Bienvenue pour cette seizième rediffusion des traductions des Waypoint Chronicles. Ces histoires courtes régulièrement partagées sur le site officiel Halo Waypoint ont été traduites en texte et en livre audio sous-titré par le WikiHalo. Notre précédente histoire était La Bataille de l’Académie – Partie 1.
Les Murmures de Pyre nous replonge dans l’esprit de 007 Exuberant Pyre, le monitor du Halo Zêta que nous avons déjà croisé dans Halo Infinite, à travers les fragments récoltés par les Parias dans les sites de fouilles rencontrés dans le jeu.
NOTE HISTORIQUE
Halo : Les Murmures de Pyre se déroule en mai 2560, directement après que le Major ait tué le Chef de guerre Escharum sur le Halo Zêta.
« Tel est notre lourd fardeau, n’est-ce pas ? De veiller à la préservation de la galaxie, même si pour cela, nous devons la détruire.
Des armes de la dernière chance, construites par mes créateurs il y a des millénaires pour affamer le grand dévoreur. Cet anneau est un des sept. Conçu pour préserver la vie, et pour la détruire.
Un des sept.
Mais cet anneau… est différent.
Il a été reforgé à partir des restes d’une précédente tentative, et possède des capacités uniques parmi ses semblables. Cet anneau… recèle bien des secrets, et certains valent même qu’on meure pour eux.
Beaucoup considèreraient que ma position est difficile. De veiller sur l’une des plus grandes merveilles, et un des plus grands dangers, de la galaxie. Je dois admettre que je me sens souvent isolé de mes semblables.
Les Monitors des autres installations semblaient tous posséder des perspectives et des expériences similaires, ce qui fait de moins une exception, autant par ma nature que mes origines.
Une sentinelle différente pour un anneau très différent.
La place de 07 au sein des Halos est incontestable, mais sa composition originale et son histoire permettent des applications plus… directes. Des applications invoquées pour soutenir le Manteau… ou le trahir. »

La voix de Despondent Pyre, le discret Monitor de l’Installation 07, disparut.
Le maître des études Ciar ‘Yaham referma son terminal de données semicirculaire et fit claquer ses mandibules de satisfaction, scrutant l’artéfact en forme de grand cercle de pierre devant lui. Des volutes d’énergie bleue indiquaient généralement qu’ils contenaient des données fragmentées mais accessibles, des voix du passé fantomatiques s’échappant de leur embaumement numérique pour offrir un morceau de témoignage. Mais la curiosité arcane devant lui était maintenant inactive et silencieuse.
« Il semblerait que quelqu’un ait récemment accédé aux données de cet artéfact, mais il contenait encore des données que nous avons pu extraire. » Le maître des études ‘Yaham se tourna vers Dahk’rah, une Écorcheuse Kig-Yar appartenant à l’unité des Serres de l’esprit, avec qui il devait maintenant coopérer afin de révéler les nombreux secrets du Halo Zêta.
« Encore du Monitor, » remarqua Dahk’rah en passant sa main dans ses plumes rouges. « Mentionne curieux passé de Oth Koronn. Reforgé, capacités uniques et applications… Si on trouve, grand prestige pour nous ! »
‘Yaham acquiesça. L’Installation 07, appelée « Oth Koronn » par les Parias et « Halo Zêta » par les Forerunners, possédait une histoire fascinante dont ils n’avaient vu que la surface. Trouver cette histoire n’était que le début, interroger et interpréter les données était la prochaine étape.
Le maître des études sangheili s’était pris à développer un intérêt pour Dahk’rah. Comme la plupart des Kig-Yars, elle était principalement motivée par le profit, mais il avait remarqué que pour Dahk’rah, ce concept s’appliquait à la connaissance plutôt qu’aux trésors. Sous l’Alliance Covenante, les San’Shyuums étaient les gardiens du savoir, mais chez les Parias, c’était une méthode parmi tant d’autres de prouver son utilité pour la cause.
Le mystère des totems de pierre circulaires avait été découvert dès le premier cycle lunaire d’occupation sur Oth Koronn, et ‘Yaham et Dahk’rah étaient chacun déterminé à percer en premier les secrets de ces étranges artéfacts. L’officier militaire Zeretus s’était facilement laissé convaincre d’établir un avant-poste de recherche dans la région.
‘Yaham contempla le vaste paysage de l’anneau. Il se trouvait près du sommet d’une montagne alpine récemment coupée en deux par les dégâts causés à l’anneau par la Tyranne, et lui et Dahk’rah avaient donc une bonne vue sur les alentours.
Au nord se trouvait un océan d’étoiles. Quand le maître des études scrutait cet abysse pour tenter de trouver la démarcation entre le noir de l’espace et l’azur du ciel, il était pris de vertige. Au bout de ces colonnes suspendues se trouvait l’Auditorium silencieux, où avait eu lieu l’immolation de la Tyranne, encore en cours de reformation.
Vers le nord-est se trouvait la tour-relai qu’il avait visité quelques cycles journaliers plus tôt, et où son travail avec Dahk’rah lui avait permis de traduire des bribes de données issues de Despondent Pyre. De là, les routes sinueuses se dirigeaient vers une masse de piliers hexagonaux à l’est, les blocs de construction des paysages artificiels de l’installation, au-delà de laquelle se trouvait l’avant-poste qui était actuellement son foyer.
« Pas de réponse de Crête de l’annexe, » croassa Dahk’rah, qui tentait de contacter l’avant-poste sur sa connexion native pendant que le maître des études se perdait en contemplation.
« Voilà qui est troublant, » répondit ‘Yaham. Le secteur tout entier semblait plus vite qu’il n’aurait dû l’être. De nombreuses caisses de matériel étaient répandues autour de l’artéfact annulaire, mais pourtant aucune force alliée ne semblait être présente.
« Plus rien à faire ici. Faut retourner à Crête de l’annexe pour voir progrès sur artéfact là-bas. »
Leur travail accompli sur la montagne, le maître des études et l’Écorcheuse commencèrent leur descente. Plus au nord, la forme titanesque d’une spire de reformation trônait au-dessus une des îles fracturées, où se trouvaient les ruines de trois plateformes antiaériennes Gorespike. Ni lui ni l’Écorcheuse n’avaient été informées de la raison de leur destruction, mais il semblait que les survivants de l’UNSC se lançaient dans des attaques de plus en plus audacieuses.
‘Yaham refoula une pointe d’inquiétude. Après tout, le ciel directement au-dessus d’eux était contrôlé par plusieurs cuirassés, dont le Ghost of Malkadyr. Tant que le Chef de guerre Escharum était à leur tête, les Parias étaient les maîtres de cette région d’Oth Koronn.
Ayant suivi le chemin de terre jusqu’au pied de la montagne, ils furent accueillis par un groupe d’une demi-douzaine de guerriers jiralhanaes et d’un skiff de guerre à moitié chargé.
« Frères, » appela ‘Yaham, soulagé de voir des alliés. « Salutations à tous. Je suis le maître des études Ciar ‘Yaham de la Crête de l’annexe, et voici ma consœur Dahk’rah des Serres de l’esprit. »
« Salutations, maître des études, » répondit un Jiralhanae en s’avançant. « Je suis Evocus. Avez-vous reçu l’ordre de rejoindre notre déploiement, vous aussi ? »
« Non… Nous n’avons pas reçu d’ordre, » bredouilla le Sangheili en réaction à cette nouvelle information. « Mes excuses, Dahk’rah et moi étions hors de portée de communication pendant plusieurs cycles journaliers. Quelles sont les nouvelles ? »
Le Jiralhanae était visiblement inconfortable. « Vous ne savez pas ? »
‘Yaham et Dahk’rah échangèrent un regard stupéfait.
« Le Temple du jugement est tombé. Le Chef de guerre Escharum est mort, le Démon l’a tué. »
Les mandibules du maître des études s’affaissèrent, son esprit paralysé par l’énormité et les implications de ce qu’il venait d’apprendre.
On disait qu’Atriox avait péri pour éliminer la Tyranne, l’intelligence artificielle humaine qui avait tenté de dominer la galaxie et détruit Doisac comme exemple des conséquences de la défiance d’Atriox. C’est Escharum qui avait pris sa place pour perpétuer la volonté du Maître de guerre.
Leurs deux meneurs. Morts.
Il y aurait des conséquences pour les Parias. Il n’en doutait pas.
« La perte du chef de guerre nous a tous affectés, » dit ‘Yaham en mettant sa main sur l’épaule d’Evocus. « Il était notre daskalo à tous. »
« On dit qu’il est mort en guerrier, » dit Evocus d’un ton résolu. « Pour un Jiralhanae, c’est tout ce qui compte. »
« Nos peuples ont beaucoup en commun, » remarqua ‘Yaham en inclinant la tête. « Nous allons retourner à la Crête de l’annexe. Les secrets que nous avons excavés de l’anneau seront vitaux pour continuer à contrôler cette installation. »
« Prenez garde, maître des études. Les forces de l’UNSC ont repris de nombreux avant-postes dans les environs, et le Portail de la rupture n’est plus sous notre contrôle. Je n’ai pas de nouvelles de la Crête de l’annexe, mais nos ennemis voudront certainement s’emparer de vos connaissances. Ne soyez pas surpris si le Démon a réduit l’endroit en cendres. »
« Suivez-vous, » ordonna Dahk’rah. « Faut défendre Crête de l’annexe. »
« Nous avons des ordres d’Horatius en personne. Nous devons rallier l’Auditorium silencieux au plus vite. » L’avertisseur caractéristique d’un Phantom se fit entendre par-dessus les collines. « Nous ne pouvons pas venir avec vous, mais nous pouvons vous permettre de rallier la Crête de l’annexe au plus vite. »
Evocus désigna le skiff de guerre, dont ils n’avaient plus besoin.
« Gloire et trésors sur votre clan, » répondit Dahk’rah en frappant de son poing son torse armuré.
« Soyons réunis par la victoire, » conclut ‘Yaham, mais le regard d’Evocus trahissait que leurs saluts étaient des platitudes. Il était probable qu’une fois à leur destination, ils ne reverraient plus jamais ces Jiralhnaes, en tout cas pas dans cette vie.
‘Yaham prit le siège conducteur du skiff de guerre et Dahk’rah prit le contrôle du canon à plasma avant. Les suspensions du véhicule le soulevèrent au-dessus du sol et le skiff s’élança en suivant le chemin de terre.
Ni lui ni son compagnon ne jetèrent un regard en arrière vers les Jiralhanaes qui embarquaient dans leur Phantom.
« Très étrange, » déclara Dahk’rah pour briser leur silence contemplatif. « Sangheili et Jiralhanae s’entendre. »
Elle avait raison. Sous l’Alliance Covenante, les Jiralhanaes étaient vite devenus rivaux des Sangheilis. Nombre d’entre eux, dont Atriox lui-même, avaient été utilisés comme chair à canon sur les lignes de front contre les garnisons défensives de l’humanité, souvent sous les ordres de commandants sangheilis. Éperonnés par la nouvelle dévotion qui les avait sortis des cendres d’une guerre civile sans fin sur leur monde natal de Doisac, les Jiralhanaes se jetaient vers la mort pour atteindre la transcendance divine qui leur était promise en récompense de leur service pour le Grand Voyage.
Le maître des études souhaitait mieux comprendre ces étranges alliés, et avait longuement étudié les rapports des cuirassés Parias, qui étaient devenus plus que des engins de guerre, mais aussi des recueils de culture et d’histoire. Il avait beaucoup appris. Les jeunes générations avaient embrassé la foi de l’Alliance pour échapper aux conflits claniques et au contrôle des chefs de meute dans leurs batailles pour le contrôle de territoires déjà rendus infertiles par les guerres passées.
En apprenant l’existence de cette histoire qui s’était si vite répétée, le maître des études avait compris l’origine de cette animosité contre les Sangheilis.
Mais certains anciens, comme Escharum, voyaient les promesses des Prophètes avec scepticisme, posant les fondations de ce que les Parias représentaient à présent. La rébellion d’Atriox contre l’Alliance Covenante fut l’étincelle qui mena à la consolidation d’une fragile coalition de brigands et mercenaires en une véritable confédération. Les Parias inspiraient la loyauté en ceux qui souhaitaient briser leurs chaînes, et Atriox n’avait gardé ni animosité ni préjudice contre ceux qui rejoignaient sa cause, bien que cette absolution n’était pas toujours partagée dans les rangs des Parias.
« Certes, » acquiesça ‘Yaham, réalisant qu’il laissait ses pensées divaguer. « Mais nos peuples ont beaucoup en commun. Les Parias auront au moins permis de le comprendre, maintenant que notre ère de servitude sous l’Alliance est dernière nous. »
Arrivant à une bifurcation marquée par un pylône de communication, le maître des études dirigea le skiff de guerre sur le chemin de droite. Les pylônes servaient à relayer des messages ineptes d’un Unggoy appelé Glibnub, et ‘Yaham était soulagé de voir qu’il avait été saboté par les humains.
Le matériau de fondations forerunners formait un talus plus loin, et au sommet se trouvait une basée avancée de l’UNSC.
Evocus les avait prévenus sur l’UNSC pouvait occuper les environs, mais le skiff de guerre passa devant une base déserte. La logique était claire pour le maître des études, car la base était une piètre position pour lancer un assaut. Si les humains venaient à attaquer, ils le feraient depuis une base plus en hauteur, près de la Crête de l’annexe, si tant est qu’il puisse venir à bout des puissants Mgalekgolos des Vers de la horde de Svir.
Tournant à présent à gauche, ‘Yaham continua sur quelques centrales avant d’arrêter le véhicule sur un talus de colonnes forerunner. En quittant le skiff, ils trouvèrent les portes de la Crête de l’annexe ouvertes et ses structures inférieures vacantes.
Tous deux empruntèrent immédiatement l’ascenseur vers l’étage supérieur et y montèrent. La plateforme bougeait trop lentement pour ‘Yaham, mais il profita de ces instants pour aiguiser son esprit.
En arrivant au sommet, ils restèrent bouche bée devant la dévastation qui les attendait.
Les corps de Parias de toutes espèces étaient éparpillés sur tout l’étage, des flaques de sang avaient pourri en taches noires dans la boue. L’élément le plus macabre était que certains corps étaient comme partiellement enfouis dans le sol, comme si les systèmes environnementaux du Halo commençaient déjà à les recouvrir de son sol, comme si l’anneau cherchait à faire des corps une partie de lui-même.
À l’autre bout de l’avant-poste, un transporteur de siège en ruines soutenait deux artéfacts en pierre annelés, près d’un silo de carburant perforé dont le contenu brûlait encore.
« Si Evocus a dit vrai, » souffla ‘Yaham alors qu’il se dirigeait vers le transporteur avec l’Écorcheuse, « un seul Spartan est responsable de tout ça… »
« Un suffit. » conclut Dahk’rah d’un ton las.
« Alors il semble qu’Evocus avait raison et que nous devons faire vite, » conclut ‘Yaham, résolu. « Ils pourraient tourner de nouveau leur attention sur cet endroit n’importe quand, ils sont autant intéressés par ses secrets que nous le sommes. »
Portant enfin leur regard vers les étages inférieurs de l’avant-poste, ils furent soulagés de voir qu’un des fragments de pierre circulaires qu’ils avaient excavés semblait toujours intact et toujours maintenu par des câbles d’ancrage.
Mieux encore, il apparaissait toujours actif.
Sur sa circonférence, une lumière bleu pâle semblait vibrer et produire un doux chuintement, des paquets de données prêts à s’échapper et confluer pour former… quelque chose.
« La présence du Démon a peut-être activé l’artéfact, » spécula ‘Yaham. « Ces totems sont connus pour répondre à leur présence de manière particulière. »
« On siphonne données tout de suite, » pressa Dahk’rah. « Temps pas à perdre. »
Tous deux sautèrent dans le puits d’excavation et s’avancèrent vers la machinerie connectée au totem annulaire. Deux pinces le maintenaient debout, posé sur un sol de grilles métalliques et connecté par des fils et des câbles à une console informatique affichant un holographe de l’artéfact.
Les Parias étaient devenus adeptes dans l’exploitation de technologies aliens exotiques, ponctionnant leur énergie pour alimenter leurs propres engins. L’artéfact était cependant un autre sujet. Ces paquets de données étaient bien ésotériques, et pourtant omniprésents dans les structures et machines d’Oth Koronn.
« Je transfère toute l’énergie restant dans l’avant-poste vers le soutien de l’artéfact, » annonça ‘Yaham en entrant une série de commandes dans la console, désactivant toutes les machines alentours, dont les lumières, lanceurs cinétiques et machines internes de la base.
La Crête de l’annexe fut plongée dans la pénombre, et le maître des études et l’Écorcheuse ne pouvait plus qu’attendre la fin du transfert d’énergie.
La nuit tomba lorsque l’étoile locale passa sous l’horizon fracturé d’Oth Koronn. Le voile azur du ciel se retira et l’abysse étoilé apparut sur une toile noire, illuminée par la lueur dorée qui soulignait les bords du paysage fragmenté de l’installation.
Les paquets de données commencèrent à « déborder » du totem annulaire et former une brume sur le sol.
La forme du Monitor de l’installation, Despondent Pyre, commença à se former au centre de l’anneau de pierre. Puis elle parla.

« Cet anneau est certes une arme, mais c’est aussi un refuge. De nombreuses espèces en ont fait leur foyer. Des formes de vie charmantes qui auraient sans cela disparu de la galaxie et des esprits après la mise à feu des Halos. De nombreuses vies ont contemplé ces horizons dans des temps autrement plus difficiles qu’aujourd’hui.
Ces anciens totems sont des toiles adaptées pour enregistrer cette histoire bien sombre. Les Tudesja les ont construits il y a longtemps par révérence, ou alors par remords, envers cette structure insondable sur laquelle ils habitaient.
Mais l’histoire de leur peuple n’est qu’un écho parmi tant d’autres.
Ces reliques et les délicats souvenirs qu’elles contiennent sont les dernières traces de leur espèce. »
Le maître des études étendit un long doigt de sa main zygodactyle pour presser un bouton sur la console. L’hologramme du Monitor s’interrompit, seule chose pétrifiée au milieu des courants de particules éparses.
« Il semblerait que cet endroit était le foyer d’autres espèces. Je ne connais pas les créatures dont il parle. » ‘Yaham parlait d’une voix basse et emplie d’émerveillement, ses mandibules bougeaient erratiquement en prononçant le nom Tudejsa. « Je ne peux m’empêcher de m’interroger sur leur destin. »
« Mort longtemps… ou enterrés longtemps, » commenta Dahk’rah. « Beaucoup portes encore fermées. Cachent encore secrets. »
« Et aucun moyen de savoir si ces portes cachent des trésors ou des malédictions, » répondit le maître des études. La remarque de la Kig-Yar l’emplissait à la fois de crainte et de détermination face au danger de l’inconnu. Il soupira, réactiva l’artéfact, et Despondent Pyre continua de parler.
« Un phare dans la nuit. Une tombe oubliée. Un cercueil étouffé. Un palais de douleur. Cet anneau est un monument aux nombreux péchés de mes créateurs.
Comme tous les empires, de grands efforts ont été faits pour obscurcir la vérité. Enregistrements partitionnés, témoignages fragmentés, victoires accentuées.
Les Forerunners craignaient par-dessus tout non leurs descendants ou la peste, mais de perdre leur pouvoir. C’était intolérable. »
Le message s’interrompit et ‘Yaham se tourna vers son compagnon.
« Que voyez-vous ? » demanda le Sangheili. Il savait que l’Écorcheuse n’aurait pas interrompu le flot de connaissances sans une bonne raison.
« Beaucoup de poids, beaucoup de valeur, ces mots. Mais pas le temps, » intima Dahk’rah en pointant quelque chose du doigt au loin. « Ou plus de chance de collecter. »
Il fallait un moment au maître des études pour voir ce qu’elle désignait. Un vieil adage disait que la vision de n’importe quel Sangheili pâlissait face à un Kig-Yar, même aveugle.
‘Yaham grimpa hors du puits et sortit un vyspar de son armure, un appareil monoculaire qui lui permettrait de voir ce qui avait attiré l’attention de Dahk’rah. Les forces de l’UNSC s’étaient regroupées dans une base avancée sur un promontoire près de la Crête de l’annexe. Il pouvait voir une dizaine de soldats escortant un Warthog avec passagers et artilleur, et ils semblaient se diriger vers eux.
Le maître des études dirigea son vyspar vers les plaines devant eux, cherchant un signe de Myriade et de ses troupes, mais ne trouva rien. Le Démon semblait avoir bel et bien annihilé à lui seul les défenses et infrastructures des Parias, un avertissement pour le successeur du Chef de guerre Escharum que toute victoire avait un prix : le risque que la complaisance et la paresse s’installent dans les rangs.
« Notre temps imparti semble bien révolu, » déclara ‘Yaham avec amertume. Leur curiosité devrait rester inassouvie, alors qu’ils étaient si près d’apprendre de grandes choses. « Je vais extraire autant de données que possible avant leur arrivée. Trouvons un nouveau refuge et analysons ce que nous avons appris. »
La Kig-Yar se mit immédiatement au travail, découplant les filtres de données et harnais de transcription pendant que le maître des études sécurisait ce qu’il pouvait de l’artéfact.
Lorsque la paire quitta la Crête de l’annexe, le maître des études s’attarda sur le sens de ces anciens mots. Les mentions de graves péchés, de peurs, de succession et d’impuissance… enregistrées dans des tombes sans nom et silencieuses, un aveu de transgressions passées sans confession de leur nature.
La notion de vérité semblait changer chaque instant, mais il appréciait chaque vision du passé périlleux de la galaxie. En sondant les puits sans fond de l’histoire, quelle sagesse trouveraient-ils pour assurer leur propre futur ?
« À quoi sert la culpabilité ? Qui passera un jugement sur nous ? Un péché est-il comparable à un autre ? La perversion de la vérité est-elle plus grave qu’un mensonge par omission ?
Mes crimes sont-ils plus grands que ceux de Mendicant Bias, ou du Maître Bâtisseur ? Que ceux du Didacte lui-même ?
Y a-t-il une différence entre un ordre donné et un ordre suivi ?
Mon fardeau est impossible à comprendre.
La douleur. L’histoire. Le poids de cet anneau. La gravité de ses actes.
Un silence imposé. Devrais-je m’imposer la même chose en expiation ?
Suis-je un gardien ? Ou un veilleur ? »
La prochaine Waypoint Chronicle de cette rediffusion sera Du sol aux étoiles.
Retrouvez les autres histoires des Waypoint Chronicles :
- Vertical Umbrage
- Winter Contention
- Une Aube sur Sanghelios
- Saturne dévorant un de ses fils
- La Bataille pour la lune de sang
- L’Épreuve du jugement
- Hippocratica
- Fireside
- La Troisième vie
- L’Accord Anvil
- La Machine se brise
- Sonate vénézienne
- L’Âge de la rétribution
- Du Sol aux étoiles
- Tulpamancie
- La Bataille de l’Académie – Partie 1
Poster en tant qu'invité
Un patch vient d'être déployé pour résoudre le soucis de connexion aux commentaires. Si vous venez de vous connecter, une actualisation de la page peut être nécessaire. Si le problème persiste n'hésitez pas à nous le signaler.
Poster en tant qu'invité