Bienvenue pour cette traduction de la dix-huitième Waypoint Chronicles. Ces histoires courtes régulièrement partagées sur le site officiel Halo Waypoint ont été traduites en texte et en livre audio sous-titré par le WikiHalo. Notre précédente histoire était Du Sol aux étoiles.
Comme son titre l’indique, La Bataille de l’Académie – Partie 2 est la suite de La Bataille de l’Académie – Partie 1, qui est donc une lecture obligatoire. Mais cette deuxième partie marque également la convergence d’autres éléments de Chronicles plus anciennes, et il est donc également recommandé de lire Winter Contention, La Bataille pour la lune de sang, La Troisième vie et enfin L’accord Anvil pour arriver préparé dans cette nouvelle histoire.
NOTE HISTORIQUE
Halo : La Bataille de l’Académie, Partie 2 débute le 3 mars 2560, moins de trois mois avant le réveil du Major sur le Halo Zêta.
3 mars 2560
MONTAGNES D’HESYCHIUS, NYSA // 1532 HEURES
Certaines batailles ne commencent pas avec un coup de marteau ou un tir de fusil, mais par des pourparlers.
Bien qu’il soit extrêmement rare que les Parias foulent le champ de bataille sans y laisser une goutte de sang, le droit aux pourparlers était une tradition respectée par Atriox dès les débuts des Parias, quand ils n’étaient qu’une fragile alliance de mercenaires et d’exilés. Suivant l’antique formation de pourparlers sangheili, le négociateur se tient au centre, encadré de son garde du corps sur la droite et de son conseiller sur la gauche.
La Spartane Ilsa Zane s’avança. Un pas derrière elle suivait un titan armuré, son daskalo, le chef Atticus, à la place du conseiller. Il n’y avait personne à sa droite. La Spartane paria n’avait pas besoin d’un garde du corps. Une preuve d’arrogance, certes, mais elle était ravie de contrevenir à la tradition pour faire étalage de sa force. Ils étaient arrivés depuis déjà plusieurs heures, et avaient employé ce temps à identifier les lieux stratégiques pour leur déploiement, ainsi que les avant-postes locaux qui leur seraient utiles. Atticus l’avait également informée de ses plans pour maximiser les gains de cette invasion vis-à-vis de la structure politique des Parias.
Cent mètres plus loin, un M15 Razorback s’était arrêté, et en était descendue la commandante Laurette Agryna, accompagnée de deux autres Spartans. Les données d’Iratus s’avéraient déjà utiles puisque l’ATH de Zane identifia l’un d’eux comme Sigrid Eklund, et l’autre… elle le reconnut immédiatement.
« Dinh. »
Le simple fait de le voir lui glaçait les veines. Dinh était un des nombreux comptes qu’elle avait à régler, peut-être le plus vieux.
« Vous avez quelque chose que je veux, » annonça Zane d’un ton sec et direct. « Donnez-moi l’IA et je retirerai mes forces. Il n’y aura pas d’invasion et vous serez libres de continuer vos misérables vies. »
La Spartane Agryna restait stoïque sous le soleil couchant, le front plissé, scrutant intensément l’armure de Zane.
« Et pourquoi pas, » continua Zane en pointant du doigt vers Dinh. « Livrez-le-moi en bonus, et je vous donnerai ma parole. Ce sera mon unique offre. »
« Même si je me laissais duper par votre fausse sincérité, » rétorqua Agryna, « la réponse resterait non. »
Zane sourit. « Excellent. »
À ce moment, les nuages furent écartés par l’immense proue de son cuirassé, le Ghost of Kholo.
Alors qu’il passait au-dessus d’eux, le ventre du croiseur commença à déployer de nombreuses bases avancées, accompagnées de vagues de capsules s’écrasant au sol avant de déverser des guerriers aliens assoiffés du sang des Spartans. Une serre de Banshees décolla des hangars du vaisseau, servant d’escorte à des vaisseaux de largage Phantom.
Zane et Atticus se retournèrent en direction d’une des bases avancées. Les Spartans firent de même, retournant à l’Académie pour préparer leurs défenses.
Ce jour, les guerriers du clan de Zane affronteraient leur plus grand défi, et tous auraient leur chance de se couvrir de gloire en s’arrogeant le titre de « Tueur de Spartan ».
ACADÉMIE AVERY J. JOHNSON, CAMPUS PRINCIPAL // 1849 HEURES
Les tirs du Banshee s’écrasèrent contre le mur déployable jeté par le Spartan Eusebio. Des gouttes de plasma déviées par le champ magnétique du mur atteignirent ses épaulières et son plastron, crépitant sur le bouclier énergétique de son armure Mjolnir. Le blindage orange céderait très vite devant des tirs directs s’il n’était pas prudent, et il se jeta donc rapidement en roulant derrière une couverture en béton armé.
Les capsules de largage paria continuaient de se déverser du cuirassé telle une pluie de météores, comme un reflet de ce que ses ennemis avaient sûrement vécu durant la guerre contre les Covenants. Eusebio faisait partie des Troupes de choc aéroportées orbitales avant d’être recruté dans le programme SPARTAN-IV. C’était autrefois lui et son équipe qui étaient largués derrière les lignes ennemies pour renverser le cours des batailles. Il se demandait si cette bataille serait terminée seulement quelques heures après son commencement.
« Eusebio ! » appela une voix qui le sortit de sa rêverie. « Regardez-moi ! »
Il se concentra sur la visière galvanisée de bleu de la commandante Agryna. Elle fit une série de gestes de la main, que tous les Spartans connaissaient par cœur après leur entraînement. En réponse à ces instructions non verbales, Eusebio se retourna pour regarder au-dessus de sa couverture, avant de pointer son VK78 vers la ligne de front des Parias.
La commandante Agryna l’imita et vida le chargeur de son fusil d’assaut contre trois Grognards et un guerrier Brute avant d’utiliser son Sidekick pour éliminer deux Rapaces ayant eu la malchance d’exposer leurs têtes par-dessus leurs gantelets énergétiques.
« On se regroupe sur ce point de navigation ! » Agryna ajouta un point de repère sur des coordonnées à quelques mètres. « Spartane Eklund, vous me recevez ? »
« Reçu, commandante, » lui répondit Eklund sur la transmission. « J’ai reculé jusqu’au centre des relais, mais je serai à court de balles avant qu’ils ne soient à court de trouducs. »
Agryna jura silencieusement. « Dinh, prenez O’Brien et Sinclair. Rejoignez Eklund et aidez-la comme vous pouvez. Eusebio, Denning et moi allons prendre la porte de la baie. »
« Reçu. On s’en occupe, » répondit Dinh.
Agryna s’efforça de ne pas penser au désastre qui se profilait. Ils s’étaient durement entraînés à contrer une telle attaque durant leurs simulations, mais ces scénarios se terminaient toujours par des leçons, jamais des morts. Elle devait admettre cette blessure à son égo, et que cette situation était de sa responsabilité.
Aurait-elle pu faire des choix différents ?
Qu’aurait-elle pu faire différemment pour changer cette conclusion ?
Pour le moment, il n’y avait qu’une question qui comptait, et dont la réponse serait bientôt connue : ses Spartans étaient-ils assez entraînés pour affronter ce qui se trouvait à leur porte ?
De l’autre côté du champ de bataille, Dinh rejoignit Eklund.
« Nous y revoilà, » déclara-t-il avec une pointe d’amusement.
« Chut, » grogna Eklund, l’œil collé à sa lunette de visée pour tenir à distance la ligne de front des Parias.
« Ça rappelle plus Dansenia ou New Berlin ? »
« Je déteste les deux. » Eklund savait que la méthode de Dinh consistait à prendre au premier degré l’expression « Rire face au danger », mais elle n’avait pas d’énergie à lui consacrer. « O’Brien, je recharge, couvrez-moi. Flinguez ce putain de berserker ! »
La Spartane O’Brien visa sa nouvelle cible, essayant désespérément d’éviter les tirs de plasma tout en plaçant autant de balles de fusil d’assaut que possible dans la Brute qui leur fonçait dessus.
En vain.
Alors que le plasma fit disparaître les boucliers d’O’Brien, elle fut encastrée par l’épaule du berserker Brute, la bloquant contre un mur et vidant l’air de ses poumons. Alors qu’elle se débattait et qu’elle perdait la vision, O’Brien vit, ou plutôt entendit, le Spartan Sinclair passer à l’action, montant sur les épaules de la Brute avant de lui asséner des coups de couteau de combat.
Le berserker hurla de douleur, mais sa rage continuait de bouillir. Passant ses bras ensanglantés dans son dos, il empoigna Sinclair et jeta le Spartan par-dessus sa tête, l’envoyant contre un mur proche. Le choc fit perdre son casque à Sinclair, celui-ci roulant hors de portée en suivant le terrain en pente.
À peine conscient, Sinclair cracha du sang tandis que Dinh tentait d’attirer l’attention du berserker avec des tirs de Bandit, et qu’Eklund esquivait le coup de marteau antigravité d’une autre Brute.
Chaque impact ralentissait le titanesque berserker sans pouvoir à l’arrêter. Sinclair parvint à lever un bras et adresser à la Brute un antique geste insultant, juste avant que l’alien n’abatte ses deux poings sur sa tête.
Plusieurs tirs de Bulldog tonitruants durent retentir avant que la Brute ne s’effondre enfin sur Sinclair, deux guerriers de mondes différents, maintenant deux cadavres à la surface de Nysan.
« Eklund ! » hurla Dinh en jetant le Bulldog au sol. « Il faut y aller. Vite ! »
Ayant porté le coup de grâce au guerrier Brute qu’elle affrontait plus tôt, Eklund bondit pour rejoindre Dinh, agrippant l’armure d’O’Brien toujours inconscient tandis que Dinh ouvrait la porte de la baie.
Quelques instants plus tard, ils étaient à l’intérieur et le sas se referma. Eklund fit signe à un groupe de médecins de combat pour qu’ils s’occupent d’O’Brien.
« On peut tenir combien de temps ? » demanda Dinh, sans amusement cette fois.
Eklund inspira plusieurs fois avant de répondre. « Pas sûr que ça soit à nous de le dire. »
« Pas longtemps, donc. »
« Non, probablement pas longtemps. »
« Dinh, Eklund, vous me recevez ? » Ils furent interrompus par la voix d’Agryna sur le canal TEAMCOM de leurs casques.
« Cinq sur cinq, commandante, » répondit Dinh. « C’est quoi la suite ? »
« On se retranche, » annonça Agryna. « Postez qui vous pouvez devant les portes et dites aux marines de transporter les blessés à la baie médicale, je vous rejoins à la salle de commandement ouest. »
« Bien compris. » Dinh se tourna vers Eklund. « Tu tiens le coup ? »
« Je vais tenir, » répondit Eklund d’une voix confiante, mais avec une pointe de fatigue.
Peu de temps après, ils rejoignirent Agryna afin de discuter des prochaines étapes.
« Je déploie des équipes en parallèle pour mettre en place le Protocole Cole dans toutes les installations restantes, » annonça Agryna. « S’ils réussissent, on aura au moins limité les dégâts. »
« Vu la situation, limiter les dégâts est le mieux qu’on puisse faire, » commenta Dinh.
Agryna acquiesça. « Les fortifications devraient nous ai– »
« Avez-vous oublié qui commande, ici ? »
La voix d’Iratus retentit sur tous les canaux ainsi que dans les haut-parleurs du couloir.
« Laissez-moi vous rappeler que ce n’est pas vous. »
Une symphonie de chuintements de servomoteurs et d’actuateurs hydrauliques retentit alors que toutes les portes, toutes les barrières et tous les volets blindés de l’Académie s’ouvrirent. À peine terminée, elle fut remplacée par des cris et des tirs : les troupes parias donnaient l’assaut depuis tous les accès possibles.
4 MARS 2560
SWORD OF CONJUNCTION // 0327 HEURES
« Maîtresse de vaisseau, nous sortons du sous-espace. »
La maîtresse de vaisseau Vedu ‘Ehtar se leva de son siège de commandement pour regarder par la baie vitrée alors que la toile noire unie du sous-espace se leva pour révéler d’innombrables étoiles et nébuleuses, ainsi que le monde humain appelé « Nysa ».
L’équipage du pont se mit immédiatement au travail, Sangheilis et humains s’affairant sur leurs consoles pour organiser les quantités de données qui se déversaient des capteurs du vaisseau. Au centre de la pièce était projetée une immense représentation holographique de Nysa.
« Lancement des oculaires d’observation confirmée, en approche de la zone cible, » annonça l’enseigne Sethu.
Quelques centaux plus tard, l’holographe de la planète fut mis à jour avec diverses données constituant une image inquiétante, révélant ce qu’affrontaient leurs alliés au sol à mesure que les images des sondes étaient retransmises sur les écrans du pont.
Des vaisseaux de largage Phantom convergeaient vers l’Académie de Nysa tandis qu’un réseau d’infrastructures d’occupation des Parias avait été déployé sur tout le continent. Des skiffs de guerre et Creuseurs de tombe se déversaient des avant-postes et des fonderies pendant qu’une flotte de transporteurs de siège acheminait des ressources depuis le responsable de l’invasion : un cuirassé paria.
La maîtresse de vaisseau ‘Ehtar mourait d’envie d’affronter directement les Parias avec le Sword of Conjunction pour mettre son équipage à l’épreuve, mais attaquer un tel béhémoth avec une frégate de motif A’uzr de moins d’un tiers de sa taille relèverait du suicide. Ils n’avaient ni la puissance de feu ni le tonnage requis, et engager l’ennemi n’était pas non plus leur mission.
Les A’uzr se démarquaient par leur vitesse. Leurs puissants perceurs subspatiaux leur avaient permis d’atteindre Nysa en seulement quelques heures pour effectuer une reconnaissance.
« M’dame, l’UNSC Fearful Symmetry est en ligne, » informa le lieutenant de vaisseau Mercer.
« Passez-le-moi, » confirma la maîtresse de vaisseau.
Mercer entra une commande et l’émetteur holographique s’alluma pour former l’image d’un humain mâle au garde-à-vous. Sa tête était glabre et le côté gauche de son visage couvert d’un étrange motif : une main empoignant trois flèches primitives.
« Maîtresse de vaisseau, » dit-il. « Nous sommes au point de rendez-vous au bord du système Hyades et sommes prêts à passer à l’action dès que votre reconnaissance sera terminée. »
« N’attendez plus, la situation est déjà claire, » répondit-elle, confirmant à Mercer d’un hochement de tête qu’il pouvait transmettre les données compilées par l’équipage. « Nysa est sous le coup d’une invasion totale par les Parias. Nous ne nous battrons pas pour reprendre la planète. Nous devons mener une évacuation dès que votre vaisseau sera arrivé. »
« Compris. Je vous préviens dès que la table est mise. »
L’hologramme disparut, laissant la maîtresse de vaisseau ‘Ehtar démêler la métaphore de l’humain. Leur espèce était très friande de ces figures de style, ce qui rendait souvent leurs interactions plus frustrantes que nécessaire. Elle supposa qu’il voulait dire qu’ils seraient bientôt prêts au combat.
« Que les serres de Banshees soient parées au décollage, » ordonna-t-elle. « Les unités Concorde, Harmonie et Sympathie harcèleront les forces ennemies pour couvrir l’évacuation quand la frégate de l’UNSC arrivera. Que les Riftborns rejoignent leurs capsules, déploiement immédiat. »
« Je transmets vos ordres, maîtresse de vaisseau. »
SWORD OF CONJUNCTION, BAIE DE DÉPLOIEMENT // 0337 HEURES
Ovi ‘Taar et le Spartan Adrian Vesco venaient de finir de préparer leur équipement avec leurs quatre autres compagnons Riftborns, Babych, ‘Toizari, Prentis et ‘Ookol, quand l’ordre de déploiement leur parvint depuis le pont. Vesco plaça une carabine à impulsion dans le râtelier d’armes de sa capsule, pendant que ‘Taar faisait de même avec une mitrailleuse légère M739.
« Spartan Vesco, » appela Ovi ‘Taar. « Savez-vous que les jeunes marins aiment regarder les vagues, parce qu’ils matent l’eau ? »
Vesco se retint de rire et roula des yeux. « Sérieux, Ovi ? Tu prends vraiment le risque que ça soit ça, ta dernière blague ? »
« En avez-vous une autre pour détendre l’atmosphère ? »
« D’accord… Que dit un Unggoy avant d’aller au combat ? »
‘Taar réfléchit un moment avant de hausser les épaules. « J’abandonne. »
Vesco rit. « Mince, tu la connaissais déjà. »
Ils entrèrent dans leurs capsules, des carapaces d’intrusion furtives de motif Yado, et s’adressèrent un signe de tête avant que leurs écoutilles respectives ne se referment, redevenant sérieux. Des affichages holographiques apparurent, se connectant au viseur de Vesco alors qu’il confirmait qu’il était synchronisé avec les canaux TEAMCOM et TEAMBIO.
« Victoire pour vos clans et lignées, Riftborns, » déclara un officier Sangheili sur la transmission. « Largage dans trois… deux… un… »
Vesco fut secoué quand la capsule se détacha de la baie de déploiement du Sword of Conjunction pour se précipiter dans l’exosphère de Nysa. Tous ceux qui plongeaient à pieds joints au cœur des combats avaient leurs rituels. Vesco n’était pas du genre à fermer les yeux et prier en silence pour sa survie, alors il avait pris l’habitude de fredonner de vieux chants marins qu’il avait appris sur sa planète natale.
Il l’avait fait tellement de fois qu’il ne comptait plus, mais il était encore nouveau qu’il soit déployé dans une carapace d’intrusion alien. La sensation était très différente puisque les compensateurs gravitiques rendaient le voyage un peu moins agité que dans un véhicule d’entrée standard humain. Dans ces cercueils métalliques, on se sentait complètement à la merci des cascades de conséquences imprévisibles qui prospéraient sur les champs de bataille.
La capsule s’écrasa avec un bruit sourd et l’écoutille se désengagea, laissant Vesco empoigner son arme et se plonger dans l’action avec les cinq autres capsules qui avaient atterri sans encombre. ‘Taar se trouvait environ cent mètres plus loin tandis que les autres capsules étaient plus éloignées, proches de leurs cibles prédésignées. Un des oculaires d’observation passa au-dessus d’eux, envoyant sans doute au Sword of Conjunction une confirmation visuelle qu’ils avaient atteint la surface de Nysa.
« Objectif primaire : localiser la commandante de l’Académie, » annonça le Spartan Babych sur TEAMCOM alors que les trois duos s’élançaient. « Objectif secondaire : rassembler les groupes de survivants avant d’activer nos balises pour extraction. »
Cinq points verts clignotèrent en réponse.
Vesco rejoignit ‘Taar et le duo Spartan-Sangheili approcha du complexe principal de l’Académie, courant à travers les collines éclairées par le soleil de l’aube qui pointait au-dessus des montagnes. Ils s’attendaient à ce qu’entrer dans l’Académie soit un défi, mais trouvèrent toutes les entrées déjà ouvertes.
D’après les sons à l’intérieur, les combats seraient soit bientôt terminés, soit leur nature avait dramatiquement changé. Il devenait clair que les Parias contrôlaient presque tout le complexe et que les forces de l’UNSC étaient retranchées dans des positions fortifiées, attendant une chance de contre-attaquer.
« Les capteurs longue distance détectent un groupe d’alliés pas loin, » annonça Vesco.
« Hâtons-nous. »
Les deux Riftborns descendirent dans ce qui semblait être un champ de tir connecté à une armurerie. Approchant de la porte, ils prirent position de chaque côté. Vesco vit des signaux apparaître sur son capteur de mouvements et il entendit un grand bruit métallique à l’intérieur.
‘Taar jeta un œil, son casque activant un optique tactique qui se déploya devant son œil gauche, relayant l’image à Vesco.
Dans l’armurerie, un chef Brute colossal arrachait les portes grillagées des râteliers d’armes pour en distribuer le contenu aux autres Parias qui le suivaient. Sur l’image transmise par ‘Taar, Vesco comptait deux Jiralhanaes équipés de fusils à pompe Bulldog, et cinq Kig-Yars armés de fusils de sniper humains.
Le partenaire Sangheili de Vesco se remit à couvert derrière la porte, jeta un œil à son M739 SAW et adressa à Vesco un hochement de tête. C’était un signal qu’ils avaient échangé des milliers de fois, qui signifiait « On n’aura aucun problème. »
Se déplaçant comme une ombre, vite et sans bruit, le Spartan Vesco se glissa à travers la porte de l’armurerie et activa deux grenades à fragmentation, qu’il jeta vers les Parias.
Le chef était plus rapide et alerte que Vesco l’avait anticipé : il leva son marteau antigravité et l’abattit au sol, causant une impulsion gravitique qui dispersa ses propres soldats en même temps que les grenades. Lorsqu’elles explosèrent, deux des Kig-Yars propulsés furent engloutis par la boule de feu et un des Jiralhanaes avait une main contre un œil, encore sous le choc de l’explosion.
Ovi ‘Taar entra en scène. Il quitta sa couverture et fit pleuvoir contre les Parias désemparés une pluie de balles pénétrantes de 7,62 mm avec sa mitrailleuse. Des gerbes de sang violet sombre éclatèrent de trois des Kig-Yars alors que leurs corps fins étaient déchirés par les tirs, éclaboussant le sol bétonné. En même temps qu’un des guerriers Jiralhanaes reprenait ses esprits et retrouvait sa vision, Vesco empoigna son Sidekick et lui tira cinq balles dans la tête.
« Deux cibles restantes, » déclara Vesco. Le chef s’était mis à couvert, et la seconde Brute-
Brusquement, la seconde Brute frappa Vesco de tout son poids, rugissant en le projetant au sol avant de marteler frénétiquement le Spartan de ses griffes jusqu’à ce que ses boucliers cèdent.
‘Taar se retourna et tira plusieurs salves dans le flanc de la Brute, mais le Sangheili ne pouvait pas voir que le chef avait frappé le râtelier d’armes avec son marteau antigravité. Vesco repoussa la Brute affaissée sur lui et se rua vers son compagnon.
Les râteliers étaient de grandes caisses d’acier pensées pour être déplacées sur deux rails au sol à cause de leur immense poids. Ovi ‘Taar ne réalisa que trop tard qu’il se trouvait sur sa trajectoire.
Vesco plongea, espérant tacler ‘Taar pour le sauver, mais le râtelier, qui avait été frappé avec une telle force qu’il avait quitté ses rails, lui tomba dessus dans un craquement sinistre.
Le chef poussa un cri de rage satisfaite. Vesco s’empara de l’arme de son compagnon et vida le reste du chargeur-tambour du SAW. En projetant le râtelier, le chef avait sacrifié sa seule couverture, et se trouvait ainsi complètement exposé. Le chargeur ne contenait que dix-sept balles, mais la lourde armure du chef fit long feu face à elles.
Le chargeur fut vidé, mais le chef avança vers Vesco, il semblait à peine ressentir la douleur. Il arracha le SAW des mains de Vesco et le jeta comme si c’était un jouet, avant de frapper la tête du Spartan avec un poing fulgurant, le mettant à genoux. Sans son casque, il aurait sans aucun doute été tué.
Les oreilles sifflantes et la vision trouble, Vesco entendit à peine les tirs de fusil d’assaut venant de quelques mètres plus loin. Il ne prit conscience de la scène que quand la porte à l’autre bout de l’armurerie explosa. Il vit alors une douzaine de marines menés par une Spartane portant une armure blanc crème.
« C’est ça, le gros, » cria un des Marines. Vesco entendit la respiration laborieuse et les pas lourds du chef prenant la fuite. « Casse-toi ! »
Vesco rampa vers les râteliers et vit qu’Ovi ‘Taar était écrasé entre eux. Une de ses mains tremblait encore alors que son souffle devenait de plus en plus faible. Les signaux de son TEAMBIO étaient en chute libre.
« Ovi, » appela Vesco d’une voix rauque, posant doucement sa main sur le poignet de son partenaire.
Une conversation se tenait derrière lui, on criait des ordres, mais son attention était entièrement fixée sur le frère qui avait couvert ses arrières pendant plus de cinq ans.
« Sécurisez la zone, Neely. Je ne veux pas d’autres mauvaises surprises. »
« Tout est OK, commandante. On dirait que notre ami s’en est déjà chargé. »
« Spartan Vesco. » Les yeux de ‘Taar s’ouvrirent un instant alors qu’il prononçait ces mots. « Comment- appelez-vous- »
Le Sangheili cessa de bouger.
« Ovi… Ovi ? »
Vesco luttait pour rester conscient, mais il se sentait perdre prise à mesure que sa vision se brouillait, et que l’image d’Ovi ‘Taar devenait de plus en plus lointaine, jusqu’à ce que la porte de l’armurerie se referme. Il pouvait à peine entendre le ton rassurant de la commandante. « Ça va aller, Spartan. Venez, on va vous rabibocher. »
LABORATOIRE D’IA // 0429 HEURES
La commandante Agryna posa lentement le Spartan au sol près de la porte du laboratoire d’IA et fit signe à un infirmier de s’occuper de lui. Elle ne le reconnaissait pas, mais les questions devraient attendre qu’il ait repris conscience.
Le reste des marines, menés par la caporale Neely, avait pris position en dehors du laboratoire, installant des barricades sur les deux petits escaliers faisant face à la porte blindée qui menait aux terrains d’entraînement.
« Commandante, » appela l’ingénieure en chef Hannah Roberts. « On reçoit une transmission d’une installation locale. »
La commandante Agryna s’approcha. « Écoutons ça. »
« Protocole initié, je répète : Protocole Cole initié. Des renforts spartans sont arrivés pour nous aider à pacifier la zone et terminer la purge des données. »
« On dirait que le bleu a fait des étincelles, là-bas, » déclara Dinh. « Mais en quoi le Protocole Cole nous aide, là, maintenant ? »
« Iratus a pillé nos archives de données contenant des informations hautement classifiées, » expliqua Roberts. « Le Protocole Cole initie des sous-routines de suppression qui détruiront les données en même temps que toute entité qui les a téléchargées. »
« Dont Iratus lui-même ? » demanda Dinh.
« Ça fait partie de la mise à jour de sécurité RUINA conçue pour minimiser les risques liés aux IA renégates. Si Iratus reste dans ces systèmes, il courra un immense risque. »
Eklund réfléchit un instant avant de demander, « Alors il va devoir se trouver un abri, n’est-ce pas ? Un serveur central dont il a pleinement le contrôle, pour pouvoir préserver ce qu’il a volé. »
« Et ça l’amènera jusqu’ici, » confirma Roberts. « Ironiquement, le lieu le plus sûr pour lui est ici, avec nous. »
« On peut le mettre dans une puce de données ? »
Eklund se tourna vers Dinh et pencha la tête. « Tu ne veux quand même pas le remettre dans ton crâne ? »
« Non, non, » grogna Dinh, « Je voudrais juste écraser ce petit connard dans mon poing. »
Comme invoquée, la lumière de l’holotable au centre de la pièce devint rouge et la forme d’Iratus apparut. « Je crains que ça ne soit pas si simple. »
« Pile à l’heure, » dit Roberts. « Rebonjour, Iratus. »
« J’applaudis votre brillante stratégie, ingénieure en chef Roberts. Je suis coincé ici avec vous… Mais ce n’est qu’une question de temps avant que les Parias ne viennent frapper à votre porte. »
« Mettez-le en sourdine, » ordonna Agryna. En réponse, Roberts déploya un bouclier de confinement autour de la table holographique. « Il a raison. Cet endroit ne restera pas une place forte longtemps. Et quand les Parias entreront… nous n’aurons plus aucun refuge. »
Un grognement près de la porte attira l’attention d’Agryna. Le Spartan qu’elle et les marines avaient secouru se mettait debout.
« Ce n’est pas tout à fait vrai, commandante, » dit-il avec un grand effort.
« Je ne crois pas vous connaître, Spartan ? »
Il tituba quelques instants avant de retrouver son équilibre et son sang-froid. « Vesco. Spartan Adrian Vesco, station Anvil. »
« Anvil ? » Dinh se tourna vers lui. « Vous avez reçu notre message ? »
Vesco s’avança, Agryna le rejoignit et lui passa une main dans le dos pour le soutenir. « Affirmatif. Mais nous n’avons pas beaucoup de vaisseaux. Nous sommes arrivés avec le Sword of Conjunction pour évaluer la situation avant de signaler à l’UNSC Fearful Symmetry d’approcher pour aider à l’évacuation. Moi-même et cinq autres Riftborns avons été envoyés pour vous aider. Mon partenaire, Ovi… » Vesco ne continua pas. Agryna supposa que le Sangheili écrasé entre les râteliers était dans son équipe.
« Votre mission ? »
Vesco releva la tête pour s’adresser à Agryna. « Notre mission est de survivre et continuer le combat, commandante. »
Le visage d’Agryna se durcit. « Nous combattons pour vaincre. »
« Et pour ça, je crains qu’il ne faille perdre aujourd’hui. » Vesco sortit un petit appareil d’un compartiment de stockage dans un cuissard de son armure Mjolnir.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Agryna.
« Une balise. Elle indiquera notre position au Symmetry pour qu’un Pélican vienne nous chercher. Vous avez une piste d’atterrissage dehors ? »
« En effet, je suggère que vous vous y rendiez tous, » répondit Agryna. « Je tiendrai le fort. Si Nysa doit tomber, en tant que commandante, je dois tomber avec elle. »
L’ingénieure en chef Roberts soupira en secouant la tête. « Certainement pas. Les balles ne servent plus à rien ici. Nous avons perdu. Tout ce qu’il reste à faire est d’extraire le plus d’informations possible d’Iratus, et c’est mon travail. »
« Hannah, vous ne pouvez- »
« Bien sûr que si. » Elle se raidit, bien qu’elle restait petite face à la taille moyenne des Spartans dans la pièce. « Désolée, commandante, mais c’est un ordre. En tant que chef de la cybersécurité dans une situation de menace contre l’humanité de la part d’une intelligence artificielle hostile, mon autorité prévaut sur la vôtre. »
« On vous couvre, Spartans, » annonça la caporale Neely depuis l’autre pièce. « Ceux qui veulent, peuvent partir. Ceux qui resteront couvriront votre évacuation. » Tous les marines restèrent à leur poste, résolus. « Et c’est mon dernier mot. »
« Je reçois le signal de confirmation, » signala Vesco. « Le Symmetry a capté notre balise. Il faut partir. »
Agryna resta muette quelques instants, paralysée par les pensées qui se bousculaient dans sa tête. Elle soutint le regard de l’ingénieure en chef avant d’acquiescer. « Désolée. »
Roberts leur fit signe de partir. « Ce fut un honneur, commandante. Pour nous tous. » Elle afficha un sourire narquois. « Maintenant, bougez-vous avant que je change d’avis. »
PÉLICAN BRAVO-198 // 0441 HEURES
Alors que le Pélican descendait vers la piste d’atterrissage du complexe principal de l’Académie, Jun-A266 voyait déjà des bâtiments en feu, leur fumée noire était comme des signaux signifiant la dévastation.
Quelques kilomètres plus loin, un cuirassé paria attendait au-dessus des montagnes.
« Capitaine, ma distraction est prête ? » demanda Jun.
« À votre signal. »
« Feu à volonté. »
Une ombre fusa à toute vitesse dans les nuages à tribord du cuirassé. La frégate de classe Mulsanne ‘Fearful Symmetry se ruait comme une balle venant d’être tirée vers le vaisseau paria, ouvrant le feu avec son arme primaire, un laser Brightlance Reflex. Le rayon d’énergie dirigée remplaçait les canons à accélération magnétique traditionnels, mais était tout aussi efficace dans certains scénarios.
Jun vit un trait d’énergie bleu-blanc surgir d’entre les deux flèches à l’avant de la frégate, puis frapper la proue tribord du cuirassé, surchargeant temporairement la plupart des systèmes du vaisseau. Le Symmetry enclencha alors ses propulseurs arrière pour passer au-dessus de sa cible et disparaître dans la haute atmosphère de Nysa.
« On est bons, commencez l’atterrissage, » ordonna Jun au pilote.
Il se dirigea vers la baie de déploiement du Pélican où Rosenda-A344, en armure Mjolnir complète, terminait d’inspecter son lance-missiles Hydra. Elle prit un fusil de sniper sur un râtelier d’armes et le tendit à Jun.
Il y eu une hésitation imperceptible avant qu’il n’accepte de prendre le fusil. Il n’avait pas combattu depuis des années. Après la chute de Reach et la fin de la guerre contre les Covenants, il avait choisi de devenir recruteur pour la prochaine génération des héros de l’humanité. Bien qu’il continuait d’entretenir ses compétences, il s’était convaincu que Musa avait raison quand il lui avait dit en plaisantant qu’il serait un des rares Spartans de la vieille école à finir sa carrière par la retraite.
Mais la galaxie avait, semblait-il, d’autres plans, et il devait maintenant reprendre du service.
En vérité, c’était pour ça qu’il avait réquisitionné Rosenda. Elle aussi avait fait partie de l’équipe Noble avant d’être transférée vers les opérations secrètes spéciales à la fin de 2551, et pour être au mieux de sa forme, il voulait quelqu’un en qui il puisse avoir entière confiance. Les autres survivants de la compagnie Alpha se comptaient sur les doigts d’une main…
« On y est, Spartans, » prévint le pilote depuis le cockpit avant que la baie de largage ne s’ouvre.
Jun et Rosenda sautèrent du Pélican sur le tarmac de la piste d’atterrissage de l’Académie Avery J. Johnson. Le complexe central était calciné et les zones attenantes étaient couvertes de véhicules détruits et retournés, d’incendies grondants, de métal tordu et de bouts de béton répandus sur toute la piste d’atterrissage, en plus des corps de quelques marines.
« Le signal est clair, » remarqua Jun en regardant l’UGSP monté à son poignet, qui montrait l’emplacement de la balise activée par un des Riftborns. « Ils sortiront bientôt. »
« En attendant, on s’occupe des invités indésirables. » Rosenda pointa un doigt vers le ciel, où un Banshee éclaireur se tournait vers leur position.
Jun épaula son fusil de sniper et mit la cible en joue. Les modèles des ateliers Kaelum employés par les Parias étaient des cibles plus difficiles à cause du blindage couvrant le cockpit et les ailes.
Rosenda mit le chasseur en joue avec son Hydra et déploya quatre missiles gyrostabilisés. Le Banshee changea sa trajectoire dès que le pilote les aperçut, mais ne fut pas assez rapide pour éviter deux des roquettes, qui firent exploser une de ses ailes.
Jun continuait de le viser avec son fusil, attendant le bon moment. Les deux autres missiles que le Banshee avait évités traquaient toujours leur cible, faisant demi-tour et forçant le pilote à accélérer et commencer une série de manœuvres aériennes.
Jun inspira, et la lunette de son fusil de sniper trouva le point faible sur le flanc endommagé du Banshee, là où une balle pourrait pénétrer son blindage. Les deux missiles dépassèrent le chasseur une nouvelle fois et explosèrent en entrant en collision, et le Banshee rectifia sa trajectoire. Avant qu’il ne puisse se tourner vers eux, le fusil de sniper de Jun tonna et il fut satisfait de voir que le véhicule piqua soudainement du nez, avant de s’écraser au sol dans une boule de flammes.
« Pas mal pour un vieillard. » Rosenda lui donna une tape sur l’épaule avant de se diriger vers l’entrée de l’Académie.
Il voulait rétorquer, « Tu sais qu’on a qu’un an d’écart ? », mais au même moment, la porte blindée commença à s’ouvrir. Jun la mit en joue avant de voir quatre Spartans sortir de l’atrium.
« Confirmation visuelle de la commandante Agryna et de trois autres survivants, » rapporta Rosenda au pilote de Bravo-198. « Préparez-vous au décollage. »
« Reçu. On peut partir dès que tout le monde est à bord. »
Il n’y avait pas de temps pour les présentations, les plaisanteries ou les platitudes. Jun fit simplement signe aux survivants de le suivre jusque dans la baie de déploiement du Pélican.
Il fit un signe de tête à Vesco quand il embarqua. Les Riftborns étaient généralement déployés en duo, mais il n’y avait aucun signe de son allié Sangheili. Vesco fut suivi par les Spartans Dinh, Eklund, et enfin, Agryna.
« On est bons, » dit Rosenda en se dirigeant vers le cockpit. « Ne traînons pas. »
« Où allons-nous ? » demanda Agryna alors que le Pélican gagnait en altitude.
Jun lui fit face, mais le regard d’Agryna était fixé sur le paysage de Nysa à travers le hublot de la baie de largage. « Ce Pélican va nous emmener sur le Symmetry pour prodiguer les soins médicaux nécessaires. Puis nous sauterons jusqu’à la station Anvil, où nous pourrons nous regrouper et faire un débrief. »
Le Pélican accéléra hors de l’atmosphère, et l’Académie Avery J. Johnson devint de plus en plus petite à travers le hublot.
« J’aurais dû rester, » marmonna Agryna d’une voix rauque alors qu’elle abandonnait Nysa.
Jun s’assit dans un siège et soupira. Il s’était dit la même chose autrefois, et avait considéré de toutes les façons dont les choses auraient changé s’il était resté avec son équipe durant la chute de Reach…
Mais il avait suivi les ordres, et honoré son devoir de protéger toute l’humanité et de participer aux batailles à venir.
VESTIAIRES DU TERRAIN D’ENTRAÎNEMENT // 0448 HEURES
La caporale Agnes Neely, le soldat Patton et une douzaine d’autres marines avaient établi une position défensive dans la pièce attenante au laboratoire d’IA. Deux petits escaliers descendaient vers une douzaine d’armoires d’équipement pour Spartans entourant la porte blindée qui menait au terrain d’entraînement. L’espace était réduit, mais il n’y avait plus aucune autre échappatoire. Ils avaient installé quelques barricades improvisées, pour la forme, mais il n’y avait plus de place pour le doute. Ce serait le dernier combat.
Les volets blindés étaient fermés, plongeant la pièce dans une noirceur presque complète. Les seules sources de lumière étaient les lampes-torches accrochées aux fusils d’assaut des marines, et toutes étaient dirigées vers la porte menant au terrain d’entraînement.
La disparition des bruits de combat étouffés au-dehors semblait comme le calme avant la tempête. Le bâtiment ne tremblait plus sous les attaques des Banshees.
L’ennemi serait bientôt à leurs portes.
Neely entendit Patton se maudire lui-même d’une voix basse et rauque, et ses mains qui tenaient son fusil pointé vers la porte tremblaient. Elle ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir peur, et de regretter de ne pas être monté dans le Pélican pour s’échapper et survivre. Sur le moment, il était facile d’agir avec courage et noblesse, mais dans le silence qui s’ensuivait, pesant tout le long du temps de plus en plus court qu’il leur restait à vivre, naissait le doute.
Avant qu’elle ne puisse donner une tape de réconfort sur l’épaule de Patton, quelque chose de très puissant frappa contre la porte blindée, attirant l’attention des marines.
Les coups continuèrent encore et encore, tordant l’alliage de la porte vers l’intérieur. Elle grinçait et craquait à chaque impact, avant qu’un ultime coup ne finisse par en avoir raison.
Les rayons du soleil levant jaillirent de la porte maintenant ouverte, et une grande figure armurée s’y engouffra, jetant son ombre sur les marines.
Avant que Neely ou Patton ou qu’aucun autre marine ne puisse réagir, cette figure était dans la pièce, l’arme épaulée. Le premier coup fut porté avant qu’un tir ne se fasse entendre, puisque le Mutilateur que portait cette figure frappa une barricade, et l’impact gravitique la propulsa contre le mur au fond de la pièce, avec les trois marines qui s’y protégeaient. Le métal écrasa la chair, les os craquèrent et se brisèrent, et toute la pièce fut éclairée par les coups de feu des fusils d’assaut répondant à l’intrus.
Le Mutilateur fit feu avec vacarme, propulsant une douzaine d’épines surchauffées qui se plantèrent dans le flanc gauche de Patton, transperçant son armure, ses vêtements et sa chair. Il ne cria pas lorsqu’il tituba un instant avant de s’effondrer sur les escaliers, répandant son sang sur le sol grillagé.
Neely pouvait voir la figure plus distinctement à mesure qu’elle montait le premier escalier, projetant deux autres marines en portant un coup avant le marteau antigravité monté sous le canon du Mutilateur. Elle ressemblait à un Spartan, mais son armure Mjolnir était définitivement modelée d’après une armure augmentée jiralhanae.
Neely fut distraite par plusieurs Jiralhanaes entrant dans la pièce à travers la porte défoncée, ses yeux quittant un instant le Spartan paria.
Cette erreur lui fut coûteuse. Neely sentit brusquement une puissante poigne enserrer son épaule, et une seconde plus tard, le canon du Mutilateur était pressé contre son cœur.
LABORATOIRE D’IA // 0500 HEURES
Ilsa Zane rejoignit le centre du laboratoire d’IA de l’Académie.
Laissant derrière elle les barricades retournées et les corps sans vie, la Spartane paria jeta un regard désintéressé au résultat de la bataille avant de se tourner vers son objectif.
« Amène-la-moi, Praedus. »
Un capitaine Jiralhanae grogna et poussa un membre du personnel de l’Académie au centre de la pièce.
« Qui avons-nous là ? » demanda Zane.
« Vous semblez déjà le savoir. » La voix de l’ingénieure en chef Hannah Roberts était tremblante, mais directe.
« Oui, oui, miss Roberts, je me suis briefée. » Zane désigna la console contenant Iratus. « Soyez un ange et libérez l’entité. »
Sentant la résistance de l’ingénieure, Zane clarifia : « Ne pensez pas que nous sommes en train de négocier. Si vous me faites perdre mon temps, il y aura des conséquences désagréables pour nous deux. »
« Pourquoi faites-vous tout ça ? »
« Nous avons tous nos raisons, miss Roberts. J’étais orpheline. J’ai perdu une personne chère. Je me suis cassé une dent. Je me suis levée du côté tribord du cuirassé. Choisissez. »
« Je peux comprendre que vous puissiez détester les Spartans, mais vous ne- »
« Votre tentative d’empathie ne m’intéresse pas, » l’interrompit Zane. « L’entité. Tout de suite. »
« Vous ne craignez pas les risques ? » insista Roberts. « Ça ne s’est pas exactement bien passé la dernière fois que quelqu’un l’a mis dans sa tête. »
« Bah, ne vous inquiétez pas pour moi. Je suis sûre que notre ami trouvera mes accommodations bien plus confortables. »
La vie d’Ilsa Zane était une série d’épreuves et de risques, et cela ne changerait pas aujourd’hui. Sa patience était à bout. L’ingénieure en chef avait peut-être quelque chose à ajouter, mais elle ne l’exprima pas. Marchant d’un pas raide vers la console d’IA centrale, ses mains entrèrent adroitement et délibérément une commande sur le panneau de contrôle. Quelques instants plus tard, la console émit un signal sonore et une puce d’IA en sortit.
« Voilà, » déclara Roberts. « Il est dedans. »
Zane s’avança, fixant intensément la puce alors qu’elle la retirait lentement de la console, inspectant ses contours et la pulsation de lumière rouge en son centre.
« J’espère que vous vivrez heureux à deux. » Roberts semblait soudainement confiante, voire défiante. Zane y prêta à peine attention.
« J’admets que vous avez des tripes, miss Roberts. » Se détournant de l’ingénieure en chef et de la console, Zane adressa un signe à Praedus en se dirigeant de nouveau vers le vestiaire. « Elles sont par terre, mais je les respecte. »
La Spartane paria ne regarda même pas la scène qui s’ensuivit. Elle savait que Praedus suivrait ses ordres immédiatement et efficacement. Elle entendit à peine le son du sang et des viscères tombant sur le sol du laboratoire, les derniers instants de l’ingénieure en chef Hannah Roberts, alors qu’elle examinait intensément la puce d’IA une dernière fois, avant de l’insérer dans le port de son casque.
La réponse fut immédiate. Les bords de son champ de vision devinrent rouges, elle sentit de la glace remplir son système nerveux et une présence entrer dans son esprit.
« On se réveille, Iratus. Fais comme chez toi. »
À la prochaine fois pour la traduction de la prochaine Waypoint Chronicle !
Retrouvez les autres histoires de la série :
- Vertical Umbrage
- Winter Contention
- Une Aube sur Sanghelios
- Saturne dévorant un de ses fils
- La Bataille pour la lune de sang
- L’Épreuve du jugement
- Hippocratica
- Fireside
- La Troisième vie
- L’Accord Anvil
- La Machine se brise
- Sonate vénézienne
- L’Âge de la rétribution
- Les Murmures de Pyre
- Tulpamancie
- Du Sol aux étoiles
- La Bataille de l’Académie – Partie 1
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