Les archives de la bibliothécaire #2 – Serin Osman

Bonjour à tous et à toutes, et soyez les bienvenus pour cette deuxième chronique des archives de la Bibliothécaire. Nous parlerons ici de personnages, et plus précisément de l’une des têtes pensantes de l’UNSC, et personnage principal de la trilogie Kilo-Five de Karen Traviss : Serin Osman.

(Cette chronique contient de nombreux spoils sur l’univers étendu de la saga Halo.)

L’amiral Osman

Serin Osman, de son nom de naissance Serin Çelik, est de loin l’un des personnages les plus puissants de l’univers de Halo. Opérant dans l’ombre de l’ONI (Office of Naval Intelligence) et siégeant au conseil de l’amirauté, elle a main basse sur la majorité des effectifs de l’UNSC.

C’est aussi l’un des personnages ayant connu la plus grande évolution en terme de carrière, ce qui lui offre un point de vue unique des événements…

Serin Çelik est née aux alentours de 2511 à St Malo, sur la colonie humaine de Cascade. Elle fut sélectionnée et enlevée en 2517 afin de devenir membre du programme SPARTAN-II. Elle suivit donc un entraînement rigoureux en compagnie des autres recrues sous le matricule Serin-019 jusqu’à ses 14 ans. Cependant, elle ne fut pas capable de supporter les modifications, qui la laissèrent dans un état critique.

Quelques temps plus tard, la directrice de l’ONI, Margaret Parangosky, décida de la prendre sous son aile dans l’optique de faire d’elle son héritière en tant que directrice des renseignements. L’ancienne Spartane grimpa donc les échelons jusqu’à atteindre le rang de CICONI (Commander In Chief of the Office of Naval Intelligence).

Osman est souvent présentée comme particulièrement grande, mesurant environ 1m90, et très intimidante. Elle est de type méditerranéen, a les cheveux et les yeux noirs. Pour le reste, elle n’a pas vraiment de traits particuliers, si ce n’est les cicatrices laissées par les augmentations du programme SPARTAN-II.

Elle fait preuve d’une attitude très militaire, mais aussi d’un sens aigu des responsabilités et de la politique. Elle est la plupart du temps amicale avec ses hommes, mais sait se montrer particulièrement sévère si besoin est.

Son passage au sein du programme SPARTAN-II lui a généré une haine farouche envers le Dr Catherine Halsey. Cette haine a tendance à déteindre sur sa personnalité, comme sa familiarité avec les membres de son équipage, ou son refus des opérations chirurgicales risquant de lui rappeler ses augmentations.

Amiral Serin Osman

Serin Çelik est donc née sur la colonie Cascade d’un père inconnu et d’une mère prostituée et toxicomane d’origine turque. Elle était souvent délaissée par sa mère, ce qui fit l’objet de plusieurs appels aux services de protection de l’enfance. Cependant, aucune mesure ne fut mise en place, et Serin se vit livrée à elle-même pendant la majeure partie de son enfance, la seule personne lui prêtant attention étant Alkmini Leandro, sa professeure.

Elle fut, en 2517, enlevée pour faire partie de programme SPARTAN-II, dirigé par le Dr Catherine Halsey. Elle fut d’ailleurs la seule recrue à ne pas être remplacée par un clone. Elle fut retirée du programme à l’âge de 14 ans, après avoir rejeté une partie des augmentations biochimiques précédant la phase d’augmentation osseuse. Après cet incident, le Dr Halsey dit aux Spartans survivants qu’elle était morte, alors même qu’elle était renvoyée sur Terre dans un état critique.

Cependant, malgré les chances très maigres, Serin se remit de ses blessures. Ses capacités hors normes faisant d’elle un grand atout, elle fut recrutée dans l’ONI par l’Amiral Margaret Parangosky. Elle devint sa protégée, et prochaine en lice pour le titre de chef des services de renseignements.

Symbole de l’ONI

Serin, sous le nouveau nom de Osman, intégra donc les rangs de l’ONI et participa à de nombreuses missions pour le compte de l’organisation, toujours sous la tutelle de l’Amiral. Cependant, la majeure partie de la vie d’Osman en tant que membre des services de renseignement reste inconnue. Nous savons qu’elle a effectué une mission en compagnie de Mike Spenser lorsqu’elle avait 16 ans.

Début 2553, alors Capitaine, Osman mit en place un accord avec le leader d’une faction élite opposée à l’Arbiter, Avu Med ‘Telcam. La rencontre se fit sur la colonie détruite de New Llanelli en compagnie de l’expert en Sangheili Evan Phillips. Le plan était d’armer et d’aider les rebelles afin que ces derniers déclenchent une guerre civile à l’encontre du clan Vadam. L’objectif étant d’affaiblir, voire de détruire le peuple Sangheili : un ennemi potentiel.

Le 26 janvier de cette même année, elle fut placée à la tête de l’escouade Kilo-Five à bord du vaisseau furtif l’UNSC Port Stanley. Parmi les membres de son équipe étaient trois ODST, le professeur Phillips, l’IA Black Box et la Spartane Naomi-010. Elle tint à révéler à l’équipage son passé de Spartane, estimant qu’il lui fallait être honnête avec ses hommes.

Lors d’un nouveau transit vers New Llanelli, elle décida de faire passer sa mission avant le sauvetage de l’UNSC Adriane, un vaisseau de patrouille ayant rencontré une anomalie moteur potentiellement dangereuse. Osman nota les coordonnées du vaisseau afin de le secourir sur le chemin du retour. Cependant, lorsque le Stanley eut rejoint l’Adriane, ainsi que l’UNSC Monte Cassino afin de transborder des passagers, l’Adriane se fit abattre par un tir venant de la colonie voisine Venezia. Le Capitaine se promit de revenir sur la colonie afin de punir les coupables.

Plus tard, Osman et son équipage se dirigèrent vers la position du monde bouclier d’Onyx, qui venait de sortir du sous espace. Avec d’autres membres de son équipe, Osman alla à la surface de la sphère de Dyson afin d’exfiltrer le groupe qui s’était auparavant trouvé coincé en ce lieu. Parmi eux, plusieurs Spartans ainsi que l’Adjudant-chef Mendez et le Dr Catherine Halsey, qui fut mise aux arrêts par le Capitaine.

Lorsque ‘Telcam décida d’attaquer le clan Vadam, Osman se chargea, en compagnie d’autres vaisseaux de l’UNSC, dont l’UNSC Infinity, de protéger l’Arbiter. Se faisant passer pour un croiseur Kig-Yar, le Stanley détruisit trois croiseurs loyalistes au moyen de missiles nucléaires.

Après les opérations sur Sanghelios, Kilo-Five engagea une mission d’infiltration sur Venezia afin de débusquer les rebelles présents sur la planète. Naomi et Vasily Beloi, un des ODST de l’équipe, se firent passer pour des déserteurs. Mais une fois à la surface, Naomi reconnu son père, désormais terroriste fiché. Ce dernier était en compagnie de Sav Fel, détenteur du croiseur Covenant Pious Inquisitor, réputé pour être l’un des vaisseaux les plus rapides de la flotte.

Un croiseur covenant de classe CCS similaire au Pious Inquisitor

Consciente que les liens de Naomi avec un suspect pourraient mettre en danger la mission, Osman retira la Spartane de l’opération. Elle fut remplacée par le sergent Malcolm Geffen, un autre ODST.

Le 5 avril, Osman fut promue au rang de contre-amiral, la menant un pas plus près du poste de CINCONI.

Une semaine plus tard, les deux ODST envoyés en mission d’infiltration cessèrent tout contact, et après enquête, il fut révélé qu’ils avaient été capturés par la milice Vénézienne. Une mission de secours fut immédiatement mise en place, impliquant Lian Deveraux, pilote ODST, ainsi que Naomi. L’opération fut un succès, et l’équipe parvint même à capturer Staffan Sentzke, le père de Naomi et membre des terroristes Vénéziens. Une fois à bord du Stanley, Osman et Naomi furent capables de convaincre Sentzke de stopper sa vendetta contre l’UNSC et de leur révéler la position du Pious Inquisitor.

Cependant, une fois que l’équipe eut rejoint la position de l’Inquisitor, un équipage de pirates Kig-Yar fut détecté. Il était dirigé par la maîtresse de vaisseau Chol Von, qui tentait de prendre le vaisseau pour eux-mêmes. Une équipe composée des deux ODST, Vasily et Malcolm, ainsi que de Naomi et son père, fut envoyée afin d’aborder le navire de guerre, avec l’aide de l’Huragok attitré. Pendant que l’équipe progressait, Osman resta à bord du Stanley, afin de fournir des informations à ses hommes et pour engager des pourparlers avec les pirates. Mais alors que l’équipe d’infiltration tentait de prendre contrôle de la passerelle, le mécanisme d’autodestruction fut enclenché. Même si tous les hommes de Kilo-five purent s’échapper à temps, ils perdirent la trace de Sentzke, et le crurent mort.

Une fois la crise du Pious Inquisitor terminée, et la menace Vénézienne neutralisée, Osman fit son rapport à Parangosky, déclarant la mort de Staffan Sentzke et discutant du futur du Dr Halsey ainsi que du sien. Après cela, et pour la première fois, Osman décida de lire son dossier en compagnie de Black Box, l’IA de bord, apprenant ainsi son passé et ses origines. Elle fit ensuite un voyage vers Cascade afin de rencontrer Alkmini Leandro, son ancienne professeure.

L’IA Black Box

La date précise de l’accession d’Osman au poste de CINCONI est inconnue, cependant, on sait qu’en  Mars 2555, elle occupait déjà ce poste. Elle était donc l’un des amiraux en charge de régler la crise de l’installation 00, la source d’un compte à rebours pour l’activation des Halo. L’opération FAR STORM fut une mission conjointe entre l’UNSC et les forces Sangheilies, une décision réprouvée par Osman, mais qui fut quand même acceptée par l’Amiral Terrence Hood.

Plus tard, le 25 juillet 2557, elle fit partie du conseil de sécurité chargé de débriefer le Master Chief après l’incident de New Phoenix. Il fut décidé de taire la réelle cause de l’attaque, de peur d’effrayer les foules. Puis, lors de la fin de la campagne de Requiem, le Capitaine Thomas Lasky la contacta pour l’informer du kidnapping suspect du Dr Halsey. L’Amiral fit le choix d’ordonner l’exécution du Docteur.

Elle eut de nombreuses apparitions en tant que CINCONI au cours des années qui suivirent. Elle fut par exemple membre du conseil chargé de débriefer le Capitaine Lasky et le Commandant Palmer. Elle organisa également une mission sur la planète Ven III afin de déloger un groupe de pirates Kig-Yar. Enfin, elle mit en place l’opération ATHENA, visant à parvenir jusqu’à l’Absolute Record.

Serin Osman

Un point de vue unique.

Serin Osman est un personnage unique sur bon nombre de points. Son influence  au sein de l’UNSC, une des plus grandes factions de l’univers, en fait un allié précieux ou un adversaire redoutable. Elle a en effet prouvé à plusieurs reprise qu’elle était parfaitement capable de trahir, manipuler et assassiner Elle s’avère aussi être un leader redoutable.

Et quand bien même un personnage d’une telle importance au sein de l’UNSC devrait en toute logique être sur le devant de la scène, force est de constater qu’Osman n’est que très peu présente, et reste au final très mystérieuse. Plus d’une moitié de sa vie est inconnue, et quand bien même elle est un personnage central dans la trilogie Kilo-five de Karen Traviss, très peu de choses sont révélées à son sujet.

Là est une caractéristique majeure de ce personnage : elle évolue dans l’ombre. Tout au long de sa carrière, Osman est restée plus ou moins cachée. Même auparavant. En effet, étant enfant, presque personne ne lui prêtait attention. Elle vivait par ses propres moyens, évoluant sans que personne ou presque ne la remarque. Plus tard, elle fut recrutée dans le programme SPARTAN-II, un programme secret, au sein duquel on la modela afin qu’elle devienne un soldat capable d’opérer seul, dans l’ombre.

Après cela, elle devint agent de l’ONI : manigancer dans l’ombre était alors son quotidien. Et même si elle était la protégée de Parangosky, elle parvint à passer sous le radar pour la majorité de sa carrière dans le renseignement. Une fois arrivée en haut, ses méthodes restèrent sensiblement les même, discrètes, de rares apparitions, mais un contrôle de fer sur le reste de l’ONI et de l’UNSC.

 

Or, autre élément distinctif, Osman faisait partie du programme SPARTAN-II. Contrairement aux autres leaders de l’UNSC, Terrence Hood par exemple, elle n’a pas eu une carrière ou une enfance normale. Tout dans sa vie, depuis l’âge de six ans, la destinait à devenir quelqu’un de puissant. Là ou un enfant normal grandira et se développera en fonction de ses expériences, de sa famille et de son entourage, les Spartans furent modelés. Ils n’ont pas grandi, on les a fait grandir. Tous les candidats du programme souffrent de ce manque de développement personnel, ils sont ce qu’on a voulu faire d’eux, et font ce qu’on leur dit de faire.

Et même si Osman a échappé à 14 ans à l’emprise d’Halsey et des instigateurs du programme, il est évident qu’elle ne s’est pas sortie de l’emprise que l’armée avait sur son futur. Après avoir été expulsée du programme, Osman a été immédiatement prise sous l’aile de Parangosky, qui a exercé sur elle une emprise non négligeable, et comparable à celle de Halsey. Tout dans les façons de faire d’Osman rappelle les méthodes de l’ancienne CINCONI, qui s’est assuré que sa succession serait à la hauteur de ses attentes.

La relation entre les deux femmes apparaît d’ailleurs complexe, à la fois affectueuse, mais aussi brutale sous la relation de maître-apprenti. Parangosky pousse en effet  son « élève » dans des situations dangereuses et risquées. Un apprentissage qui a porté ses fruits, au vu de l’attitude froide et manipulatrice d’Osman lors de ses apparitions dans le Spartan Ops et dans la série de comics Halo Escalation.

Cette attitude, et le rôle qu’elle endosse, sont aussi dignes d’intérêt. Car si Osman apparaît comme un personnage central dans la trilogie Kilo-five, son rôle est bien plus antagonique lors de ses autres apparitions. Elle joue souvent un personnage aux traits manipulateurs, intéressée par la politique et le côté pragmatique des choses et n’hésitant pas à sacrifier un « héros ».

Or, il n’y a jamais de véritables héros, tout étant une question de points de vue. Simplifier une situation aux enjeux politiques et militaires catastrophiques, en un face à face entre un héros plein de vertus et un méchant politicien serait idéaliste.

Osman détient d’énormes pouvoirs, et par conséquent d’énormes responsabilités. Son rôle en tant qu’Amiral de l’ONI est de faire le sale boulot, de s’occuper discrètement de tous les squelettes à mettre dans le placard de l’UNSC, une tâche ingrate et peu morale, mais essentielle au fonctionnement d’une organisation comme l’UNSC.

Car oui, il est plus d’une fois noté que le fonctionnement des colonies et de la politique des dirigeants de l’alliance humaine dans Halo laisse à désirer. Entre les nombreux cas de guerres civiles et de rébellions, et toutes les actions entreprises par l’ONI, du programme SPARTAN aux opérations de kilo-five, on se doute que l’UNSC n’est pas un état très honnête avec ses citoyens. Or, pour maintenir un état pareil à flot, il faut des services comme l’ONI, et des Amiraux comme Osman, capables de maintenir l’ordre, souvent au prix de la liberté.

Cependant, il peut parfois apparaître que de telles méthodes soient bénéfiques : la fin justifierait donc les moyens. Est-ce vraiment le cas, c’est une question de points de vue, mais pour Osman, les actions de l’ONI sont nécessaires, et donc justifiées.

Osman est donc un personnage bien plus pragmatique et nuancé que la majeure partie des autres personnages présents dans l’univers de Halo. Elle n’hésite pas à se salir les mains, et la conscience, pour ce qu’elle estime nécessaire, quitte à incarner la figure détestée du militaire politicien prêt à sacrifier des vies pour son intérêt.

Serin Osman est un personnage qui pourrait sembler classique, et qui l’aurait très certainement été sans le développement riche apporté par Karen Traviss dans la trilogie Kilo-Five. Ce n’est pas la première fois que l’auteure britannique joue avec les notions de bien et de mal.

Ainsi, le personnage au premier abord bureaucratique et manipulateur qu’est Osman est-il mauvais ? Ou fait-elle simplement son travail, une tâche essentielle pour le fonctionnement de l’UNSC ? Un peu des deux peut-être.

Ce qui est sûr, c’est que le personnage d’Osman nous offre une vue sans précédents du côté sombre de Halo. Pas de grands soldats affrontant des aliens pour sauver l’humanité, ici, les circonstances sont ancrés dans une réalité bien d’actualité. Le personnage d’Osman et la trilogie kilo-five attirent principalement l’attention sur une phase cachée de la guerre Humain-Covenant, en s’attardant sur la politique, l’espionnage et les conséquences des actions entreprises. Ils élargissent l’univers de la série en introduisant de nouveaux enjeux, de nouveaux personnages, de nouveaux lieux, et révisent l’univers déjà existant, mais cette fois ci avec un pragmatisme tout militaire.

Enfin, Osman permet au spectateur, au travers de son regard sur l’univers de Halo, de se rendre compte que la guerre ne se déroule pas que sur les champs de bataille, et que le grand Master Chief n’est pas en position de tout résoudre. La figure apparemment toute puissante de certains personnages est donc remise en doute au vu de son approche naïve ou simpliste de la guerre. Guerre qui ne s’est jamais terminée et qui ne se terminera probablement pas avant qu’un des deux camps soit anéanti.

La part de l’univers de Halo montrée dans les jeux, et même dans une grande partie des romans, est limitée par le point de vue de leurs protagonistes, et se réduit bien souvent à une vision subjective et unilatérale d’un tout bien plus vaste. Les limitations de ce que l’on peut appeler un héros, ainsi que le souci de rester fidèle au contenu et style original de Halo, sont probablement la cause de ce manque de diversité, qui n’est pas mauvais, mais qui réduit le nombre de points de vue et donc d’interprétations possibles. Cependant, avec la promesse de 343 industries de diversifier et nuancer l’univers, on peut espérer voir arriver de nouveaux médias portant sur de nouvelles tranches du monde de Halo.

Et vous, connaissiez-vous l’Amiral Osman. Si oui, quelle avait été votre interprétation de ce personnage sur le moment ? Et maintenant ?