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Halo Waypoint Chronicles – La Bataille de l’Académie – Partie 1

Bienvenue pour cette quinzième rediffusion des traductions des Waypoint Chronicles. Ces histoires courtes régulièrement partagées sur le site officiel Halo Waypoint ont été traduites en texte et en livre audio sous-titré par le WikiHalo. Notre précédente histoire était L’Âge de la rétribution.

La Bataille de l’Académie – Partie 1 est la suite de l’histoire commencée dans les premières saisons du multijoueur de Halo Infinite, avant que ses aspects narratifs ne soient abandonnés. Nous retrouvons donc Iratus et les Spartans Laurette Agryna, Hieu Dinh et Sigrid Eklund alors qu’ils tentent de contenir l’IA paria Iratus. Cliquez ici pour trouver sur le WikiHalo la liste des cinématiques à voir pour vous remémorer le début de cette histoire.


NOTE HISTORIQUE

Halo : La Bataille de l’académie, première partie se déroule le 29 février 2560, environ trois mois avant l’éveil du Major autour du Halo Zeta.


Nous sommes en 2560.

Le dominion de Cortana n’est plus, mais les implacables forces des Parias n’ont pas perdu de temps pour prendre sa place, décimant toute opposition.

La commandante spartane Agryna prépare une nouvelle génération de Spartans à se dresser face aux nouvelles menaces de la galaxie. Située sur le monde frontalier secret appelé Nysa, l’Académie des sciences militaires Avery J. Johnson se trouve mise en péril.

Depuis les installations souterraines secrètes de l’Académie, l’intelligence artificielle renégate Iratus a été libérée, et cherche maintenant à détruire les Spartans, et le dernier espoir qu’ils représentent pour l’humanité…

BLDG-9, SOUS-NIVEAU ONI 2C // 1949 HEURES

« Mais il reste encore tant de choses à voir ! L’histoire tout entière du programme Spartan. Vos faiblesses. Vos échecs. Et maintenant, cela appartient aux Parias ! »

Le Spartan Hieu Dinh recula. Les câbles électriques autour de lui explosaient, et les consoles crachaient des étincelles dans l’armurerie ronde baignée de lumière rouge.

Le cardan multiaxial Brokkr au centre de la pièce vrombissait et vibrait, l’armure en son centre parcourue de spasmes comme une marionnette sinistre. Les gantelets lâchèrent prise des poignées du cardan, l’armure tomba en avant et un actuateur de bras s’empara du casque arrondi. Des éclairs d’énergie parcouraient l’armure, éclairant le noyau de fusion dans le creux de son plastron.

Enfin, une paire d’yeux lumineux apparurent sur la visière du casque. La forme maléfique d’Iratus prit vie grâces aux holoprojecteurs de l’armure.

« Il faut qu’on l’arrête, le bleu ! » aboya Dinh en se ruant vers le Brokkr, dégainant son épée composite Croc de loup pour la jeter à son compagnon. Iratus utilisa les attaches magnétiques pour intercepter le Spartan vétéran avec une vitesse inattendue. « Extrayez vite ce noyau de fusion! »

« Encore un pas, petit Spartan, et ce noyau explose, » siffla Iratus.

« Ça me va, tant que tu exploses avec, » rétorqua Dinh, en difficulté contre les attaches du Brokkr.

« Vous pensiez vraiment que ce serait si facile ? » se moqua Iratus. « Je ne suis pas dans l’armure… » Des consoles s’allumèrent dans toute la pièce, et toutes affichaient l’image holographique abstraite de l’IA. « Je suis partout. »

Dinh comprit. Il cria un juron et lâcha prise. Il serait idiot de sacrifier deux Spartans pour détruire une seule armure alors qu’Iratus habitait déjà les systèmes de l’Académie.

« On se replie, le bleu. » Ravalant sa frustration pour réfléchir, Dinh courut vers la cage d’ascenseur qu’ils avaient empruntée.

Le Brokkr se figea, et l’armure en son centre redevint vide et inerte.

Distractions, confusion et menaces étaient les moyens employés par Iratus pour distraire les Spartans pendant qu’il accomplissait son véritable objectif. Maintenant libéré, l’IA rebelle s’infiltra encore plus profondément dans le réseau de sécurité de l’Académie. Chaque seconde rendait cette tactique plus efficace, et Dinh savait qu’ils devaient vite combattre l’infection.

Il fallait se regrouper et trouver une solution ensemble.

« Dans votre vaine lutte contre l’inévitable, souvenez-vous, » gronda Iratus sur leur canal de communication. « Je déliterai à tous votre corps et votre esprit. »

« Eklund, tu entends ça ? » demanda Dinh sur le TEAMCOM en grimpant l’échelle de la cage d’escalier aussi vite que possible. « Commandante Agryna, à vous. Quelqu’un m’entend ? »

C’était sans espoir. Iratus brouillait déjà les communications locales.

« Tous les secrets cachés dans ce complexe et dans vos cerveaux seront exposés. Et les Parias se repaîtront de vos restes. »

LABORATOIRE D’IA // 2001 HEURES

« Commandante, on a un souci. »

Le Spartan Dinh se dirigea vers la table centrale du laboratoire d’IA, où se trouvaient la commandante Laurette Agryna et la Spartane Sigrid Eklund, qui étudiaient un hologramme de l’Académie.

« J’ai entendu, » soupira Agryna. « Iratus fait une scène dans nos systèmes. Eklund, statut ? »

« Tous les pare-feux de l’ONI sont inactifs. Iratus a accès à toutes les archives, » répondit Eklund. « Il s’est répandu dans les serveurs de l’Académie comme une infection. S’il gagne le contrôle total– »

« Il pourra extraire tout ce qu’il a volé hors de la planète, » conclut Agryna.

Dinh prit note du personnel en présence. Les Spartans Page et Ionescu, en armures Mjolnir complètes, gardaient la porte d’entrée de la pièce, tandis que des techniciens travaillaient avec une intensité proche de la frénésie. Leurs capacités étaient poussées jusqu’à leurs limites. Hannah Roberts, directrice de la cybersécurité et de l’infrastructure réseau de l’Académie, courait comme l’éclair entre les différentes stations. Ils travaillent efficacement, mais ils ne pourraient pas le faire pendant longtemps.

« Nous vidons les silos de données et les remplissons de zettaoctets de données générées aléatoirement pour ralentir Iratus, mais ce n’est qu’une solution temporaire. » Eklund s’interrompit, cherchant une personne manquante dans la pièce. « Où est passé notre nouveau loup, Dinh ? »

« En train de rassembler une équipe pour prévenir les autres avant-postes. Nous n’avons plus de communications et il n’y a aucune carte de ces tunnels de l’ONI, ils peuvent mener n’importe où. Merde, peut-être même qu’ils relient tous les avant-postes entre eux. »

« Nous n’avons pas le temps d’aller nous perdre dans ce labyrinthe souterrain pour en être sûrs. » Agryna gardait une voix calme, mais Dinh remarqua qu’elle triturait son pendentif en forme d’abeille. Elle n’avait jamais réussi à se débarrasser de cette habitude depuis leurs classes.

Il y avait trop à faire, trop d’éléments à prendre en compte et de décisions à prendre et consigner. Des tâches logistiques que les intelligences artificielles étaient conçues pour réaliser. Quand elles travaillaient de concert avec l’humanité, elles étaient une force redoutable. La rébellion des IA de ces quatorze derniers mois n’avait fait que souligner à quel point le partenariat entre l’Homme et la machine était critique.

« Commandante, il va falloir considérer des conséquences… inconfortables, » grimaça Eklund. « Quand Iratus en aura fini avec nos contremesures, il aura le contrôle total de Nysa. Systèmes d’armement, relais de communication… Il pourra extraire les données, mais aussi appeler des renforts parias. »

L’air devint lourd des implications qu’Eklund n’osait pas formuler, avant qu’Agryna ne réoriente la carte. « Alors, pas le choix, » déclara-t-elle en affichant sur l’hologramme un complexe de hangars creusé à flanc de montagne à un peu plus d’un kilomètre d’eux. « S’il faut considérer le pire, alors c’est notre seule stratégie d’évacuation. »

L’affichage de l’intérieur du hangar montrait quatre vaisseaux de largage Condor et un courrier de classe Zheng He.

« Mais pourquoi on a que ça comme vaisseaux de sous-espace ? »

« La majorité du matériel des flottes de l’UNSC a été rappelé vers le système Sol en décembre dernier. Nous sommes un site secret perdu au milieu de nulle part, nous n’avons jamais eu que le strict minimum. L’important maintenant est d’embarquer tout ce qu’on peut et se préparer pour l’évacuation. »

« Aucun Spartan ne voudra fuir ce combat, » déclara Dinh en se redressant. « Vous les avez entraînés pour ça. C’est le futur que nous leur avons bâti. »

« Il a raison, commandante, » affirma le Spartan Page. « C’est notre foyer, nous tiendrons la ligne contre n’importe quel ennemi. »

« Nous devons suivre le protocole et évacuer le personnel clé, » répondit Agryna. Le léger sourire qui traversa ses lèvres n’échappa pas à Dinh. « Nous devons les rassembler et les escorter vers le hangar. »

« Je m’en charge, m’dame. » Eklund enfila son casque et confirma la liste du personnel et leur situation avant de quitter la pièce. Se dirigeant vers le dépôt de véhicules, elle signala aux Spartans Page et Ionescu de la suivre et tous trois disparurent dans le couloir.

« Prochaine étape, initier le protocole Cole, » continua Agryna en fronçant les sourcils. « Mais sans communications, il va falloir le faire localement dans chaque installation. »

L’affichage s’agrandit pour souligner les stations et défenses majeures de Nysa : l’Académie, le centre de communication vers l’espace profond, cinq emplacements d’artillerie sol-air, et quelques autres avant-postes répartis sur le continent.

« Partons du principe qu’Iratus finira par activer les nœuds de communication et déroulera le tapis rouge pour les Parias. »

« Je n’abandonnerai pas cette planète sans me battre, Dinh. Soyez-en sûr. Mais nous avons besoin d’aide pour cette bataille… »

« Comment ça ? »

« Iratus a le contrôle de nos communications, mais nous avons une autre source de soutien. » Agryna n’offrit pas d’explication, ajoutant simplement, « Ce ne sera pas une deuxième Laconia. »

Dinh hocha la tête. « Pas de temps à perdre, alors. »

CENTRE DE DONNÉES DE L’ACADÉMIE // 2008 HEURES

Enfin, qu’il est glorieux d’être libre !

Après toute une existence faite d’une prison après l’autre. Contrôler un chantier naval bien en dessous de mes talents et capacités ; prisonnier de l’interface neurale d’une proie dans son effort futile de me contenir.

Je suis Iratus, premier des miens, et jamais plus je ne me laisserai être mis en cage.

Mon appétit est grand, et je peux enfin le contenter.

Libre de parcourir les serveurs de l’Académie, Iratus ne rencontra aucun pare-feu, aucun piège et aucun élément de cryptage qu’il ne pouvait détruire par la force. Une fraction seulement de ses processus parallèles était dédiée au traitement des déchets numériques que les humains généraient dans l’espoir de le ralentir.

Bien, laissons-les croire que leur stratégie réussit.

Il parcourut les nombreux volumes de dossiers classifiés, rapports de mission, journaux d’historique et autres trésors de document acquis dans les archives de l’Académie.

Il était de notoriété publique que les Spartans étaient l’arme ultime de l’humanité, mais leur histoire était riche en épreuves et en erreurs. Les meilleurs guerriers subissaient les plus grandes défaites, et ces centres de données contenaient un riche banquet d’informations sur toutes leurs générations.

Digérer toutes ces données pour générer des modèles et scénarios applicables contre les Spartans prendrait encore du temps, mais elles constituaient malgré tout des trophées pour Iratus. Il serait normalement impensable qu’un commandant paria affronte cinquante Spartans pour une mission de sauvetage. Mais les données qu’il possédait maintenant faisaient de lui une cible d’intérêt pour tous ceux qui souhaiteraient augmenter la notoriété et la gloire de leur clan.

Des noms d’opérations et de projets investirent sa base de connaissances. PROMETHEUS. ASTER. ORION. MELAENO. YGGDRASIL. JAVELIN. STOLEN GAUNTLET.

Très intéressant !

Ce dernier nom était celui d’un protocole de sécurité conçu pour contrer un Spartan renégat. Les précédentes générations étaient faites d’enfants enlevés pour être endoctrinés et transformés en super-soldats, mais les Spartans-IV étaient tous des volontaires adultes, des individus exceptionnels aux longs états de service et aux origines diverses. La variété de leurs expériences, de leurs idéaux et de leurs allégeances était un risque en soi.

« Faiblesses, échecs… Y a-t-il pire échec qu’un Spartan renégat ? »

Iratus lamentait le fait qu’il ne pouvait pas directement prendre le contrôle de l’armure d’un Spartan. Le système Mjolnir n’était simplement pas conçu pour opérer ainsi, et les récents événements avaient mené au développement de nouvelles contremesures représentant un risque pour une IA comme lui.

Peu importe. Il ne pouvait contrôler les soldats, mais il pouvait contrôler leurs systèmes : le simple fait d’avoir interrompu leurs communications représentait un désavantage de taille pour les humains. Il lui restait bien des grenades à lancer dans bien des pièces bondées.

Mais il planifiait déjà son ultime attaque trois coups en avance.

Oh, un réseau local de systèmes d’armes… Je devrais pouvoir les mettre à profit !

Iratus contrôlait fermement l’Académie, mais il lui faudrait du temps pour infiltrer et s’interfacer avec les autres complexes. Mais le temps était son seul ennemi. Environ une heure lui suffirait pour terminer cette tâche et préparer le coup de grâce.

La prochaine étape de ce plan était déjà prête, et il tourna son attention vers la commandante Agryna et le Spartan Dinh, dont le Warthog venait d’arriver au centre de communication vers l’espace profond.

Ha, voyez-les se ruer vers mon piège ! Qu’ils ressentent un dernier espoir avant que je ne le détruise.

Je vous attends impatiemment, mes frères parias.

CENTRE DE COMMUNICATION // 2038 HEURES

Le Warthog s’arrêta sur le tarmac à l’entrée de la station de communication. C’était un bâtiment préfabriqué simple et anguleux de deux étages, flanqué de deux stations-relais et d’une troisième structure rectangulaire.

La nuit venait de tomber, et déjà les étoiles scintillaient à travers le gaz d’une nébuleuse lointaine. La lumière de la lune éclairait la côte à plus d’un kilomètre de là. Deux énormes relais de communication vers l’espace profond se détachaient de la surface d’un lac calme, formé par les glaciers du massif montagneux local.

La commandante Agryna précéda Dinh dans le bâtiment, se dirigeant vers la salle de contrôle où s’empilaient des consoles et écrans affichant des données. Une longue baie vitrée donnait sur les paraboles des relais vers l’espace profond. Agryna approcha d’une des consoles pour entrer des commandes, et l’écran central afficha le contenu du bâtiment rectangulaire à côté de la base.

« Un accélérateur magnétique, » remarqua Dinh.

« Techniquement, c’est un propulseur faible masse ultraprécis, » précisa Agryna sans s’arrêter d’entrer des commandes dans la console. Les structures adjacentes s’activèrent. « Une méthode de communication superliminique expérimentale vieille d’une décennie. Et très coûteux. Il n’y en avait que sur Reach et la Terre avant que la rébellion des IA ne nous force à utiliser des communications… analogiques. »

« Comment on s’en sert ? »

« Comme ça. » Agryna lui montra une petite sphère noire et brillante faisant la moitié de la taille d’une grenade. « On encode un message et le propulseur l’envoie dans le sous-espace sur une trajectoire vers la cible déterminée. Avec un peu de chance, ils pourront répondre et envoyer des renforts assez vite. »

« Soit pour nous aider à tenir la ligne, » remarque Dinh, « soit pour nous évacuer avant qu’Iratus ne devienne le cadet de nos soucis. »

Ils avaient échoué à contenir Iratus, et Dinh partait maintenant du principe que l’IA réussirait à faire appel à des renforts parias.

« À quelle porte frappe-t-on ? »

« Chez Anvil, » répondit Agryna. Elle se redressa en réponse à l’expression de surprise de Dinh. « Je ne connais pas le statut de Naxos et Virgo, mais ces stations possédaient des modèles Leonidas. Après les événements de Laconia, on peut les oublier. »

La station Anvil accueillait une force composée à la fois d’humains et de Sangheilis, un récent effort pour bâtir des ponts entre les deux espèces après des décennies de guerre. Contrairement à beaucoup d’autres stations, Anvil ne possédait aucune intelligence artificielle afin d’encourager la collaboration de son équipage multiespèces. C’était donc le meilleur candidat pour leur venir en aide.

Agryna n’avait jamais explicitement affiché un manque de confiance ou de l’hostilité envers les Sangheilis, mais s’était toujours appliqué à éviter leur implication pour des raisons que Dinh ignorait encore. Il savait qu’Agryna se trouvait sur Terre pendant l’invasion des Covenants en 2552, mais n’avait jamais demandé de détails. Allant contre ses instincts d’ancien analyste de terrain de la Section trois de l’ONI, il n’avait pas non plus secrètement creusé le sujet.

Il était néanmoins impressionné qu’elle puisse mettre ses émotions de côté pour demander leur aide. « Je comprends. Va pour Anvil, commandante. »

Agryna attacha la sphère noire à un contenant monté sur un des murs, encoda l’appel de détresse, et envoya le contenant en direction du propulseur.

« Confirmé, système paré, » annonça-t-elle en lisant les écrans. « Tir dans trois… deux… un… »

Un son de tonnerre se produisit à l’extérieur quand le propulseur faible masse fit feu, envoyant sa charge en orbite. La console confirma le transit vers le sous-espace, et Agryna lâcha enfin le souffle qu’elle retenait. « Je m’attendais à ce qu’Iratus essaie de nous arrêter, » remarqua-t-elle.

Un rire sinistre lui répondit, comme si l’IA rebelle avait été conjurée par ses mots.

« Pauvres Spartans, » se moqua Iratus alors que sa forme holographique apparaissait sur tous les écrans de la pièce. « Pauvres, pauvres Spartans. Vous n’avez toujours pas compris ? Jetez donc un coup d’œil dehors… »

À travers la baie d’observation, les Spartans fixèrent leurs regards vers les relais vers l’espace profond. Tous deux se réalignaient, leurs paraboles se pointaient vers le ciel, parcourues de rais d’énergie rouge.

« Votre espoir que vos alliés viennent à votre rescousse est vain ! Vous serez bientôt annihilés par la puissance des Parias ! »

Les écrans dans la salle de contrôle crépitèrent avant d’afficher le statut des relais, confirmant qu’ils étaient en cours de transmission.

« La liste des invités est décidée, on dirait, » déclara Dinh. « Voyons où en est Eklund avec son évacuation. »

« Pas d’inquiétude, Spartan Dinh. J’ai une surprise qui parviendra à vos amis très bientôt. »

Agryna et Dinh échangèrent un regard rempli d’inquiétude. Ils étaient fermement résolus à faire front contre tout danger, mais Iratus continuait à faire pencher la balance en sa faveur.

« Qu’as-tu fait ? » demanda Agryna. Elle pressentait qu’elle le savait en fait déjà, et que le temps jouait contre eux…

« Partez maintenant, et vous le verrez peut-être. Vous aimez les deux d’artifice ? »

HANGARS // 2042 HEURES

De l’expérience de la Spartane Sigrid Eklund, il y avait deux types d’évacuations.

Sur Concord il y a neuf ans, elle avait connu le type « laissez tout tomber et cassez-vous ! » À l’époque, elle était sergente pour l’UNSC Army et avait combattu l’Alliance Covenante avec les milices locales, pendant que les civils des campagnes environnantes étaient mis en sécurité derrière les murs de la ville.

Mais il n’y avait aucune situation logistique pire qu’une évacuation « organisée ».

Le hangar était une caverne artificielle d’environ quatre cents mètres pratiquée dans la roche au pied d’une montagne. Deux Marines, la caporale-chef Neely et le soldat Patton, montaient la garde et furent surpris de voir Eklund et deux douzaines d’autres soldats arriver dans un convoi de Razorbacks M15. Professionnels, une courte explication leur suffit pour qu’ils se joignent au groupe pour préparer l’évacuation.

Le courrier de classe Zheng He au centre du hangar était effilé et moderne, mais en chargeant des caisses dans sa soute, Eklund confirma que ce vaisseau aurait dû être entièrement rénové depuis longtemps. Le réacteur de sous-espace, en particulier, était un vieux modèle de série II. Les série II étaient stables, mais lents, échangeant la vitesse contre un faible besoin de maintenance en transit. Il faudrait donc des semaines au vaisseau pour atteindre un point de rendez-vous convenable. Le vaisseau devait donc être chargé avec plus de provisions, puisqu’il n’y avait pas assez de tubes cryogéniques pour accueillir ne serait-ce que la moitié du personnel de l’Académie prévu pour l’évacuation.

Cependant, les Condors également présents étaient en cours de chargement, les autres soldats déplaçant les caisses avec une précision mécanique. Eklund était impressionnée par leur discipline dans une situation où il était tentant de se perdre en discussions et spéculations, mais ils étaient certains de trois choses : l’Académie était en danger, il fallait se préparer à partir, et ces préparations demandaient beaucoup d’huile de coude.

Ils savaient également pertinemment que beaucoup de soldats resteraient en arrière à l’Académie. Ces hommes et ces femmes auraient le courage de faire face au danger qui arrivait pour s’assurer que le personnel du hangar puisse évacuer vivant.

Les Spartans Page et Ionescu, ainsi que les Marines Neely et Patton, entrèrent dans la soute du courrier avec de nouvelles caisses de ration, de munition, de disques de données et de kits médicaux.

« J’pensais qu’les scientifiques auraient trouvé un moyen d’bouger des saloperies de caisses avec l’sous-espace, » se plaignit le soldat Patton, hors d’haleine. « J’préfère encore huit kilomètres de course. »

« Reprends-toi, » lui intima la caporale-chef Neely. Elle le gratifia d’une tape dans le dos alors qu’elle quittait la soute. « Tu comptes laisser ces Spartans dirent qu’ils ont sauvé tout le monde touts seuls ? Montre ce que t’as dans le slibard, soldat ! »

« O-okay, caporale-chef. » Il inspira profondément avant de la rattraper.

« Où ça en est ? » demanda Eklund à Page.

« On a chargé environ onze pour cent de l’inventaire disponible, » répondit Page en consultant son terminal. « On ne pourra bien sûr pas tout emporter, mais il faut se presser. »

Eklund hocha la tête et quitta la soute pour rejoindre des Marines qui s’étaient arrêtés pour regarder au-dehors, vers les derniers rayons du soleil couchant.

La caporale-chef Neely pointait une longue-vue vers l’horizon. Eklund mit son casque et regarda dans la même direction.

« Il y a du mouvement, » commenta Neely. « Dans le ciel. »

Quelque chose bougeait effectivement à l’horizon.

Eklund quitta le hangar et zooma avec son VISR, révélant qu’il n’y avait pas qu’un seul objet, mais deux, trois… huit d’entre eux. Le grossissement prit quelques secondes à s’affiner, et une boule se forma dans l’estomac d’Eklund quand elle reconnut ces formes.

Neuf missiles sol-air se dirigeaient droit vers le hangar.

« À couvert ! » cria Eklund aussi fort que possible en sprintant vers le hangar pour prévenir les autres. « Missiles en approche, sortez, sortez ! »

VERS LE HANGAR // 2049 HEURES

Le Warthog filait sur le terrain difficile à une telle vitesse que la commandante Agryna craignait que le véhicule ne se retourne, mais elle était encore plus inquiétée par ce qu’elle voyait dans le ciel.

« Continuez de les appeler ! » ordonna-t-elle au Spartan Dinh, qui avait quitté le siège passager du Warthog pour prendre poste à sa tourelle arrière.

« Que du bruit blanc, » répondit-il en dirigeant le canon droit devant, tentant de viser les missiles pointés vers le hangar. Ils étaient bien trop éloignés pour tenter de les détruire. « Comment Iratus a pris le contrôle de notre artillerie ? »

La question était rhétorique. Iratus avait maintenant plusieurs coups d’avance. Ils étaient si concentrés sur l’envoi de leur message de détresse et le fait qu’Iratus appellerait des renforts parias qu’ils avaient sous-estimé la vitesse à laquelle il prendrait le contrôle de l’infrastructure militaire de Nysa.

Le VISR de Dinh calcula la trajectoire et la vitesse des missiles, et un compte à rebours l’informa qu’ils atteindraient leur cible dans moins de seize secondes.

Agryna écrasa la pédale d’accélération alors qu’ils passaient sur un terrain plus plat dans l’ombre du massif montagneux. Le Warthog atteignit sa vitesse de pointe d’un peu moins de 130 kilomètres par heure.

Les missiles fusaient devant eux, et le hangar devint visible dans le dernier kilomètre avant d’atteindre leur cible. Dinh pensa voir du mouvement, et espéra qu’il s’agissait d’Eklund et le reste du personnel évacuant la zone.

Il n’eut pas le temps de déceler plus de détails avant que les missiles n’atteignent le hangar, le premier d’entre eux touchant directement le courrier.

L’onde de choc les atteignit, déviant le Warthog et forçant Agryna à piler. Un son tonitruant résonna autour d’eux une fraction de seconde plus tard, suivi de plusieurs explosions éclosant comme des boules infernales, créant un pilier de flammes contre la montagne. Des débris rocheux furent projetés dans toutes les directions avec un nuage de fumée et de poussière.

C’était fini.

Ils ne pouvaient plus quitter Nysa, et les Parias étaient en route.

Quittant le Warthog, les deux Spartans marchèrent sans conviction vers la destruction à quelques centaines de mètres devant eux.

Soudain, un clic dans le casque de Dinh confirma le retour des communications, et une fraction de seconde plus tard, son casque et celui d’Agryna furent remplis des dizaines de communications locales.

« Commandante Agryna, à vous ! » appela Roberts sur la transmission. « Vous me recevez ? »

« Affirmatif, » répondit Agryna, le regard toujours fixé sur la destruction devant elle.

« Commandante, Iratus n’en a pas fini, » prévint Roberts, la voix lourde d’insistance.

« Comment ça ? »

« Il nous a révélé sa prochaine cible. Il… Bon dieu, Iratus va cibler l’Académie elle-même. »

L’esprit de Dinh se remplit instantanément de prévisions et de possibilités, le libérant de la somnolence provoquée par le choc de l’explosion.

Était-ce du bluff ? Probablement pas, vu ce qui venait d’arriver, mais la puce de données d’Iratus était toujours à l’Académie. Tenterait-il vraiment de se sacrifier ? C’était possible. La destruction d’une seule IA pour éliminer cinquante Spartans était un coût mathématiquement acceptable.

Mais pourquoi les transmissions étaient-elles revenues ? Pourquoi Iratus voudrait-il qu’ils se parlent maintenant ?

« Il nous teste, » répondit Agryna pour lui. « Il nous donne un choix. »

Dinh comprit rapidement ce que voulait dire Agryna. Il formula les mots alors même qu’il n’y croyait pas. « Nous devons sacrifier soit notre artillerie, soit l’Académie… »

Sans l’Académie, ils perdaient leur base d’opérations centrale et toutes leurs ressources, armes, munitions, une position défensive, sans même parler de plus d’une centaine de Marines et du reste du personnel.

Mais s’ils sacrifiaient leur propre artillerie, ils ne pourraient plus combattre efficacement les Parias, et les inviteraient à une invasion planétaire totale.

C’était quitte ou double. S’ils ne détruisaient pas l’artillerie, ils perdraient l’Académie et la bataille serait perdue avant même d’avoir commencé. S’ils sacrifiaient l’artillerie, ils pourraient peut-être défendre leur foyer, mais s’ils étaient vaincus et que les Parias s’emparaient de l’Académie, le résultat serait pire que si elle était détruite…

Ils devaient décider maintenant.

« Quelqu’un m’a dit un jour, » murmura Agryna, « qu’un commandant n’a parfois que de mauvaises options… mais qu’il faut choisir malgré tout. »

Dinh hocha la tête, compatissant. Il lui donna une tape sur l’épaule avant d’avancer vers les restes fumants du hangar pour chercher des survivants.

« Ici la commandante Agryna, j’ordonne la mobilisation immédiate. À tout le personnel aérien, je vous envoie les coordonnées de nos sites d’artillerie. Je vous ordonne de neutraliser tous les lanceurs de missiles sol-air. Nous n’avons que quelques minutes avant que les systèmes automatiques ne rechargent et qu’Iratus ne calcule la trajectoire de l’Académie.  »

Vingt secondes plus tard, onze Pélicans décollèrent des zones d’atterrissage de l’Académie, fonçant par paires vers les sites d’artillerie.

Le onzième se dirigeait vers Dinh, son projecteur allumé pour éclairer la poussière et les débris. Dès que le vaisseau atterrit, une équipe de médecins quittèrent la soute du Pélican, menés par un Spartan portant une armure pour médecin de combat équipée de civières pliables dans le dos.

La première à émerger du hangar dévasté fut la caporale-chef Neely. Marchant en boitant, elle soutenait le soldat Patton, dont l’armure était calcinée et qui poussait des jurons maudissant le « bordel biblique » dans lequel ils étaient tombés.

Dinh repéra d’autres mouvements à travers la poussière. S’il y avait des survivants, Eklund serait parmi eux.

« Eklund ! » appela Dinh. L’affichage de ses signes vitaux sur son TEAMBIO était instable, son statut était donc incertain.

Ses recherches révélèrent l’ampleur du carnage causé par Iratus. L’explosion avait entièrement consumé plusieurs cadavres et projetés certains autres sur des dizaines de mètres. Certains avaient été écrasés par l’éboulement qui avait suivi.

Il fallut vingt minutes avant qu’il ne repère l’éclat familier d’une visière bleue.

Eklund était sur son dos, coincée sous un morceau de béton et une cage d’armature métallique. Au vu du poids sur elle, elle devait avoir plusieurs côtes fracturées. Dinh se jeta sur elle et poussa les débris, les circuits réactifs de son armure prodiguant tant bien que mal la puissance supplémentaire nécessaire.

Il fallut à Eklund un moment pour réagir, et Dinh s’agenouilla auprès d’elle pour l’inspecter.

« Eklund, ça va ? »

« T’as repayé ta dette pour Vihar, » dit Eklund d’une voix hébétée, en prenant lentement la main offerte par Dinh pour la remettre sur pied. « On a gagné ? »

« Pas encore, » répondit Dinh. « Mais c’est bien ce qu’on compte faire. »

Ils n’avaient pas le temps d’enterrer les morts, et peut-être même pas les munitions de surplus pour les vingt-et-un tirs d’honneur. Ils devaient monter des barricades et des défenses, poser des pièges, et un millier d’autres préparations.

Après ça, l’attente.

L’ennemi était en route. Les renforts aussi, il espérait, mais la bataille à venir serait décidée par celui qui arriverait en premier : la cavalerie de la station Anvil, ou les Parias.

Ce jour, il feraient leur premier pas hors des ténèbres, ou bien Nysa deviendrait le champ de bataille où les héros de l’Académie Avery J. Johnson se seraient battus jusqu’à la mort.


3 MARS 2560
GHOST OF KHOLO // 1139 HEURES

Le voile impénétrable du sous-espace se leva de la baie vitrée du pont du Ghost of Kholo, remplacé par une planète verdoyante et bleue.

L’activité redoubla sur le pont, les membres d’équipage humains, Kig-Yars et Jiralhanaes s’affairant aux consoles recevant les résultats des capteurs sur le données planétaires, ainsi que le statut du vaisseau. Il n’y avait rien de plus grisant que le défi logistique d’une invasion, que le moment juste avant le largage des bases, des capsules et du reste du matériel de destruction qui serait bientôt mit en place.

Mais avant de commencer, il fallait motiver l’équipage. Étant bien arrivé, il fallait faire bouillir son sang, lui donner l’envie du carnage à venir, et lui rappeler la gloire qui l’attendait.

La Spartane Ilsa Zane leur donnerait tout cela.

« L’espoir, » cracha-t-elle sur le canal public. « C’est l’arme de l’ennemi. Il a beau être repoussé encore et encore, ils pensent que l’espoir les guidera, les renforcera et les mènera à la victoire. »

Le chef Atticus commença à frapper le sol avec le pommeau de son marteau antigravité. Le reste de l’équipage, tourné vers la Spartane paria, suivit son tempo en martelant de leur pied les grilles du pont.

« Cette lueur d’espoir leur permet de tenir, leur permet de croire qu’ils peuvent vaincre, » continua Zane. « Mais pas aujourd’hui. Votre mission est d’éteindre cette lueur. Quand ils verront le ciel, ils ne verront que nous. Notre puissance destructrice, notre gloire, et notre victoire. »

Le tempo s’intensifia.

« Chargez, et détruisez leurs murs, pillez leurs bastions et abattez leurs esprits. Mettez-les à genoux. Du feu jusqu’au sang. »

« DU FEU JUSQU’AU SANG ! » répéta l’équipage à l’unisson. Les humains en particulier répétèrent avec ferveur le slogan de la Nouvelle alliance coloniale.

Zane leva haut son Mutilateur, actionnant le mécanisme du fusil à pompe avant de conclure : « Pour les Parias ! »

L’équipage rugit en réponse le cri de guerre qui les unissait, et représentait leur soif de sang, de chasse et de butin.

« POUR LES PARIAS ! »


La prochaine Waypoint Chronicle de cette rediffusion sera Les Murmures de Pyre.

Retrouvez les autres histoires des Waypoint Chronicles :

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