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Interview de Loïc « Epyon » Ralet, auteur de « Halo. Le space opéra selon Bungie »

Si vous suivez les actualités communautaires, vous n’êtes probablement pas passés à côté du livre « Halo. Le space opéra selon Bungie » sorti récemment. Loïc « Epyon » Ralet, auteur de l’ouvrage, a bien voulu répondre à quelques questions de la rédaction de Halo.fr à propos de son livre bien sûr, mais aussi sur son passé avec Halo, ses envies et espoirs pour Halo Infinite et l’avenir de Xbox.


Alcorak : Bonjour Epyon, et merci de répondre présent pour cette interview ! Pour commencer, peux-tu te présenter à nos lecteurs qui pourraient ne pas te connaître ?

Epyon : Avec plaisir héhé, ça fait un petit quelque chose, je ne vais pas te le cacher. Eh bien je m’appelle Loïc Ralet, on me connaît plus généralement sous le pseudonyme Epyon, avec lequel je signe les articles que j’écris pour jeuxvideo.com. Je suis le spécialiste Xbox de la rédaction, donc en général si vous vous intéressez à l’actualité de la marque, il y a de bonnes chances que vous soyez déjà tombés sur l’un de mes articles.

Quelle a été ta première expérience avec Halo ?

Ça remonte un peu maintenant ! C’était sur Halo: Combat Evolved, durant l’année 2002. Pas à sa sortie, dois-je le préciser. J’avais découvert Halo grâce à la presse papier, à l’époque, que je suivais beaucoup, et déjà on nous parlait d’un jeu hyper beau, à l’univers envoûtant… C’est le design du Master Chief qui m’avait accroché. À l’époque j’étais ce que certains appellent aujourd’hui un « N-Sex », je ne jurais que par Nintendo haha. En voyant le Master Chief, j’avais vu un espèce de clone américain de Samus Aran et je m’en étais un peu moqué.
Et puis, un jour, je suis tombé sur une émission de Game One et ils jouaient en direct, ils montraient le jeu… La musique m’a rendu complètement fou. Les graphismes, aussi. C’était hyper impressionnant à l’époque. J’ai dû attendre plusieurs mois pour pouvoir y jouer enfin, mais à partir de là, je n’ai plus lâché la série.

Quel est ton jeu Halo préféré ?

On me pose souvent la question et j’ai toujours autant de mal à y répondre. Mais je finis souvent par dire « Halo 3 » . Principalement à cause de son multijoueur, en fait, car la campagne est loin d’être parfaite. Le multi de Halo 3 me fascine encore aujourd’hui, que ce soit par son équilibrage ou le design des maps. Sans même parler de la direction artistique. Aujourd’hui encore, je crois qu’on n’a pas pondu un meilleur shooter multijoueur sur consoles de salon.
Les autres Halo portent les cicatrices de développements très compliqués. Des niveaux longs pour rien sinon carrément inintéressants (Halo: Combat Evolved), des niveaux que l’on devine tronçonnés dans tous les sens par manque de temps (Halo 2)… Halo: Reach est peut-être celui qui a connu le meilleur développement, qui propose le plus de contenus ; il a la meilleure campagne (y a vraiment rien à jeter dedans), le Forge World, un Baptême du Feu hyper riche… Mais il pêche sur certains détails qui pour moi font toute la différence, et qui se concentrent tous sur le même secteur du jeu, son multijoueur. Cartes tirées directement de la campagne, équilibrage à la truelle, power-up qui ont cassé le jeu… Pour autant, j’y ai énormément joué, haha. Mais encore aujourd’hui j’ai du mal à croire que Bungie ait pu sortir un tel multijoueur.

Ta passion pour la franchise a mené au lancement de ton livre « Halo. Le space opéra selon Bungie » il y a quelques jours. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire ce livre ?

C’est une idée que je caressais depuis longtemps déjà. Je compile depuis 10 ans environ des tonnes de données sur la série. Après cinq années passées à bosser chez jeuxvideo.com, j’ai eu la sensation que j’avais acquis suffisamment d’expérience et de compétences pour me lancer dans quelque chose d’aussi énorme. Ce que j’aime le plus dans mon boulot, c’est bosser sur des sujets de fond et produire de gros articles. Ecrire un livre, c’est ça puissance 1000 haha, ça ne pouvait que me plaire. Grâce à jeuxvideo.com, j’ai pu me construire un gros carnet d’adresses, j’ai rencontré énormément de personnes… Bref, j’avais les armes pour me lancer dans l’aventure.
Sauf que voilà, on écrit pas un bouquin comme ça, il me fallait un éditeur. Mais je n’ai jamais osé faire la démarche. J’espérais vaguement qu’un jour, cela me tombe dessus. Et c’est précisément ce qui m’est arrivé.  Pendant la Japan Expo 2017, Mehdi El Khanafi, l’un des patrons de Third Editions, m’a envoyé un message. Il voulait savoir si je couvrais le salon, et si on pouvait se voir à un moment sur leur stand. Donc j’y suis allé, et c’est là qu’il m’a fait la proposition. Je n’ai même pas réfléchi, j’ai accepté tout de suite haha. C’était l’occasion pour moi de réaliser un rêve, je n’allais pas passer à côté. C’était enfin l’occasion rêvée pour moi d’utiliser cette grande base de données que j’avais constitué, et d’en faire profiter tout un tas de gamers.

Comment as-tu procédé pour rassembler toutes les informations, anecdotes et interviews constituant ton livre ? Y a-t’il eu une information ou une interview particulièrement difficile à obtenir ?

Comme je le disais, j’avais déjà une bonne partie des infos qui figurent dans le bouquin. Je suis un mec très consciencieux, haha, j’avais tout classé proprement sur un disque dur externe, que je trimbalais depuis des années. La petite anecdote pas marrante, c’est que presque au début des travaux sur le livre, j’ai perdu l’intégralité du contenu de ce disque dur. Je crois qu’il a pris un vilain coup de jus, il a complètement grillé… J’avais conservé certains trucs sur un vieux compte Dropbox, donc j’ai pu retrouver tout un tas de trucs très anciens, notamment des scans de magazines anglo-saxons datant des années 90 et début des années 2000, qui étaient très précieux. Ensuite, il a fallu fouiller internet pour retrouver ce qui me manquait ; dans le même temps j’ai cherché tout ce qui était sorti entre temps et que je n’avais pas forcément vu. J’ai passé environ 5 ou 6 mois sur cette phase de recherche, soit presque la moitié du temps de travail que m’a demandé le bouquin.

Et puisque tu parles d’interviews, je n’ai pas perdu de temps haha. J’ai commencé à envoyer des mails dès le début du mois d’août 2017. J’ai pu discuter avec pas mal de monde par ce biais. Des personnes comme Martin O’Donnell, Marcus Lehto ou Alexander Seropian, qui apparaissent énormément dans le bouquin. Surtout Marty, qui est sans doute la personne qui m’a le plus aidé sur ce bouquin. Il a été très patient avec moi. C’était assez fou de pouvoir discuter aussi régulièrement avec lui, c’est quelqu’un que j’admire beaucoup, j’étais un peu stressé à chaque fois que je lui envoyais un mail, au début, hahah.

L’interview qui m’a posé le plus de problèmes… Il n’y en a pas vraiment eu. À la limite il y a les interviews que je n’ai pas pu avoir, malgré des demandes répétées haha. Jason Jones, pour ne citer que lui. En commençant à bosser sur ce bouquin, Bungie m’a très vite fait savoir que ça allait être compliqué d’obtenir des interviews de membres du studio puisque le studio n’avait pas le droit de parler de Halo sans le consentement de Microsoft. Du coup j’ai commencé à échanger avec Microsoft à ce sujet. Ce qui a été une bonne chose puisque petit à petit j’ai commencé à me faire connaître chez 343 Industries. Mais on a jamais réussi à régler ce problème, j’ai donc dû passer à autre chose.
À la limite, il y a peut-être l’interview de Marcus Lehto qui a été un peu… compliquée. Parce que je n’avais aucun moyen de le joindre, et donc j’ai fait comme je le fais souvent pour le boulot, j’ai essayé d’attirer son attention sur Twitter. À chaque fois qu’il postait un truc, boom, je répondais, en lui disant qu’il fallait qu’on parle, qu’il devait m’envoyer un DM… J’ai fait ça je sais pas combien de fois avant d’enfin réussir à discuter avec lui. Et même ensuite, j’ai attendu looooongtemps pour obtenir ses réponses. Il était très occupé et malgré de nombreuses relances, il ne me répondait plus. Finalement, alors que j’avais déjà bien avancé sur l’écriture du bouquin, il a enfin répondu à la première série de questions que je lui avais envoyé. Ce qui m’a demandé de revenir en arrière dans mon manuscrit et de réécrire pas mal de choses, pour glisser les informations qu’il m’avait offert. Mais Marcus a vraiment été top, ses réponses étaient passionnantes, enrichies de nombreuses petites anecdotes personnelles. Un très bon client pour une interview. 🙂

Mon seul regret, finalement, c’est de ne pas avoir pu interroger Jaime Griesemer. O’Donnell m’avait prévenu, Griesemer n’aime plus trop les interviews, il préfère bosser tranquillement. Il m’a quand même filé son contact (les deux bossent ensemble dans le même studio, qu’ils ont co-fondé), mais Griesemer ne m’a jamais répondu.

S’il y avait une partie de ton livre que tout fan de la série se devait de lire, quelle serait cette partie ?

Très clairement, la première partie, la partie Création. Celle qui raconte l’histoire de la création de Bungie, les premiers pas du studio, leurs premiers jeux, puis les premiers travaux sur le futur Halo… C’est un énorme récit historique finalement, qui déroule l’histoire du studio jusqu’en 2011, grosso-modo. C’est en 2011 que Bungie dit officiellement au-revoir à Halo. Mais avant ça il a fallu raconter énormément de trucs. Il y a des passages purement biographiques, mais aussi des « à côté » qui me paraissaient importants, nécessaires pour comprendre Halo. Je pense au chapitre sur l’histoire de la conception de la première Xbox, ou celui sur le Xbox Live.

J’ai fait ce livre pour écrire cette partie, en fait. C’est ce qui m’intéressait le plus, Third Editions étaient au courant. Et ils m’ont fait confiance. Parce que je crois qu’aujourd’hui on a plein de moyens hyper bien fichus d’en apprendre plus sur le lore de Halo. À commencer par le wiki de Halo.fr d’ailleurs. En revanche, pour en savoir plus sur la conception des jeux, sur la création de Bungie… c’est beaucoup plus compliqué. Les sources sont éparpillées, se contredisent parfois. Il y a des wikis très bien renseignés (celui de Halo.fr, là encore, m’a surpris : il y a un gros boulot de sourcing, c’est bien), et des wikis qui disent n’importe quoi. Et quant bien même, un wiki, ça reste un ensemble de pages web éparpillées. L’idée avec cette première partie, c’était de proposer une histoire de Bungie, une histoire de Halo à l’époque de Bungie. Dans un monde idéal, je voudrais que ce bouquin devienne la référence sur ce sujet, hahaha. Parce qu’il raconte, sur une logique chronologique, des événements qui se sont déroulés sur plusieurs dizaines d’années (je remonte à l’enfance de Martin O’Donnell, par exemple, ahaha), ce qui permet d’avoir facilement toute l’histoire de Bungie et de Halo ; et parce qu’il réunit une somme folle d’informations, dont pas mal qui sont exclusives.

Avant d’arriver chez jeuxvideo.com, j’étais étudiant en histoire. Pendant mes études, j’ai appris une méthodologie et je crois que je suis plutôt bon pour raconter des événements passés. J’espère avoir rendu tout cela clair et intéressant. 🙂

Pourrait-on t’imaginer publier dans quelques années un nouvel ouvrage revenant sur un autre point de la série comme les « années 343 » ?

Je n’ai rien à annoncer pour le moment. Je peux juste vous dire que très récemment, j’étais de passage sur le campus de Microsoft pour un tout autre sujet, et que 343 Industries m’a invité à passer les voir lorsqu’ils ont su que j’étais de passage. J’ai pas mal discuté avec Frank O’Connor, notamment. C’était… très agréable pour l’égo, honnêtement, haha, je suis reparti de là des étoiles plein les yeux. On verra bien ce que ça donnera.

Lors de l’E3 2018, 343 Industries a annoncé Halo Infinite. Qu’as-tu pensé du trailer et quels sont tes espoirs pour ce prochain opus de la saga ?

À vrai dire, le matin de la conférence, j’ai réussi à obtenir le plan de la conférence, je savais donc que Halo Infinite serait montré et que ce serait principalement une démo technique. En revanche je ne m’attendais pas à cette petite… révision de la direction artistique, haha. J’ai adoré voir cette nouvelle armure du Master Chief, cette relecture de la Mjolnir Mark VI. La vraie, j’entends, donc celle de Halo 2 et Halo 3 haha, pas la version de Halo 4 modifiée par la magie de Cortana. Les conversations que j’ai pu avoir par la suite m’ont plutôt rassuré. Je peux pas vous dire grand chose là encore, mais sans dire que je suis optimiste (il est encore trop tôt pour ça), je suis très curieux et j’ai hâte d’en savoir plus.

Tu es souvent présenté comme le spécialiste de Xbox chez Jeuxvidéo.com. Qu’as-tu pensé de l’année 2018 passée par la marque et quelles sont tes attentes pour 2019 et au-delà ?

2018 a été particulièrement intéressante à suivre, côté Xbox. Je sais que pour les joueurs, en termes de sorties, ça a été plutôt pauvre, mais de l’autre côté de la barrière je me suis amusé comme un fou. J’ai passé des heures pendu à mon téléphone pour discuter avec certains de mes contacts, pour en savoir plus notamment sur les achats de nouveaux studios. 2017 et 2018 ont été deux années de transition pour Xbox, il a fallu reconstruire à zéro pas mal de choses. Et je pense que 2019 devrait montrer les premiers résultats. J’espère que Xbox saura gérer correctement ces nouveaux studios pour leur permettre d’accoucher de jeux de qualité. La Xbox en a besoin. Et les joueurs… eh bien les joueurs veulent toujours plus de bons jeux haha, on y sera tous gagnants.

Je commence à ramasser des infos pour 2019 et je sais d’ores et déjà qu’elle sera vraiment cool. L’E3 promet du lourd. C’est un peu flou mais je préfère m’en tenir à cette réponse haha !

Merci pour tes réponses Epyon ! Pour terminer, as-tu quelques mots pour la communauté Halo francophone ?

Eh bien, si jamais vous lisiez mon bouquin, n’hésitez pas à me faire vos retours. Via Twitter (@Epyonzilla) ou sur mon mail pro, [email protected]. Je bosse sur le web, j’ai l’habitude que mes articles soient constamment critiqués (en bien, ou en mal) par celles et ceux qui les lisent. Là avec un bouquin… c’est différent, il n’y a pas d’espace commentaire, ni de forum. Donc n’hésitez pas à m’envoyer vos remarques ! J’espère que vous passerez un bon moment en le lisant.


Halo.fr remercie une fois de plus Epyon pour sa disponibilité, et vous rappelle que son livre « Halo. Le space opéra selon Bungie » est d’ores et déjà disponible sur le site de Third Editions.

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Banta

Très sympa cette interview 😀
Merci Epyon et merci Alco, en tous cas ça fait un jolie cadeau de Noël pour tout fan de Halo ^^

Aug45

Oui merci beaucoup pour l’interview 🙂