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Halo Waypoint Chronicles – L’accord Anvil

Bienvenue pour cette douzième rediffusion des traductions des Waypoint Chronicles. Ces histoires courtes régulièrement partagées sur le site officiel Halo Waypoint ont été traduites en texte et en livre audio sous-titré par le WikiHalo. Notre précédente histoire était La Troisième vie.

L’accord Anvil nous raconte la vie dans une galaxie nouvelle, où d’anciens ennemis deviennent des alliés. À bord d’une station secrète, humains et Élites partagent leurs technologies et s’entraînent ensemble pour faire front face aux nouvelles menaces de la galaxie.


NOTE HISTORIQUE

Halo : L’Accord Anvil prend principalement place le 3 mars 2560, le jour du septième anniversaire de la déclaration formelle de la guerre Humain contre Covenant.


COMMUNIQUÉ PRIVÉ
2 JUILLET 2553
CLASSÉ TOP-SECRET

>> 07960-48392-TH // FADM HOOD, TERRENCE
<< ARBITER ‘VADAM, THEL

RE: INITIATIVE ANVIL

Arbiter,

Toutes mes excuses pour le moyen de communication utilisé pour ce message. Je ne voulais pas suggérer d’organiser une rencontre pour discuter de ce sujet. Les procédures diplomatiques nécessaires causeraient fatalement des concessions bureaucratiques que je souhaite repousser le plus possible.

Il y a peu de temps, je vous ai dit que je ne pouvais pardonner votre espèce pour les atrocités commises contre la mienne. Je suis toujours hésitant, mais notre récent déploiement de l’Infinity sur Sanghelios m’a démontré que la situation n’était pas aussi simple que je ne l’imaginais.

L’intervention de l’Infinity dans la neutralisation des troupes hostiles aux portes de votre domaine a certainement complexifié votre situation. Ces temps exceptionnels nous amènent tous les deux à prendre des mesures exceptionnelles. J’y vois une opportunité de poser les fondations d’un espoir futur.

Au vu de notre dernière conversation, il est clair que nous avons tous deux entre nos mains de jeunes générations pour lesquelles la guerre ne sera qu’un lointain souvenir. Aussi difficile cela puisse-t-il être à imaginer, un jour viendra où nos peuples déposeront le fardeau des préjudices causés par les vingt-huit dernières années… J’ai espoir qu’ils désireront quelque chose de plus grand. Face aux éléments qui cherchent à s’assurer que notre alliance ne survivrait pas plus loin que les présentes circonstances, j’ai espoir que les enfants de nos enfants se considéreront comme des alliés.

Ainsi, même si cela pourrait paraître prématuré, nous devons agir dès aujourd’hui.

Durant la guerre, la station Anvil a servi d’avant-poste de réparation et ravitaillement, mais n’est plus utilisée depuis des années. La décision du futur de cette station m’a récemment été confiée, ce qui m’amène à ma proposition.

Je souhaite utiliser cette station pour accueillir une force opérationnelle interespèces. Officiellement, le projet CREUSET fera usage de la station pour tester des prototypes cherchant à faire progresser l’intégration de nos technologies, avec la participation des meilleurs artisans-armuriers, techniciens experts et guerriers possédant un profil adéquat. À long terme, le projet permettra d’encourager la coopération et la poursuite d’une cause commune.

Si vous acceptez cette proposition, nous pourrons commencer les préparations et sélectionner le personnel.

En l’attente de notre prochaine rencontre,

Terrence Hood,
Amiral de flotte


3 MARS 2560 // 0900 HEURES
STATION ANVIL // BAIE D’ARMURERIE G-11

Le docteur Luther Mann et l’officière spécialiste en chef Dariya Voronkov étudiaient l’armure assemblée devant eux. Voronkov approcha sa chaise et enfila une paire de lunettes à la monture imposante pour inspecter les détails.

L’armure assistée ASSAILER avait été trouvée durant une opération des Services de renseignement navals quelque temps auparavant. Elle partageait des points communs avec plusieurs modèles de harnais de combat sangheilis. Le personnel et les ressources de la station Anvil avaient été jugés adaptés pour étudier, analyser et tester les fonctions et capacités uniques de ce nouveau mystère.

Les composants d’ASSAILER avaient été distribués à quelques Spartans afin qu’ils mènent leurs propres tests de charge. Mann avait déjà croisé une demi-douzaine d’entre eux parmi les ponts simulateurs de jeux de guerre.

« Salutations, » sonna une voix derrière eux. Lorsqu’ils se retournèrent, ils virent un Sangheili s’approcher. Il s’arrêta à quelques pas et posa un poing sur sa poitrine.

« Vous devez être Khar ‘Tvorn, notre nouvel artisan-armurier. » Mann s’adressait à lui dans un Sangheili entraîné. « Ravi de vous rencontrer. »

Khar ‘Tvorn portait le harnais spécialisé utilisé par les artisans sangheilis. Le blindage incurvé intégrait un assortiment d’outils et de capteurs. Le Sangheili répondit au docteur Mann d’un hochement de tête poli. S’il avait été surpris d’entendre un humain parler sa langue sans l’aide d’un traducteur, il ne le laissa pas paraître. Se joignant à eux, le Sangheili commença à conduire sa propre inspection visuelle de l’armure.

« Récupérée pendant une opération sur Sqala, » expliqua Mann. « Les Renseignements cherchaient des prototypes égarés et leurs opérateurs ont découvert qu’ils avaient été réemployés par des janissaires vénéziens et des contractants indépendants. »

« Que savons-nous de ces groupes ? » demanda ‘Tvorn.

« Malheureusement, pas grand-chose pour le moment, » répondit Voronkov. « De nouveaux problèmes, donc. La galaxie ne semble jamais en tarir. »

« Inutile de s’en inquiéter aujourd’hui, » répondit Mann. « Après tout, c’est un jour de célébration, n’est-ce pas ? »

‘Tvorn inclina la tête. Mann avait appris qu’il s’agissait d’une expression de questionnement chez les Sangheilis.

« Nous célébrons les sept ans depuis la fin de la guerre contre les Covenants, » clarifia-t-il. « Vous ne le saviez pas ? »

C’est ce jour qu’avait formellement pris fin la guerre qui avait duré presque trois décennies, causant la mort de milliards de personnes et la destruction d’innombrables colonies, y compris le monde natal de Mann.

Au final, c’est une alliance improbable entre humains et Sangheilis loyaux à l’Arbiter, aujourd’hui appelés les Lames de Sanghelios, qui avait causé la perte de l’Alliance Covenante et brisé son empire en autant de factions disparates.

« Je n’ai pas été témoin de la Guerre d’annihilation, » expliqua ‘Tvorn. « Les miens eurent la bonne fortune d’échapper aux griffes des Covenants durant l’âge de leur fondation. Nous n’avons que récemment rétabli le contact, et ainsi découvert que l’Alliance qu’avaient fui nos ancêtres s’était déjà écroulée. »

« C’est fascinant ! » s’exclama Mann, son excitation palpable. « Vous dites que votre clan a développé sa propre société et culture pendant des milliers d’années ? »

Le docteur Luther Mann avait servi comme attaché scientifique durant plusieurs missions conjointes entre l’UNSC et les Lames de Sanghelios, s’arrogeant la qualité d’expert en xénoanthropologie. Cependant, l’expertise d’un tel domaine valait peu de choses face à la longue et complexe histoire d’une civilisation alien qui parcourait les étoiles alors que l’humanité était encore en pleine période de l’antiquité.

« Je suis certain que c’est la raison pour laquelle l’Arbiter a décrété que nombre d’entre nous souhaitant le servir seraient envoyés au domaine Anvil. Il souhaite certainement que nous maintenions nos distances avec la situation politique de la galaxie. »

« Pourquoi pensez-vous cela ? » Mann avait à présent le dos tourné à l’armure, son attention ayant été accaparée par un domaine d’étude complètement différent.

« Je vous suggère de vider votre calendrier pour les deux prochains cycles lunaires, artisan-armurier, » prévint Voronkov d’un ton narquois. « Vous allez subir un véritable bombardement de questions. »

« Mon peuple échappa à l’Alliance Covenante alors qu’elle n’était composée que des Sangheilis et des San’Shyuums, » continua ‘Tvorn en réponse à la curiosité de Mann. « Nous n’avons jamais rencontré les autres espèces que l’Alliance intégra de force dans sa hiérarchie dans les âges qui suivirent. »

Mann comprenait la valeur du peuple de ‘Tvorn. Leur histoire signifiait qu’ils ne partageaient pas les préjudices qui avaient été inculqués à toutes les espèces au sein de l’Alliance Covenante. L’Arbiter souhaitait préserver leur perspective, et Mann en admirait d’autant plus le chef sangheili, bien que cette innocence fut condamnée à disparaître avec le temps.

Il n’était pas non plus naïf quant aux jugements que nourrissait l’humanité. Pendant des millénaires, les humains avaient contemplé les étoiles en se demandant s’ils étaient seuls dans l’univers… et la réponse était arrivée sous la forme d’une guerre qui avait presque détruit toute leur civilisation. Les circonstances avaient rendu bien amère la révélation que la place de l’humanité dans la galaxie était plus infime qu’elle ne l’avait jamais imaginé.

« Il y a des gens qui vous détesteront juste parce que vous êtes un Sangheili. » Voronkov dit à voix haute ce que Mann avait pensé, bien qu’il n’aurait jamais pu haïr des milliards d’individus simplement à cause de leur espèce. « Tout le monde n’est pas un idéaliste comme le docteur Mann. » Elle s’arrêta un instant, se disant qu’elle peut-être n’aurait pas dû donner voix au sujet, avant de décider que c’était une chose qu’il était bon de parfois rappeler à son associé. Tout le monde ne voyait pas le 3 mars comme un jour de célébration. La réaction du docteur Mann à la perte de son monde natal était loin d’être aussi universelle qu’il se laissait parfois prendre à le penser.

« Partagez-vous ce sentiment à cause de votre blessure ? » demanda ‘Tvorn en désignant le sujet de sa question.

« Oh, non, ce n’est pas les Covenants qui m’ont pris ma jambe. » Voronkov s’enfonça dans son siège et secoua la tête alors que les souvenirs lui revenaient. « Je l’ai perdue dans un bombardement pendant une bataille contre d’autres humains il y a vingt ans de ça. »

« Les avez-vous haïs ? »

« Tout à fait, pendant longtemps. Des années, même, » relata Voronkov. « On les appelait les Insus. On se disait qu’ils étaient tous les mêmes. C’est difficile de se séparer de sa haine… »

Ses derniers souvenirs de cette bataille défilaient devant ses yeux aussi clairement que si elle la revivait.

Les forces rebelles avaient pris le contrôle d’un chantier naval majeur sur Hellas durant une opération éclair, profitant du fait que pour toute résistance s’y trouvaient quelques douzaines d’ingénieurs de combat de l’UNSC Army.

Toute chance de victoire avait disparu quand l’ennemi s’était emparé de vaisseaux AC-220 et de quelques Hornets, faisant pleuvoir des missiles sur les soldats regroupés autour des tourelles de leur base avancée.

On n’était même pas censés être postés là…

« J’ai fini par faire ma paix avec ça, » susurra Voronkov en s’extirpant de ses souvenirs. Malgré tout, ces mots laissèrent un goût amer dans sa bouche. « Je me suis reconstruit une vie du mieux que j’ai pu. Les humains ont toujours été condamnés à se détester, et maintenant ils ont appris à aussi détester les aliens. La douleur qu’on cause aux autres est indélébile, elle devient une part de nous, même si c’est une part détestable. »

Voronkov fixa son regard sur Mann, dont le visage était tordu dans une expression donnant l’impression qu’il essayait de résoudre une équation. « Donc, certains haïssent parce qu’ils ne peuvent pas oublier la passer, certains haïssent par ignorance, ou parce qu’on leur a appris à le faire, et d’autres haïssent juste parce qu’ils le peuvent… Comment faire pour que la galaxie aille de l’avant ? »

Avec la fin de la guerre et de la menace de son annihilation, l’humanité avait reçu une chance de reprendre son souffle, mais leur combat n’était pas terminé. Il avait seulement pris une nouvelle forme. Les forces en présence étaient plus nombreuses et leurs motivations plus complexes. La haine n’était plus la seule motivation de toutes ces factions, mais restait un facteur central.

Le docteur Mann savait que le sang continuerait de couler pendant des années. Mais l’espoir était permis. Ces épreuves avaient rapproché ceux prêts à forger ensemble un meilleur avenir.

Il était fier d’avoir choisi un poste sur la station Anvil au lieu de retourner sur l’Arche. Il avait un temps considéré l’idée d’honorer son compatriote disparu, le docteur Henry Lamb, en se retirant de la galaxie pour rejoindre les équipes de recherche sur la fonderie extragalactique des Forerunners. Mais il avait des responsabilités à présent, et des gens à protéger. Il avait réalisé qu’il pourrait honorer Henry en vivant dans la galaxie qu’il avait aidé à sauver.

« Notre tâche actuelle est donc certainement d’importance. » ‘Tvorn tourna de nouveau son attention vers l’armure expérimentale. « Cette armure, lequel de ces groupes a bien pu la construire ? Qui haïssent-ils, et pourquoi ? »


3 MARS 2560 // 1300 HEURES
DOMAINE ANVIL // HANGARS

Voler était la passion d’Yshi ‘Nbara.

Toute jeune, elle s’était passionnée pour les histoires des chevaliers du ciel d’antan, ces pilotes et pionniers de légende qui perçaient les cieux de Sanghelios sur le dos de leurs ‘sKelln, de grands prédateurs aux ailes membraneuses.

‘Nbara s’approcha de son chasseur de motif Elsedda, une variante du Banshee doté d’une cabine pressurisée utilisée comme puissant intercepteur pour le combat spatial. Elle ressentait l’influence biomimétique des créatures majestueuses qui avait inspiré la forme du véhicule comme une connexion avec le passé lointain de son peuple.

Nbara se demanda ce que ressentaient les autres pilotes de la brigade Harmony lorsqu’ils entraient dans leurs chasseurs. Elle n’avait rejoint son escadron que quelques semaines auparavant et apprenait encore à les connaître, autant au niveau individuel qu’en termes de dynamique de groupe, mais la brigade était entièrement composée de volontaires partageant un même idéal. C’était une fondation solide pour la camaraderie.

« Besoin d’un marchepied pour monter dans ton Banshee, l’ancien ? » La Spartane Natalie Kenzo lança une pique joviale sur leur canal de transmission interne. ‘Nbara avait déjà entendu la Spartane et l’officier-pilote Syed Khan appeler « ancien » le chef de brigade Vran ‘Mkoth à plusieurs reprises, bien qu’il ne soit plus vieux que de quelques cycles annuels. Elle n’appréhendait pas encore entièrement la conception humaine de l’humour.

« La seule ayant besoin d’aide pour tenir sur ses jambes était vous après notre dernier entraînement en duel, Spartane Kenzo, » répondit ‘Mkoth.

« Parfois, je crains que vous soyez tellement concentrés sur vos blagues que vous vous écraserez l’un contre l’autre avant même d’être sortis du hangar, »déclara l’officier-pilote Khan en se glissant dans le cockpit de son Banshee.

« Alors ce serait à toi et ‘Nbara de sauver la galaxie, » concéda Kenzo. « Vous y arriveriez, mais avec clairement moins de classe. »

Khan ricana. « En étant clairement moins distraits, en tout cas. »

Le cockpit du Banshee s’ouvrit et ‘Nbara se glissa à l’intérieur, s’installant confortablement dans l’intérieur ergonomique du chasseur. La vision holographique de l’appareil se synchronisa avec l’affichage tête-haute de son casque avant de s’interfacer avec ‘Mkoth, Kenzo et Khan. Elle plaça ses mains sur les sphères de contrôle, activant son moteur à impulsion et remplissant le cockpit de son vrombissement.

« Vérifiez transmissions, » ordonna d’un ton concentré Vran ‘Mkoth sur le canal TEAMCOM alors que l’équipe réalisait ses préparatifs de vol. ‘Nbara remarqua qu’il avait récemment commencé formuler ses ordres avec la forme raccourcie prisée des humains.

« Harmony Deux, connectée, » répondit la Spartane Kenzo.

« Harmony Trois, paré, » confirma l’officer-pilote Khan.

« Harmony Quatre, prête à voler, » conclut la ranger ‘Nbara.

L’excitation de l’envol se fit sentir dans ses cœurs alors que Contrôle Anvil validait leur départ après la fin de leurs préparatifs. Elle devait se répéter à elle-même qu’il ne s’agissait que d’une patrouille de routine, un exercice insignifiant, presque administratif, mais c’est en vol qu’elle se sentait la plus vivante. Elle faisait un avec les mouvements de son chasseur, et bientôt elle ne ferait qu’un avec les mouvements de son escadron.

‘Mkoth fit clignoter un indicateur vert sur leurs ATH synchronisés et les Banshees bondirent en avant, la complainte de leurs propulseurs rapidement étouffée alors qu’ils traversaient les boucliers du hangar et pénétraient dans les vastes étendues sombres et étoilées.


3 MARS 2560 // 2100 HEURES
STATION ANVIL // ÉCONOMAT NUMÉRO 3

« OK, et celle-là : combien de doigts possède un Sangheili ? »

« Douze. Huit sur nos mains et quatre sur notre visage. »

« Rah, mais merde, c’est Jacobs qui te la racontée aussi ? » Le Spartan Adrian Vesca poussa une troisième pinte d’hiskal vers les autres verres vides au bout de leur table. Son visage était une peinture de déception.

« Vous surestimez clairement votre maîtrise de l’humour, » répondit le guerrier Sangheili assis en face du Spartan. « Vos traits d’esprit sont aussi piètres que vos compétences au tir. »

« Et pourtant j’ai toujours le meilleur score aux exercices à la carabine. »

Ovi ‘Taar répondit avec un grognement amusé au Spartan dont la mine était toujours aussi déconfite. « Ah, mes remerciements, j’en avais oublié de faire ces exercices pour ce cycle. »

« Ouais, ouais, » grogna Vesco en se massant le visage de ses paumes. « Te trompe juste pas de doigt pour presser la détente. »

« En votre honneur, je les essaierai tous. »

Le fond musical se fit plus bruyant lorsque la musique changea pour un hymne électrique aux basses puissantes. L’économat numéro 3, situé sur le pont de la station Anvil dédié à la détente, était appelé Balles perdues. C’était un refuge favori des soldats s’entraînant par paires sur le chemin du retour de leurs exercices d’endurance collaborative. Chaque équipe était principalement composée d’un Spartan et d’un Sangheili, mais certaines intégraient un humain non-augmenté pour élargir l’expérience et diversifier les données récoltées.

Chaque jour, des guerriers triés sur le volet issus des rangs de l’UNSC et des Lames de Sangheilios participaient à divers entraînements, simulations et circuits tactiques multimodaux conçus spécialement pour améliorer les résultats de la coopération interespèces. Malgré la rigueur des entraînements et des examens stratégique, il faisait peu de doutes qu’une soirée aux Balles perdues après une journée intense avait un effet plus bénéfique sur la diplomatie interculturelle qu’une semaine d’exercices en conditions réelles. Vesco et ‘Taar étaient devenus clients réguliers, et ils ne se lassaient jamais d’échanger des plaisanteries.

Vesco fit signe à un serveur de venir les resservir avant de se tourner de nouveau vers ‘Taar. « OK, tronche de cake. À ton tour. »

Le guerrier Élite réfléchit un moment. « Combien d’humains faut-il pour piloter un vaisseau ? »

Vesco termina la blague éculée : « Personne ne sait, c’est l’IA qui fait toujours tout. » « Elle est trop vieille, celle-là. Je suis sûr que tu as mieux. »

« Très bien, » répondit ‘Taar. « Connaissez-vous celle à propos de la planète vitrifiée ? »

« Non. »

« Les habitants non plus. »

« Wow… OK, elle est bonne. »

« Je la tiens de Jacobs. »


3 MARS 2560 // 2300 HEURES
DOMAINE ANVIL // ÉTUDE DU MAÎTRE DE STATION

« Vous êtes bien sombre, » fit remarquer le commandant Spartan Vinay Sahil.

Il travaillait avec le maître de station Toda ‘Murajai depuis plus de cinq ans et pouvait lire les expressions du Sangheili aussi bien que celles d’un humain. Son inquiétude était visible dans l’hésitation de ses mouvements normalement calmes et stoïques.

« La séparation entre inquiétude et prudence est fine, » répondit ‘Murajai. Il se tenait au centre de son étude, consultant un empilement d’hologrammes projetés depuis une table circulaire, présentant les détails d’affectations et déploiements, des analyses de planifications stratégiques et des notes de conférence écrites à la hâte.

Deux heures plus tôt, ils avaient reçu un signal de détresse ayant requis un changement de plan, et toute la station était en train de préparer une réponse. Dans une journée, ils fourbiraient leurs armes pour répondre à cet appel.

Sahil posa son casque sur l’holotable et ‘Murajai illustra sa déclaration en activant la retransmission des communications de la station.

« Les calculs de trajectoires subspatiales sont prêts ? »

« Négatif, on en est encore à l’inventaire de ce qu’on pourra envoyer à Nysa. »

« Je me lamenterais presque qu’ils n’aient pas installé d’IA sur cette station. Elle aurait probablement terminé ces calculs avant qu’on ait terminé de poser la question… »

« Si le Domaine Anvil possédait une telle intelligence, vous ne seriez plus là pour lui poser des questions. »

« Je sais, je sais. »

« On vient de recevoir un ordre spécial de charger trois Condors entièrement ravitaillés à bord du Sword of Conjunction, plus les brigades Amity, Harmony et Sympathy. Notre cavalerie vient de gagner un sacré bonus ! »

« Si je retrouve celui qui a négocié ça, je lui paye un an de hiskal ! Je relance les calculs de trajectoire pour Nysa avec les spécifications du motif A’uzr, je transmets la mise à jour bientôt. »

La cacophonie d’ordres s’étendait sur une douzaine de canaux différents, ne s’arrêtant pas une seule seconde.

« C’est pour ce genre de chose qu’on les a entraînés, » rassura Sahil. « Écoutez-les. Ils sont prêts. »

Des années avaient été investies dans l’établissement et le renforcement des liens entre le personnel humain et alien sur Anvil. La moindre décision devait démontrer la force de la collaboration et de l’impact du travail d’équipe pour en faire une machine bien huilée.

‘Murajai se tourna vers un écran montrant la liste des unités choisies pour un déploiement à longue distance. Il s’arrêta sur les noms des paires d’opérateurs spéciaux Riftborn : Babych et ‘Toizari, Prentis et ‘Ookol, Vesco et ‘Taar… Sahil savait que le maître de station partageait le désir de n’importe quel meneur d’hommes : il aurait voulu mener un entraînement de plus, une vérification des systèmes de plus, profiter de la moindre opportunité de faire la différence dans la bataille à venir.

Mais il était également du devoir d’un meneur de s’adapter quand les circonstances jouaient contre lui, d’oublier les « si » et laisser leurs guerriers faire usage de leur entraînement.

« Nous les avons préparés du mieux que nous avons pu, » déclara ‘Murajai, un encouragement destiné autant à Sahil qu’à lui-même. « Je souhaiterais seulement que nous ayons plus d’informations actionnables sur le théâtre où nous allons les déployer. »

« Qu’importe ce que la galaxie dressera contre eux, ils feront front commun. Vous pouvez avoir foi en eux. »

L’échiquier du pouvoir galactique avait été violemment perturbé ces dernières années, signant la fin des conflits aux démarcations claires. D’antiques créations forerunners avaient été réactivées dans toute la galaxie, les intelligences artificielles s’étaient rebellées, et à présent les Parias et une myriade d’autres factions remplissaient le vide laissé par la disparition du court règne de Cortana.

« La foi, » grimaça ‘Murajai. Ce mot avait pour lui un goût de bile. « J’ai connu la foi lorsqu’elle cachait une infinité de promesses vides et de transcendances sans but, l’arme de ceux qui ont manipulé les miens pendant bien trop longtemps. »

« La foi, » continua Sahil avec conviction, « nous la plaçons dans nos frères et sœurs d’armes, dans leur entraînement et dans leur sens du devoir. Et dans tout ce que nous avons bâti et accompli ici. »

‘Murajai avait oublié que les humains avaient une autre perception de ce mot. Leur espèce l’avait apprise en se dressant contre la puissance inarrêtable de l’Alliance Covenante : la capacité de se saisir de l’espoir le plus minuscule et le plus distant, même face à l’annihilation totale. On pouvait dire que l’accord entre leurs espèces était la véritable forme de ce qu’aurait dû être l’Alliance Covenante, une alliance basée non sur la coercition et la conquête, mais sur la coopération.

Les humains ne se battaient pas pour des notions abstraites d’ascension divine, mais pour les leurs. Sur le champ de bataille, ces liens pouvaient être la différence entre victoire et défaite.

‘Murajai fit claquer ses mandibules avant d’éteindre l’holotable, acceptant finalement les conseils de Sahil.

« Récupérez vos forces, maître de station, » déclara Sahil avec un ton mélangeant bienveillance et fermeté. « C’est un ordre. »

‘Murajai répondit d’un air amusé, « Commandant Spartan, il ne me semble pas que vous ayez l’autorité de me donner des ordres. »

« C’est la vertu d’une organisation horizontale, » répondit Sahil en souriant. Il se tourna vers quatre tablettes en pierre exposées sur le mur à leur gauche, chacune gravée d’une scène de la saga du clan de ‘Murajai. « Vous ne m’avez toujours pas expliqué l’histoire qu’elles racontent. »

« Quand cette mission sera terminée, alors peut-être. » ‘Murajai contempla l’espace vide laissé à côté de la quatrième tablette alors que Sahil reprenait son casque avant de quitter l’étude. « Peut-être forgerons-nous ensemble le prochain chapitre… »


La prochaine Waypoint Chronicle de cette rediffusion sera Sonate vénézienne.

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