours.
Un tireur ODST visait Linda-058, mais Fred-104 sprintait vers la position de Linda, arme rangée, et se propulsa presque deux mètres dans les airs en utilisant contre le sol le répulseur attaché à son avant-bras. Quand l’ODST fit feu avec deux munitions à blocage d’armure contre Linda, Fred jeta un mur portatif avec son autre main, créant un bouclier énergétique qui absorba le premier tir. Le deuxième toucha le projecteur énergétique, détruisant le mur.
Linda ne flancha pas ni même ne montra d’hésitation. L’échange lui avait permis de repérer la position du tireur embusqué. Linda ajusta sa visée, tira et élimina le tireur embusqué à une telle vitesse qu’aux yeux de Stacker, tout se passa au même moment.
Sur un ring d’entraînement non loin, Kelly-087 donna un ordre : « Encore. » Avec la caporale Julie Chang, elle faisait démonstration à quinze autres ODST de techniques de corps-à-corps utilisables contre les Unggoys et les Kig-Yars.
Stacker avait pu voir Kelly en actions ces derniers jours, sprintant sur le champ de bataille simulé avec son module de propulsion modifié pour inclure quelques secondes de camouflage actif. Elle avait surchargé le module pour qu’il se recharge plus vite, ce qui réduisant la durée du camouflage à seulement une demi-seconde, ce qui restait suffisant pour donner l’illusion qu’elle pouvait se téléporter n’importe où.
Enfin, quelques salles plus loin, Stacker aperçut le Major lui-même.
Il était curieux de voir ce Spartan révéré par beaucoup comme l’ultime champion de l’humanité en train d’aider un groupe d’ODST dans un gymnase. Le Major s’assurait que tous les poids et équipements étaient sécurisés après chaque rotation. Ce n’était pas si surprenant étant donné la difficile histoire entre les Spartans et les ODST, datant d’un incident à bord de l’UNSC Atlas où quatre membres de la 105e avaient finis grièvement blessés ou morts après une regrettable altercation.
L’incident était vieux de trente ans, mais le manuel des astrocommandos ne faisait aucune mention du pardon. La vieille garde dédaignait ceux des leurs qui s’étaient portés volontaires pour le programme SPARTAN-IV, et même certains soldats à bord de Perihelion n’étaient pas enchantés à l’idée de servir de punching-balls pour les Spartans.
Malgré tout, cette scène dans le gymnase dévoilait un autre point de vue. Les ODST applaudissaient la caporale Malika Aswad, qui venait apparemment de battre un record. Le Major la congratula également d’une tape sur l’épaule.
La réalité restait que la présence des Spartans servait de catalyseur pour encourager les ODST à dépasser leurs limites. Cette camaraderie était exactement ce que Stacker avait prévu, mais il savait aussi que la confiance en soi devait être tempérée d’un retour à la réalité. Pendant ces quelques jours, ils avaient affûté leurs corps et leurs esprits dans un environnement contrôlé, mais le champ de bataille testerait uniquement leur capacité à revenir vivant de leur mission.
Cette épreuve arriverait bientôt.
« Votre attention, s’il vous plaît, » annonça Stacker sur les haut-parleurs de la station. « Il est temps de se préparer à partir. L’Infinity arrivera à 1800 heures, et nous reprendrons notre programme habituel. »
Tous savaient ce qu’était le « programme habituel ». Fuir les forces ennemies, rendre visite à des installations abandonnées pour trouver des ressources, choisir soigneusement quelles batailles engager… et compter les camarades qui ne revenaient jamais à bon port.
L’opération : WOLFE aurait lieu dans quelques semaines, et le retour sur les plaines vitrifiées de Reach serait un défi autant physique que psychique pour chacun d’entre eux. Personne ne semblait avoir le moindre détail sur la mission elle-même, mais ils auraient tous un rôle à jouer et devaient donc être prêts à tout.
Et après ça… Stacker se rappela qu’il avait accumulé beaucoup de jours de permission. Peut-être qu’il était temps de les utiliser et de commencer à travailler sur ces mémoires…
« Quelle blague, » rumina-t-il en observant les Spartans et les ODST préparer leur équipement ensemble, véritables frères et sœurs d’armes. Il savait que, comme eux, il se battrait jusqu’au bout.
Stacker commença ses propres préparations et se surprit à fredonner une vieille ballade de mineur que son oncle adorait.
Enfoui dans le coeur d’une ancienne lune, il rêvait toujours de combats
Par la vie de ses frères il trouvait la gloire, les ténèbres étaient leur bataille
Tout son sang et sa vie il aura donné, tous ont oublié son trépas
Jamais ne devint ce qu’il était déjà, une étoile dans la grisaille.
La prochaine Waypoint Chronicle de cette rediffusion sera La Bataille de l’Académie – Partie 2.
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