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Halo Waypoint Chronicles – Sonate vénézienne

Bienvenue pour cette treizième rediffusion des traductions des Waypoint Chronicles. Ces histoires courtes régulièrement partagées sur le site officiel Halo Waypoint ont été traduites en texte et en livre audio sous-titré par le WikiHalo. Notre précédente histoire était L’accord Anvil.

Sonate vénézienne nous permet de retrouver la capitaine Dare de Halo 3 : ODST, mais également de découvrir avec sa mission d’infiltration un nouveau pan bien sombre de l’univers Halo : l’émergence des super-soldats illégaux appelés Janissaires. Soyez sûr d’avoir lu la précédente histoire courte Hippocratica afin de bien comprendre cette histoire.

 


NOTE HISTORIQUE

Halo : Sonate vénézienne se déroule le 22 septembre 2559, environ deux mois et demi avant l’assaut de l’UNSC Infinity sur le Halo Zêta.


<\\ UNSC SERVICE DES RENSEIGNEMENTS DE LA NAVY
<\\ TRANSMISSION CLASSIFÉE [ONI.SEC.PRTCL-1A]
>> AUTEUR : [GRIPPE-SOUS]
<< DESTINATAIRE : [73998-38490-VD]
<\ AFFICHAGE TRANSCRIPTION ~

>> J’ai une piste que vous pourriez vouloir suivre.

<< J’écoute.

>> Vous étiez curieuse à propos de l’émergence de certains éléments rebelles sur Sqala.

<< Emplacement ?

>> Une tour. Neuve. Possédé par une éminence grise de la Nouvelle Tyne. Toujours en construction, mais opérationnelle, vous ne pourrez pas la manquer.

<< Noté.

>> Il serait sage de convaincre votre capitaine Lasky que cette opportunité est limitée dans le temps, et que votre seule absence ne mettra pas en péril l’opération à venir sur Sovolanu.

<< Zef, on aura un jour une discussion amicale sur la source de toutes ces informations que tu ne devrais pas avoir.

>> En attendant ce jour, continuons cette amitié mutuellement bénéfique. Je suis sûr que cette excursion sera des plus productives. Mon contact vous amènera à l’entrée des visiteurs de la tour, le reste dépendra de vous.

~ FIN DE COMMUNICATION \>

UNSC INFINITY, MATRICE D’ARCHIVE ENREGISTRÉE PAR RLD 0205-4
CONVERSATION ENTRE [92458-37017-EB] ET [73998-38490-VD]
22 septembre 2559 / 1300 heures

VD : « Je pars en mission… »

EB : « Compris, je vais rassembler le reste de l’équipe. »

VD : « En mission solo, Buck. J’y vais seule. »

EB : « Il te faudra des renforts. C’est sur Venezia, Veronica. Ce n’est pas le genre d’endroit où on va sans renforts, Venezia a une très sale réputation ! »

VD : « C’est juste de la reconnaissance. Ça me prendra une journée au plus. »

EB : « Ouais, sauf si tu te fais capturer parce que t’as pas prévu de renforts. Allez, Veronica, laisse-moi venir au cas où. »

VD : « Désolée, Buck, tu connais la chanson. »

EB : « Les ordres sont les ordres. »

VD : « Exactement. Et je sais que tu es du genre… têtu, donc je te donne un ordre. Tu as interdiction de te rendre sur Venezia pour interférer dans cette opération. »

EB : « Tu… D’accord. »

VD : « Merci. »

[NOTE RLD : 87 % de probabilité que l’accord d’EB à l’ordre de VD ne soit pas honnête.]

VD : « Je serais de retour avant de te manquer. »

[NOTE RLD : VD embrasse EB et part se préparer au déploiement.]

EB : « Un problème est toujours une opportunité déguisée… »


VERONICA DARE
Nouvelle Tyne, Venezia
22 septembre 2559 / 2100 heures

Veronica Dare détestait les hauteurs.

C’était certainement une phobie ironique pour un agent des Services de renseignement de la Navy (ONI) qui passait son temps à être déployée aux côtés d’astrocommandos et de Spartans dans des capsules semblables à des cercueils, mais marcher sur un rebord étroit contre un mur d’un immeuble à 600 mètres du sol tendait à provoquer des peurs primales.

Elle ne pouvait cependant nier que la vue était magnifique, malgré la pluie torrentielle. La Nouvelle Tyne était une métropole animée assez semblable aux régions centrales de la Nouvelle Mombasa sur Terre, ou de Noctus sur Andesia. C’était la capitale de facto de Venezia, une colonie indépendante peuplée non seulement d’humains, mais aussi de Sangheilis, de Jiralhanaes, de Kig-Yars et d’autres espèces autrefois au service de l’Alliance Covenante, vivant dans ses immeubles de bureaux, ses services de transport, ses quartiers de divertissement, ses usines et ses spatioports.

C’était un miracle que cette ville ne soit pas une zone de guerre constante. Veronica estimait que tous les habitants avec une chose en commun : ils détestaient l’UNSC. Les humains qui avaient colonisé Venezia avaient coupé les ponts avec le Gouvernement unifié de la Terre il y a des années, et la milice coloniale assurant l’ordre sur la planète s’était ralliée aux Gardiens de l’Unique Liberté, une secte covenante. Tous les groupuscules locaux étaient particulièrement actifs, puisque les Gardiens avaient récemment prêté allégeance aux Parias, la nature verticale des relations entre espèces et factions faisait de la frontière entre ami et ennemi une toile complexe dans laquelle il valait mieux ne pas se faire attraper. Chacun menait donc sa propre vie.

Tout aussi ironique était le fait qu’il s’agissait d’un des rares endroits de la galaxie où Cortana n’avait qu’une présence minimale. La « paix » paradoxale sur Venezia était en place depuis des années lors de l’émergence des Entités, elle avait donc alloué ses ressources autre part. Mais cela avait poussé les éminences grises de Venezia à tenter leur chance, étendant leurs opérations criminelles dans des entreprises toujours plus effrontées. Cortana s’était gardée d’intervenir, mais leurs actions avaient attiré l’attention de l’œil vigilant de l’ONI.

Dare avait rencontré sans problème le contact de Zef ‘Trahl, un Kig-Yar excentrique et âgé appelé Ke’jah. Son entreprise de transport entre les colonies était la couverture parfaite pour son infiltration.

Embarquée à bord d’une navette Ren comme celles qui transportaient autrefois les ministres covenants dans leur cité sainte, Dare avait remarqué rapidement la tour depuis son hublot. L’apparence du bâtiment rappelait celle d’un destroyer de classe Halberd qu’on aurait planté verticalement. Les architectures partagées entre vaisseaux et bâtiments étaient chose commune, quittant et revenant régulièrement dans les courants stylistiques depuis le début de l’ère interstellaire humaine durant le XXIVe siècle.

Pour sa part, Ke’jah avait pris la place d’un véhicule censé venir récupérer un groupe d’ouvrier participant à la construction de la tour à la fin de leur journée, et avait fait sa scène à l’accueil en exigeant un bonus pour la confusion. Le brouhaha avait permis à Dare de se glisser hors du véhicule avant d’utiliser le lance-grappin à son poignet pour atteindre les niveaux supérieurs du bâtiment.

Dare avait atteint un étage dont la construction n’était pas terminée. La tour se scindait en deux sections, et la structure squelettique exposée du bâtiment grimpait jusqu’aux nuages noirs, se perdant entre eux. Il pleuvait à grosses gouttes et le tonnerre grondait dans le ciel, elle sentait de plus en plus qu’il venait de tout autour d’elle plutôt que d’au-dessus. Dare appréciait que le système VISR de son casque surligne les bords de la structure sur plusieurs dizaines de mètres autour d’elle, suffisamment pour qu’elle se sente plus sûre d’elle sur un terrain fait d’échafaudages sur les barreaux desquels des planches avaient été posées à la hâte.

Le trafic aérien était minimal, mais Dare repéra une navette Phantom qui patrouillait le groupe d’immeubles local. Elle ignorait s’il s’agissait d’un vaisseau de sécurité ou d’un transport passager, mais elle était relativement certaine de ne pas avoir été repérée, même si le gémissement caractéristique du réacteur se faisait entendre d’un peu trop près.

Après avoir descendu plusieurs niveaux d’échafaudages, Dare suivit une série de tuyaux métalliques jusqu’à trouver une petite ouverture, et se posta dans une position où elle pensait ne pas pouvoir être repérée. Elle entra quelques commandes sur le contrôleur de drones AN/PED-560 Vedette à son poignet, et l’appareil se détacha avant de flotter au-dessus de sa tête. Ce modèle avait à l’origine été créé pour servir de télémètre et de désignateur de cibles, mais son profil discret en faisait également un candidat parfait pour une modification en drone de surveillance en territoire hostile.

Le nom était difficile à prononcer, donc Dare avait surnommé son appareil « Eddie ».

Elle testa d’abord les mouvements pour s’assurer que le délai de réponse était minimal, avant d’envoyer Eddie dans le tuyau.

Callie Calder avait à peine quinze ans.


Sa famille vivait dans les plaines rurales aux abords de la Nouvelle Tyne, ce qui lui causait un long trajet journalier vers le centre d’éducation : une demi-heure de marche vers la station de train maglev, puis une autre demi-heure de trajet vers la ville. Elle avait passé tout l’été à aider la ferme familiale avec des tâches manuelles ardues avant de se préparer pour sa nouvelle année scolaire, alors que son père était absent sans raison depuis des mois et que sa mère était de plus en plus silencieuse et recluse. Comme tous les enfants le peuvent avec leurs parents, elle savait que quelque chose n’allait pas.

Mais deux jours auparavant, les choses avaient pris une tournure dramatique.

Sur son trajet vers la ville, le train maglev s’était brusquement arrêté.

« Ici votre conducteur, » avait dit la voix sur l’intercom. « Nous sommes actuellement bloqués à un signal d’arrêt, mais nous pourrons bientôt reprendre notre route. Nous nous excusons de la gêne occasionnée. »

C’était son premier jour d’école, et elle serait en retard.

En regardant distraitement par la fenêtre alors que Amorphous d’Errant Vee tonnait dans ses oreilles, Callie avait vaguement distingué un détachement de la milice vénézienne montant à bord du train avant de vérifier les cartes d’identité de tous les jeunes passagers.

Rien ne l’avait alertée avant qu’elle ne donne sa propre carte d’identité. Elle pensa avoir mal entendu quand le garde lui avait ordonné, « Viens avec nous. »

Déconcertée, énervée et sentant les regards gênés des autres passagers sur elle, Callie les avait suivis sans réfléchir et n’avait même pas remarqué que son vieux casque audio lui avait échappé en cours de route. Ce n’est qu’après qu’elle et une douzaine d’autres aient débarqué du train qu’un sac noir lui fut passé sur la tête, et que le monde autour d’elle était devenu immédiatement terriblement silencieux.

Elle avait grandi durant les dernières années de la guerre contre les Covenants, on lui avait raconté toutes les horreurs que l’alliance extraterrestre avait commises, mais c’était ce que les humains étaient capables de faire à leurs semblables qui la terrifiait le plus.

Callie s’était ensuite réveillée dans une cellule.

C’était un espace exigu avec un lit, des latrines et ce qui passait pour un évier. Elle avait remarqué l’absence de poussière et de crasse, signe que l’endroit était récemment construit. Elle n’avait reçu aucun visiteur et n’avait eu l’occasion de ne contacter personne. On lui avait seulement donné un plateau-repas et un verre d’eau après son réveil.

Fixant le contenant en métal, elle se sentait engloutie dans un océan de pensées affolantes.

Sa famille n’avait aucune idée de ce qui lui arrivait, elle était simplement partie sans revenir. Il y avait sûrement les caméras de surveillance du maglev, et puis tous les témoins…

Les pensées de Callie furent interrompues quand la porte fut déverrouillée et ouverte. Elle s’attendait à voir un garde de la milice, mais la personne devant elle était entièrement couverte d’une armure. Leur visage était caché derrière un casque solide et incurvé.

« Bouge, recrue, » aboya une voix grave. « Dans le rang ! »

Prudemment, Callie sortit de sa cellule et vit que des dizaines d’autres enfants, plus ou moins âgés qu’elle, étaient également dirigés vers la sortie du couloir. Elle suivit la file.

À sa surprise, ils atteignirent une double porte au bout du couloir et émergèrent dans ce qui ressemblait à un amphithéâtre commercial. Des rangées semi-circulaires de sièges en bois poli entouraient une estrade ronde où se tenait un alien que Callie ne reconnut pas. Elle aurait pu le confondre avec un être humain à cause de son uniforme de courtier et sa tunique moutarde, avant qu’elle ne voie sur son visage une paire de narines en fentes et des organes ressemblant à des branchies sous sa mâchoire.

Callie observa la pièce. Les vitres étaient teintées et empêchaient de voir au-dehors, et des gardes armés surveillaient le périmètre.

Ils ne pourraient pas échapper à ce qui allait leur arriver.

« Vous êtes ici, » commença l’alien d’une voix rauque et froide résonnant dans l’amphithéâtre, « parce que vos familles ne peuvent pas rembourser leurs dettes. Vous êtes leur police d’assurance. »

Tous les enfants dans la pièce étaient silencieux et pétrifiés.

« Vous serez entraînés et vous deviendrez les armes aux ordres de nombreux maîtres. Vous servirez jusqu’à ce que la dette de votre famille soit réglée. Chaque déploiement effectué, chaque contrat signé, comprendra un pourcentage sur vos profits qui servira de paiement, et la taille de ce pourcentage dépendra de votre conduite dans ces lieux. Nous attendons de vous le succès. Les transgressions et les échecs vaudront des intérêts. »

Callie ne pouvait absorber les informations qu’elle venait de recevoir. Sa famille avait contracté une dette, et c’était à elle de la repayer de sa vie ? Qu’avait donc fait son père durant les mois où il avait été absent ?

Pire encore, si l’alien disait vrai, elle n’avait pas été kidnappée, mais vendue par sa famille. Vendue par ses parents…

« Nous allons vous présenter cet établissement, puis vous serez escortés aux baraquements pour commencer votre entraînement. » L’alien désigna les gardes en armure, comme celui qui avait ouvert la cellule de Callie. « À compter de ce jour, vos vies sont changées. Jusqu’à ce que vos contrats soient terminés et que vos dettes soient intégralement réglées, ou que vous tombiez au combat, vous êtes notre propriété. »

C’était comme si elle vivait un horrible cauchemar lucide, mais elle fut distraite par un mouvement à l’autre bout de l’amphithéâtre. Il y avait un gros tuyau au plafond avec une grille d’accès, et elle aurait juré avoir vu quelque chose bouger à l’intérieur. Comme un reflet sur une lentille, et elle était certaine d’avoir entendu un faible raclement métallique. À en juger par la réaction de deux gardes qui parlaient dans leurs communicateurs à sa gauche, eux aussi l’avaient remarqué.

Quoi que ça puisse être, ça ne lui serait d’aucune aide. L’alien avait quitté la pièce et l’audience était à présent parcourue de murmures. Certains restaient assis en silence, se balançant nerveusement sur leurs sièges, mais d’autres avaient un regard froid et dur.

« Marche ou crève, Callie… »

Veronica Dare n’était pas certaine d’avoir été repérée, et elle aurait préféré pouvoir continuer d’observer, mais son instinct lui criait qu’il était temps de s’éclipser. Une latence momentanée dans les mouvements d’Eddie avait fait dériver le drone, heurtant l’intérieur du tuyau. Elle escalada de nouveau l’échafaudage pour rejoindre le toit en construction.

Elle aurait le temps de réfléchir à ces informations, de soumettre une analyse de menace officielle, et avec un peu de chance de débloquer les ressources pour intervenir…

Au fond d’elle, elle savait que ces gamins resteraient livrés à eux-mêmes pour un long moment. La priorité opérationnelle de l’UNSC était d’arrêter Cortana. Pour cela, l‘Infinity avait prévu de mener l’opération : WOLFE dans quelques semaines, et encore faudrait-il déterminer quelle réponse pourrait être apportée à une telle situation. Un débarquement en force provoquerait une guerre totale avec Venezia, ce que n’importe quel analyste stratégique ne considérerait pas comme une allocation de ressources acceptable pour sauver quelques gamins.

Dare n’aimait pas les calculs froids qui déterminaient ce qu’ils pouvaient faire ou non, et ils seraient fatalement confrontés aux conséquences de leur inaction dans quelques années.

En attendant, Dare devait se concentrer sur son exfiltration.

Avançant le long des corniches de l’immeuble, elle ignorait la boule se formant dans son ventre quand elle regardait vers le bas. Plusieurs plateformes d’atterrissage avaient été déployées contre les étages en dessous d’elle, elle pourrait utiliser son lance-grappin pour se laisser glisser jusqu’à en trouver une avec un véhicule. Un plan sommaire, mais elle devait–

« Quel plaisir que vous vous joigniez à nous, capitaine Dare. »

Dare se retourna, dégainant son Mk50 dans le même mouvement contre son interlocuteur. Il portait une capuche, et sa voix rauque ressemblait à celle du présentateur de l’amphithéâtre, mais la position d’Eddie ne lui avait pas permis de l’identifier.

« Vous parlez à M’raad. » Il retira sa capuche pour révéler une tête humanoïde glabre, des yeux enfoncés, une peau pâle comme du lait, et des couches de chair rouge sous son menton et ses mâchoires.

« Les Yonhet sortent enfin des ombres, » commenta Dare d’une voix assurée et savante. Elle servait dans l’ONI depuis assez longtemps pour savoir garder son sang-froid même dans ce genre de situations.

Le Yonhet sourit, révélant des dents acérées. « La chute de l’Alliance Covenante a fourni à tous des opportunités, en particulier pour le peuple de M’raad. Les guerres entre empires sont vastes et sanglantes, mais les guerres entre multiples petites factions cherchant le moindre avantage ? C’est ce qu’on appelle des affaires, capitaine. Que pensez-vous de notre marchandise ? »

Le VISR de Dare repéra du mouvement, un surlignage rouge apparut autour de six gardes se mettant en position, armes prêtes. Elle était cernée.

« Les enfants que vous avez enlevés, vous voulez dire ? »

« Allons, capitaine. M’raad sait que l’ONI n’a jamais eu de problème avec ce genre de choses. »

Ce n’était pas une surprise que les rumeurs embarrassantes autour du programme SPARTAN-II aient atteint Venezia. Tout indiquait qu’une entreprise similaire était à l’œuvre ici : la jeunesse de ce monde était conscrite pour devenir des mercenaires et rembourser les dettes de leurs familles.

Se pouvait-il qu’ils eussent les moyens d’augmenter ces gamins ? La prolifération massive du programme Spartan dans sa dernière incarnation avait démystifié certains éléments de la conception de ces super-soldats, mais une simple faction mercenaire ne pouvait avoir les moyens de les recréer.

« Je serais vous, je serais plus inquiet de ce qui se passera quand votre petite affaire atteindra les oreilles de l’UNSC. »

Le Yonhet rit. « Que représente l’UNSC aujourd’hui ? Pour moi, vous êtes comme l’Alliance Covenante. Sans aucune ressource, un pipeline colonial décimé, votre vaisseau amiral en fuite parmi les étoiles. Il n’est pas étonnant que vos partenaires militaires cherchent actuellement à étendre leurs affaires dans les secteurs privés, puisque vous ne pouvez plus les protéger. Comprenez, capitaine : il serait bien plus réaliste que vos maîtres investissent dans ce projet plutôt que de dédier des ressources à son élimination. »

À cet instant, Dare entendit le gémissement caractéristique d’un réacteur de Phantom et se tourna pour voir la navette surgir derrière elle, illuminant la plateforme de son projecteur.

« Bienvenue dans une nouvelle galaxie, capitaine, » déclara M’raad en levant les bras. « Nous serions ravis de vous accueillir comme cliente. Mais si vous n’êtes pas prête à acheter, un agent de l’ONI pourrait peut-être être un invité d’intérêt ? »

Le Phantom se tourna pour exposer son flanc et la porte de sa soute s’abaissa. Elle s’attendait à être bientôt tirée à l’intérieur par des renforts ennemis.

« Sacré argument de vente, » tonna une voix bourrue et familière sur sa radio. Le VISR de Dare surligna la figure titanesque et immanquable de Dutch derrière une sulfateuse à triple canon. « Un avis, chérie ? »

« Tu sais quoi, Dutch ? » Gretchen sauta du Phantom avec une VK78 dans chaque main pour rejoindre Dare. « Les voisins ne me disent rien qui vaille. Ni la couleur locale. »

« Bien reçu. »

M’raad émit un feulement en voyant ce retournement de situation. Il avait l’avantage du nombre, mais l’arrivée de deux Spartans armés jusqu’aux dents sur une plateforme d’un immeuble en construction avait équilibré les chances.

« Bel engin, vous deux, » commenta Dare en reculant vers la Phantom sous la couverture de Gretchen.

« Un peu qu’il est beau ! » Dutch continuait de viser M’raad avec sa mitrailleuse. « Prête à dire au revoir à ces mike-foxtrot ? »

Ils grimpèrent dans la soute du Phantom et Gretchen rejoignit le cockpit en hâte. Dare se prit à être surprise de la discipline démontrée par les mercenaires du Yonhet. Elle s’attendait à ce qu’au moins un d’entre eux ait ouvert le feu.

« Une autre fois, » lui adressa M’raad. « J’attends avec impatience l’opportunité d’une prochaine transaction mutuellement bénéfique. Au revoir, capitaine. »

Les portes du Phantom se fermèrent et la navette décolla, quittant la tour et filant dans les épais nuages d’orage pour échapper à toute surveillance ou vaisseau que pourrait envoyer M’raad. Dare savait qu’il n’en ferait rien. Le plus étrange avec le Yonhet était sa certitude apparemment complète que l’UNSC ou l’ONI était prête à faire affaire avec lui dans le futur.

En attendant, Dare avait une certaine affaire à régler.

« Qu’est-ce que vous faites ici, vous deux ? J’ai dit à– Non, j’ai ordonné à Buck de ne pas se mêler de cette opération. »

« Affirmative, m’dame, » répondit Dutch. « Il a dit que vous direz ça. »

« Alors où est-il ? »

« À la maison sur l’Infinity, conformément à vos ordres. »

« Cependant, » continua Gretchen en entrant dans la soute, retirant son casque pour révéler un sourire narquois, « il a aussi dit que vous n’avez jamais mentionné la possibilité de mêler quelqu’un d’autre dans l’équipe à l’opération. »

Dare ferma les yeux et soupira de frustration. « Bien sûr. »

« Et on dirait bien qu’il a eu raison, » commenta Dutch en attachant sa mitrailleuse lourde dans un rangement au fond de la soute de la navette. « Ou le capitaine Lasky n’aurait pas aimé avoir à lancer une mission de sauvetage… m’dame. »

Sur ce point, elle devait concéder. S’ils n’étaient pas venus, si Buck n’avait pas profité de l’ambiguïté opérationnelle de ses ordres, les choses se seraient terminées très différemment pour cette opération.

« Alors, vous avez appris quoi à cette petite fête ? » demanda Gretchen.

« Que du top secret, désolée. »

« Même pour nous ? »

Dare répondit par le silence.

Elle détestait l’admettre, mais M’raad avait raison sur un point. Que représentait l’UNSC aujourd’hui ? Et l’ONI, par ailleurs ? Comme l’Alliance Covenante, leurs ressources étaient dispersées, leur résurgence glorieuse avait été réduite d’un rugissement triomphant à un chuchotement étranglé.

« Je peux vous laisser le cockpit ? » demanda Dare. « Je dois soumettre ce rapport dès mon arrivée sur l’Infinity. »

« C’est d’accord. » Gretchen fit un geste exagéré pour inviter Dutch à la suivre avant de fermer la porte de la cabine derrière elle, laissant Dare seule dans la soute sombre.

« Ici la capitaine Veronica Dare, rapport sur l’opération : SONATA. Les infos de Zef ‘Trahl étaient bonnes, quelque chose de mauvais se trame sur Venezia. Les observations préliminaires montrent plusieurs dizaines d’enfants livrés par leurs familles à une éminence grise yonhet afin d’être entraînés comme mercenaires contractés à divers groupes non identifiés. Vidéosurveillance et informations complémentaires jointes pour inspection par la Section un. Classer sous le mot-clé Janissaire. »

La Section un établissait des modèles d’analyse de menace en constante expansion. Même s’ils parvenaient un jour à mettre fin à la menace de Cortana, la galaxie ne manquait pas de nouveaux problèmes pour remplacer celui résolu. Ce que Dare avait découvert aujourd’hui n’était qu’une menace parmi d’autres, et elle ne pouvait prédire comment il évoluerait avec les mois et les années.

Janissaire.

Le nom venait d’un groupe ayant émergé vers la fin du Moyen Âge de l’humanité. On savait que l’Empire ottoman enlevait des enfants, et par des années d’entraînement intensif, forgeait des soldats-esclaves et des mercenaires rassemblés dans une imposante force militaire.

L’ONI avait déjà employé ce processus et le résultat leur avait permis de remporter la guerre contre les Covenants. « Janissaire » était un rappel approprié que l’histoire se répétait sans cesse, et que l’ONI en subirait cette fois les conséquences.

OPTICAN, SOINS À LA DEMANDE !
JOURNAL PRIVÉ // ADAM ANDREWS
29 SEPTEMBRE 2559

Par où commencer…

Un pense-bête, avant tout. C’est Dan qui cuisine ce soir. Sa bolognaise familiale est au menu. Penser à acheter du parmesan en rentrant.

Maintenant, le boulot. Nous avons pris contact avec plusieurs factions sur Venezia, l’une d’elles semble très prometteuse. Nor Fel m’assure que l’équipe de sa chambre de compensation se procurera ce dont j’ai besoin, mais que ça prendra du temps. En attendant qu’elle me recontacte, nous continuons d’essayer de stabiliser les composés Waverly existants. Nos ressources faiblissent, mais nous touchons au but. Je le sens.

On m’a informé que le nombre de raids de la Nouvelle alliance coloniale a augmenté dans les colonies extérieures ces derniers mois. Ils ont ciblé Cygnus il y a quelques semaines, et on les a vus porter les couleurs des Parias. Une raison de plus de mener notre mission à bien. De ne pas perdre nos raisons de vue.

L’UNSC ne peut plus protéger ces gens et une intervention des Entités serait comme jeter une grenade dans une salle pleine à craquer.

Il n’est plus raisonnable que les Spartans de l’UNSC restent nos seuls super-soldats. Nos industries couvrent toutes nos colonies, tous nos secteurs spatiaux. Eux aussi doivent pouvoir créer un front quand le besoin s’en fait sentir.

Et là où il y a un besoin, Optican répondra à la demande.


La prochaine Waypoint Chronicle de cette rediffusion sera L’Âge de la rétribution.

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